Pierre Lareppe

1897 - 1972

Informations générales
  • Né le 10 octobre 1897 à Vireux-molhain (Ardennes - France)
  • Décédé le 10 décembre 1972 à NOUZONVILLE (Ardennes - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XVIe législature
Mandat
Du 3 mai 1936 au 21 janvier 1940 *
Département
Ardennes
Groupe
Communiste
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Ardennes
Groupe
Communiste
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Ardennes
Groupe
Communiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Ardennes
Groupe
Communiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Ardennes
Groupe
Communiste

* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936

Biographies

Né le 10 octobre 1897 à Vireux-Molhain (Ardennes).

Député des Ardennes de 1936 à 1940.

Dès l'âge de 15 ans, Pierre Lareppe travaille en usine, où il apprend le métier de mouleur.

Venu s'employer aux usines Renault, à Billancourt, il s'inscrit au parti communiste en 1922.

Ayant regagné les Ardennes en 1924, il se présente aux élections législatives de 1928, mais n'obtient que 1.094 des 11.782 suffrages exprimés.

Après avoir vécu quelque temps à Reims, où il dirige un journal, l'Exploité, il revient encore une fois dans ses Ardennes natales, et, en 1933, devient secrétaire de la section ardennaise de son parti.

Aux élections municipales du mois de mai 1935, il prend la tête de la liste communiste à Nouzonville. Celle-ci ayant été élue en entier, il devient maire de la ville. L'élection fut du reste annulée, mais le nouveau scrutin, organisé le 15 décembre, ne fit qu'en confirmer les résultats.

Aux élections générales de 1936, il posa sa candidature dans la 2e circonscription de Mézières, et battit au second tour le candidat radical-socialiste par 7.106 voix contre 6.908.

A la Chambre, il appartint aux commissions des douanes, de l'armée, de l'Alsace et de la Lorraine. Il intervint dans des discussions budgétaires, et sur le projet de loi relatif à l'organisation de la Nation en temps de guerre.

Il compta au nombre des députés communistes que la loi du 20 janvier 1940 déclara déchus de leur mandat, pour avoir appartenu « aux organisations dissoutes par le décret du 26 septembre 1939 ».




Né le 10 octobre 1897 à Vireux-Molhain (Ardennes)
Décédé le 10 décembre 1972 à Nouzonville (Ardennes)

Député des Ardennes de 1936 à 1940
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Ardennes)
Député des Ardennes de 1946 à 1951 et de 1956 à 1958

(Voir première partie de la biographie dans le Dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, Tome VI, p. 2130)

Arrêté le 8 octobre 1939, Pierre Lareppe est déchu de son mandat le 21 janvier 1940 ; deux mois plus tard, il est déféré avec vingt-six autres députés communistes devant le 3e conseil de guerre de Paris, et condamné à cinq ans de prison. Pierre Lareppe est successivement interné à Angers, à Tours, à Tarbes, au Puy puis à Alger ; remis en liberté le 5 février 1943, il reprend aussitôt ses activités politiques, s'attelant à l'organisation de la propagande communiste en Algérie.

De retour en France en septembre 1944, Pierre Lareppe s'emploie à retrouver les mandats électoraux dont il fut dépossédé près de cinq ans plus tôt. Après avoir reconquis, au printemps 1945, la mairie de Nouzonville, il prend la tête de la liste communiste dans les Ardennes aux élections du 21 octobre 1945 pour la première Assemblée constituante ; avec 37 863 voix sur 119 205 suffrages exprimés, la liste emporte deux des quatre sièges à pourvoir.

