Joseph, Alexandre de Gasté
1811 - 1893
Député de 1876 à 1881, né à Alençon (Orne) le 30 août 1811, fils de Joseph-Maurice-Thérèse de Gasté et de Céleste-Anne Dumesnil de Saint-Denis, il entra à l'Ecole polytechnique et fut ingénieur de première classe de la marine successivement à Brest, à Cherbourg et à Toulon. Sous Louis-Philippe, il intenta un procès devant le conseil d Etat à l'administration qui avait violé à son détriment les règles de l'avancement.
Conseiller général de la Manche pour le canton de Cherbourg, M. de Gasté se présenta comme candidat à l'Assemblée législative, le 21 septembre 1851, à l'élection partielle motivée, dans le Finistère, par la démission de l'amiral Romain-Desfossés, mais il n'obtint que 7,897 voix contre 23,919 à l'élu légitimiste, M. de Kersauson-Pennendreff.
Après le coup d'Etat de décembre, il se présenta de nouveau, le 29 février 1852, comme candidat d'opposition au Corps législatif, dans la 2e circonscription du Finistère, mais il ne réunit que 4,970 voix contre 9,883 au candidat officiel élu, M. Conseil. Quelques mois après, il réussit à se faire nommer conseiller général à Brest, malgré l'hostilité de l'administration qui l'envoya alors en disgrâce à Rochefort. A peine arrivé dans cette ville, il y fut élu membre du conseil municipal; il fut mis alors en retrait d'emploi et, résolu de se faire inscrire au barreau de Paris, n'y parvint qu'après un procès soutenu devant la cour contre le conseil de l'ordre des avocats de Paris. En 1864, les électeurs du canton de Cherhourg le rappelèrent au conseil général de la Manche. Le 1er janvier 1865, la 4e circonscription du Finistère étant appelée à remplacer M. Bois de Mouzilly, décédé, M. de Gasté se porta encore comme candidat d'opposition, et echoua avec 2,148 voix contre 21,787 au candidat officiel, élu, M. Bois-Viel. Il fut mis à la retraite, comme ingénieur de la marine, le 25 mars suivant. Les élections générales du 24 mai 1869 ne lui furent pas plus favorables; dans la 3e circonscription du même département, il obtint 5,015 voix contre 8,136 au candidat officiel, élu, M. Monjaret de Kerjégu, et 5,817 à. M. Goury de Roslan.
Pendant la guerre de 1870-1871, il fut membre du comité de défense de la Manche. Aux élections générales du 20 février 1876, il se présenta à la fois à Cherbourg, où il échoua avec 563 voix, et dans la 1re circonscription de Brest, oit il fut élu, au second tour (5 mars), par 4,904 voix sur 10,179 votants et 21,033 inscrits, contre 3,464 voix à M. Tissier et 1,821 à M. Gérodias. Républicain et catholique, M. de Gasté siégea au centre gauche, vota pour l'augmentation du traitement des desservants de paroisses, déposa un projet de loi sur l'incompatibilité des mandats de député et de conseiller général, qui fut repoussé (il avait préalablement donné sa démission de conseiller général de Cherbourg), parla contre la réduction du service à trois ans, contre le droit pour les colonies d'élire des députés, et fut des 363.
Réélu, après la dissolution de la Chambre, le 14 octobre 1877, par 6,194 voix sur 11,513 votants et 20,421 inscrits, contre 3,564 voix à M. Tissier et 1,740 à M. Lemonnier, il vota pour l'enquête sur les actes du cabinet du 16 mai, déposa, et fit voter le projet de loi accordant la liberté d'ouvrir des débits de boissons, demanda la révision républicaine de la constitution, la suppression des sous-préfectures, l'égalité politique des deux sexes, s'éleva contre le vote des députés absents, défendit le budget des cultes, etc.
Aux élections du 21 août 1881, M. de Gasté échoua dans sa circonscription, avec 2,867 voix contre 5,055 à M. Camescasse, élu, et 1,654 à M. Chiron. M. de Gasté s'était signalé à la Chambre par la variété parfois singulière de ses fréquentes motions ; dans son arrondissement, son obligeance à rendre service et sa générosité lui ont acquis une grande popularité parmi les ouvriers de l'arsenal. Chevalier de la Légion d'honneur du 5 décembre 1838.
Né le 30 août 1811 à Alençon (Orne), mort le 2 septembre 1893 à Paris.
Député du Finistère de 1876 à 1881 et de 1889 à 1893.
(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. III, p. 127.)
Il retrouva son siège au deuxième tour des élections législatives des 22 septembre et 6 octobre 1889, dans la 1re circonscription de Brest, par 6.891 voix contre 3.965 à M. Gestin sur 10.900 votants. Au premier tour il avait obtenu 5.308 voix contre 4.041 à M. Gestin sur 11.492 votants.
Son programme électoral faisait une place particulière à l'augmentation des pouvoirs du Président de la République, à la suppression des deux tiers des parlementaires, à l'égalité civile et politique de l'homme et de la femme, à la réduction de l'impôt, à la liberté religieuse et à la simplification administrative.
A deux reprises, les 13 et 14 janvier 1891, il fut appelé à présider les séances en qualité de président d'âge.
Membre de la commission relative à la réglementation du travail, il fut l'auteur de nombreux rapports et propositions parmi lesquels : deux propositions de résolution tendant à la révision des lois constitutionnelles (1890 et 1891) ; un projet de résolution tendant à modifier l'article 98 du règlement de la Chambre (1893) ; diverses propositions de loi relatives tant aux pensions civiles qu'à l'ouverture du droit à pension des ouvriers et employés des arsenaux; un rapport sur le sort à réserver aux propositions d'initiative parlementaire (1893).
Il prit part, notamment, aux discussions relatives au budget de l'exercice 1892, à propos duquel il déposa deux amendements portant, l'un sur les crédits affectés aux pensions civiles et l'autre sur le personnel enseignant de l'Ecole de la marine de Brest.
Personnage pittoresque, excitant la verve des journalistes par ses habitudes vestimentaires et son attitude en séance, Joseph de Gasté mourut en cours de mandat, à l'âge de 82 ans, le 2 septembre 1893, à Paris.