Philippe Farine
1917 - 2006
Né le 1er mai 1917 à Marseille (Bouches-du-Rhône)
Député des Basses-Alpes de 1946 à 1951
D'origine marseillaise, Philippe Farine, après des études de droit devient avocat dans sa ville natale. Dans sa jeunesse, il milite au sein des mouvements de jeunesse catholique et y exerce même des fonctions de direction. Aux élections du 21 octobre 1945 pour la première Assemblée nationale constituante, il figure en cinquième position sur la liste présentée par le MRP dans la première circonscription des Bouches-du-Rhône. Il subit un nouvel échec dans la même circonscription aux élections du 2 juin 1946 pour la seconde Assemblée nationale constituante.
Lors des élections législatives du 10 novembre 1946, il conduit la liste présentée par le MRP dans les Basses-Alpes. Quatre listes s'affrontent dans ce département orienté à gauche. Outre la liste de Philippe Farine, il s'agit de celles, communiste et socialiste, des deux députés sortants, Pierre-Louis Girardot et Camille Reymond et d'une liste socialiste dissidente composée de deux femmes. Les électeurs donnent cette fois la préférence aux démocrates chrétiens sur les socialistes et Philippe Farine l'emporte avec 13 277 voix contre 12 928 à la liste SFIO tandis que le député communiste est réélu avec 13 945 suffrages. L'échec du sortant socialiste est clairement imputable à la liste dissidente dont 527 suffrages auraient permis à Camille Reymond de retrouver son siège s'ils s'étaient ajoutés à son capital de voix.
Le nouveau député siège pendant toute la législature à la Commission de l'éducation nationale et, de manière plus limitée, à la Commission du ravitaillement (1948-1949), à celle de la production industrielle (1950), à celle de la réforme administrative (1948-1949), et enfin à celle des immunités parlementaires (1949-1950). Il est en outre nommé juge à la Haute cour de justice le 11 mars 1947 et appelé à figurer sur la liste des jurés de cette juridiction. Pendant la durée de son mandat, Philippe Farine rédige treize rapports dont les principaux portent sur le sport et l'éducation physique ou sur des questions d'ordre culturel. Le député des Basses-Alpes dépose également deux propositions de résolution : l'une, le 9 mars 1949, en faveur du rétablissement du bénéfice du billet collectif à 50 % pour les organisations de jeunesse et de plein air ; l'autre, le 24 juin 1950, pour inviter le Gouvernement à mettre à la disposition de la Caisse nationale de Crédit agricole une somme de un milliard de francs destinée au financement de prêts à moyen terme et à intérêts réduits en faveur des cultivateurs victimes du gel. Comme membre de la Commission des immunités parlementaires, il est le rapporteur des demandes de poursuites contre Florimond Bonte et Pierre de Chevigné. Ses principales interventions en séance portent sur le budget de la jeunesse et des sports qui l'intéresse tout particulièrement en raison de ses responsabilités anciennes dans un mouvement de jeunesse catholique. A plusieurs reprises, Philippe Farine attire l'attention du Gouvernement sur la nécessaire neutralité de celui-ci dans la politique d'attribution des subventions aux divers mouvements, quelle que soit leur orientation idéologique. Il critique aussi certains gaspillages en matière de fonctionnement et d'attribution qui détournent les fonds vers la bureaucratie aux dépens des véritables acteurs de terrain. Lors de la séance du 22 juin 1950, au terme d'un historique des mouvements de jeunesse en France, il affirme sa conviction dans leur rôle irremplaçable et met en garde l'administration contre la tentation d'exercer une tutelle pesante. Il s'inquiète pour finir de la volonté excessive de regroupement, notamment des auberges de jeunesse et rend hommage à la politique libérale initiée par Léo Lagrange en 1937. Il conclut par une profession de foi générale sur l'avenir : « Nous considérons la jeunesse comme le capital humain, comme le capital le plus riche de notre pays. C'est pourquoi nous demandons à l'Assemblée de ne pas hésiter à consentir les efforts nécessaires et à vous, monsieur le ministre, d'être véritablement le ministre au service de toute la jeunesse de France, en respectant la diversité spirituelle de cette jeunesse parce que, ainsi, vous respecterez l'âme de notre pays qui est une âme diverse ».
Lors des élections du 17 juin 1951, un accord d'apparentement unit les listes de la SFIO, du Rassemblement des Gauches Républicaines et du MRP Ces trois listes ayant recueilli la majorité des suffrages, elles se répartissent les deux sièges à pourvoir au détriment du sortant communiste, arrivé en tête du scrutin avec 31 % des voix. Avec 27,8 % des suffrages exprimés, le parti socialiste fait élire Marcel-Edmond Naegelen et, malheureusement pour Philippe Farine, son allié du Rassemblement des gauches républicaines, Marcel Massot obtient 7 352 voix alors que le sortant démocrate chrétien n'en recueille que 6 330, soit deux fois mois qu'en 1946. Le second siège revient donc au candidat radical, conseiller général et ancien député de la IIIe République.
Aux élections du 2 janvier 1956, Philippe Farine tente de prendre sa revanche sur le précédent scrutin. Aucun accord d'apparentement n'a cette fois été conclu et la multiplication des petites listes, dissidentes de gauche, poujadistes ou de défense d'intérêts divers, complique la tâche des grands partis. Le candidat communiste, évincé en 1951, retrouve son siège malgré un léger effritement de son capital électoral ; le parti socialiste progresse nettement avec 36,3 % des voix qui assurent la réélection de son député sortant et Philippe Farine subit un nouvel échec malgré un élargissement de son influence (19,6% des voix contre 14,5 % aux élections de 1951).