Pierre Lareppe est nommé membre de la commission des affaires économiques, des douanes et des affaires commerciales et de la commission de la reconstruction et des dommages de guerre. Il intervient à plusieurs reprises au cours de la discussion du projet de loi portant fixation du budget général de l'exercice 1946. Pierre Lareppe propose notamment un amendement tendant à soumettre à condition l'exemption temporaire de la taxe foncière accordée à certains propriétaires : seuls seraient bénéficiaires de la mesure les contribuables capables d'apporter la preuve qu'ils n'ont « jamais bénéficié en aucune sorte de faveur du régime de Vichy ». L'amendement est promptement retiré, mais Pierre Lareppe saisit l'occasion pour attirer l'attention de ses collègues sur la situation, « plus tragique que partout ailleurs », des départements frontaliers, et en particulier des Ardennes. Au cours de la même discussion, Pierre Lareppe, de nouveau sous le prétexte d'un amendement qu'il propose pour le retirer presque aussitôt, dénonce le comportement de certains chefs d'entreprise, qu'il accuse de « détourner de leur destination le charbon qui leur est attribué pour la marche de l'entreprise en le troquant contre des pommes de terre destinées à ahmenter le marché noir dans un département voisin ». Pierre Lareppe intervient une dernière fois au cours de la discussion pour réclamer qu'une indemnité soit accordée aux cultivateurs de l'Est, et particulièrement des Ardennes, « afin de compenser la spoliation de leur cheptel et de leurs machines et outillages agricoles, enlevés par les Allemands ».

Avec ses collègues du groupe communiste, Pierre Lareppe vote les nationalisations et approuve, le 19 avril 1946, le projet de Constitution de la IVe République ; le texte est cependant rejeté par le référendum du 5 mai 1946, ce qui rend nécessaire la convocation d'une nouvelle Assemblée nationale constituante.

Les élections se tiennent le 2 juin 1946 ; Pierre Lareppe conduit de nouveau la liste communiste qui, malgré un score légèrement inférieur à celui obtenu lors du précédent scrutin (37 500 voix sur 123 255 suffrages exprimés), retrouve ses deux élus. Pierre Lareppe reprend sa place au sein des commissions des affaires économiques et de la reconstruction. Son activité parlementaire, quoique relativement réduite, témoigne du soin qu'il prend à défendre les intérêts de son département ; il intervient ainsi, le 4 octobre 1946, à la tribune de l'Assemblée, pour prendre part à la discussion du projet et des propositions de loi sur les dommages de guerre, et déposer un sous-amendement à l'amendement de son collègue de Moselle Jules Thiriet concernant les dommages causés aux territoires ayant subi une annexion de fait : Pierre Lareppe parvient à faire entériner par l'Assemblée une légère modification du texte, qui permet d'intégrer « certaines régions soumises à un régime spécial » - au premier rang desquelles, bien sûr, les Ardennes - dans le champ de la prochaine loi sur les dommages de guerre.

Pierre Lareppe s'oppose au nouveau projet de Constitution, voté par l'Assemblée le 28 septembre 1946, et ratifié par référendum le 13 octobre. Il sollicite de nouveau le renouvellement de son mandat lors des élections législatives du 10 novembre ; la liste communiste, qu'il conduit, consolide ses positions, avec 39 441 voix sur 118 841 suffrages exprimés, mais elle n'emporte qu'un des quatre sièges à pourvoir en raison de la forte progression du MRP.

Pierre Lareppe retrouve la Commission de la reconstruction et des dommages de guerre ; il est en outre nommé juré à la Haute cour de justice. Son activité parlementaire, nettement plus intense, reste concentrée autour des problèmes posés par la reconstruction. Constatant que la production française de matériaux de construction, déjà insuffisante eu égard aux exigences de la reconstruction, n'est « même pas toujours destinée aux exigences nationales », Pierre Lareppe dépose ainsi, le 7 mars 1947, une proposition de résolution visant à en interdire l'exportation. Il conclut, sévère et désabusé : « on pourrait s'étonner de voir des Français chercher aujourd'hui à vendre à l'étranger les matériaux indispensables à notre reconstruction nationale, si l'on se faisait encore des illusions sur le patriotisme de ceux pour qui l'appât du gain domine tout autre sentiment ».

Pierre Lareppe est en outre l'auteur, le 28 mars 1947, d'une proposition de résolution tendant à procéder à « un règlement rapide et équitable des indemnités dues aux victimes d'accidents causés par les armées françaises, alliées et allemandes sur leurs personnes et dans leurs biens » : il souligne la nécessité de prendre en compte les dommages qui, n'étant pas considérés comme résultant de faits de guerre proprement dits, ne peuvent en l'état actuel de la législation faire l'objet d'une indemnisation.

