Constant, Jean, Marie Monjaret
1922 - 2009
Né le 14 mars 1922 à Saint-Ijeaux (Côtes-du-Nord)
Député des Côtes-du-Nord de 1946 à 1951
Constant Monjaret est le douzième enfant d'une famille de cultivateurs. Au moment de la défaite il termine sa classe de philosophie au collège des Cordeliers de Dinan. Refusant l'armistice, il s'embarque le 18 juin 1940 à Loguivy-de-la-Mer sur le chalutier Reine Astrid qui gagne la Grande-Bretagne. Il subit les interrogatoires d'usage, puis s'engage dans les Forces françaises libres. Après plusieurs mois d'entraînement, il rejoint le Tchad (en septembre 1941) et fait les campagnes du Fezzan et de Tunisie dans la colonne Leclerc. Avec la 2e DB, il passe du Maroc en Angleterre, débarque en Normandie le 1er août 1944, participe à la libération d'Alençon, de Paris et de Strasbourg et termine à Berchtesgaden (le 4 mai 1945). Le sergent-chef Monjaret est démobilisé le 1er juillet 1945. Il rejoint la ferme familiale. Il retrouve son frère Joseph qui vient d'être libéré du camp de concentration de Mauthausen : embarqué avec lui le 18 juin 1940, engagé aussi dans les FFL, Joseph Monjaret a été parachuté avec Jean Moulin le 1er janvier 1942, la Gestapo l'a arrêté en avril 1943. Constant Monjaret travaille quelque temps aux côtés de sa mère qui dirige l'exploitation (son père étant mort dès avant la guerre). En 1946 il se marie avec une jeune fille de la région. Cinq enfants vont naître de cette union.
Constant Monjaret adhère au Mouvement républicain populaire (MRP) dont la tête de file locale, Henri Bouret, est un ami. Dans les deux Constituantes, trois des sept députés des Côtes-du-Nord appartenaient au MRP. Il s'agissait d'Henri Bouret, de Marie-Madeleine Dienesch et d'Honoré Michard. Ce dernier ne souhaite pas se présenter aux élections législatives de novembre 1946. Soutenu par Henri Bouret, Constant Monjaret le remplace, troisième de la liste MRP. Celle-ci affronte des listes communiste, socialiste et du Rassemblement des gauches républicaines (RGR). Elle obtient 99 717 voix sur 275 377 suffrages exprimés. Confortant leurs scores d'octobre 1945 et de juin 1946, les républicains populaires du département continuent d'avoir trois élus.
Constant Monjaret est nommé en décembre 1946 à la Commission du ravitaillement et à celle des territoires d'outre-mer, puis en janvier 1948 à celle de la défense nationale, en janvier 1949 à la Commission de la marine marchande et des pêches, enfin en janvier 1951 à celle du suffrage universel, du règlement et des pétitions. Le 25 février 1949, il prend part à la discussion des interpellations portant sur la politique agricole du gouvernement. Le 3 mars 1950, il participe au débat sur la loi que le gouvernement Bidault veut faire voter pour réprimer les actions communistes contre la guerre d'Indochine. Durant toute la législature, Constant Monjaret respecte par ses votes la discipline du parti.
Aux législatives de juin 1951, le MRP présente dans les Côtes-du-Nord les mêmes têtes de liste qu'en novembre 1946. Il est apparenté dans le département avec la SFIO et avec une liste Pleven de large union (radicaux, UDSR, indépendants et paysans). Avec 134 098 voix pour 260 610 suffrages exprimés l'alliance réussit à obtenir la majorité absolue, raflant ainsi tous les sièges. Mais la liste MRP est largement dépassée par celle que dirige René Pleven. Celle-ci obtient trois députés contre deux pour les socialistes et deux pour les républicains populaires. Battu, Constant Monjaret abandonne la politique active. Il travaille désormais dans l'importation charbonnière. Il prend sa retraite en 1982 et se retire dans son bourg d'origine, Plouha. Du MRP à l'Union pour la démocratie française (UDF), il est resté fidèle au courant démocrate chrétien.