Le député des Ardennes rédige aussi plusieurs rapports au nom de la commission de la reconstruction afin d'améliorer et de simplifier le régime juridique des indemnisations des victimes de spoliation et des dommages de guerre. Le sort de sa circonscription lui est toujours cher : il suggère ainsi, dans un rapport déposé le 11 juillet 1947, que le gouvernement reconnaisse aux habitants du département des Ardennes la qualité « d'évacué par ordre », afin de les faire bénéficier de certaines dispositions, plus favorables, accordées jusque-là aux seuls ressortissants du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et de la Moselle. Pierre Lareppe développe le même thème à la tribune de l'Assemblée lorsqu'il intervient, les 28 et le 30 décembre 1948, en qualité de rapporteur du projet de loi « portant nullité des actes de spoliation accomplis par l'ennemi ».

Pierre Lareppe vote la confiance à Léon Blum (17 décembre 1946), mais la refuse à Paul Ramadier (4 mai 1947) ; il s'abstient volontairement sur le statut de l'Algérie (27 août), et s'approuve le texte du gouvernement sur les écoles privées des houillères nationalisées (14 mai 1948), s'oppose au plan Marshall (7 juillet) et au projet de loi relatif à la constitution du Conseil de l'Europe (9 juillet 1949) ; il vote enfin contre la ratification du pacte Atlantique (26 juillet) et contre la réforme électorale instituant le régime des apparentements (7 mai 1951).

Ce changement du système électoral est fatal à la candidature de Pierre Lareppe lors des élections législatives du 17 juin 1951 : les listes ayant contracté l'apparentement remportent les quatre sièges à pourvoir, et évincent le député sortant. Pierre Lareppe abandonne en outre, en 1953, la mairie de Nouzonville.

Aucun apparentement n'est conclu aux élections législatives du 2 janvier 1956, où Pierre Lareppe conduit de nouveau la liste du PCF. Les équilibres électoraux ardennais sont cette fois modifiés au profit de la SFIO, qui emporte deux des quatre sièges à pourvoir, mais les résultats plus qu'honorables de la liste communiste, qui recueille 38 252 voix sur 135 442 suffrages exprimés, permettent à Pierre Lareppe de retrouver son siège, après une parenthèse d'une législature.

Pierre Lareppe est nommé à la commission de la reconstruction, des dommages de guerre et du logement. Son activité est moins intense que durant la première législature ; elle se limite au dépôt de trois articles additionnels à des projets de loi, visant à majorer le montant des indemnités dues aux victimes de sinistres mobiliers.

Pierre Lareppe vote la confiance à Guy Mollet (31 janvier 1956), et, s'il fait part à ses collègues communistes de réserves appuyées, lui accorde en mars 1956 les pouvoirs spéciaux pour rétablir l'ordre en Algérie. Pierre Lareppe vote contre le projet de loi portant ratification des traités instituant la CEE et l'Euratom (9 juillet 1957) ; il choisit de s'abstenir volontairement lors du vote d'investiture de Pierre Pflimlin (13 mai 1958), mais refuse la confiance à Charles de Gaulle (1er juin), et vote contre les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle (2 juin).

Candidat aux élections législatives des 23 et 30 novembre 1958 dans la 2e circonscription des Ardennes, Pierre Lareppe échoue cette fois à se faire réélire. Il s'éloigne alors progressivement du PCF, jusqu'à en être exclu, en mai 1961 : il lui est reproché d'entretenir, depuis plusieurs années, « des désaccords politiques avec le parti ». S'il renonce désormais à se présenter aux élections, Pierre Lareppe n'abandonne pas pour autant le combat politique : il soutient le groupe oppositionnel UNIR et participe, en 1964, au comité pour la réhabilitation d'André Marty. Il est toujours soutenu, dans son action, par sa compagne, Georgette Lafagne, ancienne membre du bureau fédéral communiste des Ardennes, et secrétaire départementale de l'Union des femmes françaises.

Pierre Lareppe décède le 10 décembre 1972 à Nouzonville, dont il avait été, pendant plusieurs années, le premier magistrat.