Noël Parfait dit Noël-Parfait
1813 - 1896
Représentant en 1849, en 1871, député de 1876 à 1889, né à Chartres (Eure-et-Loir) le 30 novembre 1813, il était étudiant à Paris lorsque la révolution de 1830 éclata.
Malgré ses dix-sept ans, il y prit une part active, et reçut la décoration de juillet. Il n'en resta pas moins, sous Louis-Philippe, dans les rangs de l'opposition démocratique, s'affilia à la Société des droits de l'homme, réclama, dès 1832, le suffrage universel, et ne cessa, par la parole et par la plume, de combattre la royauté : il fut traduit trois fois en cour d'assises pour ses pamphlets: Les Philippiques (1832-1834). Ardemment mêlé aux polémiques de la presse républicaine, il comparut de nouveau (septembre 1833) devant la cour d'assises, comme auteur d'un poème intitulé : L'Aurore d'un beau jour, qui contenait une apologie de l'insurrection; il fut condamné à deux ans de prison et 500 francs d'amende. Vers la même époque, il fut impliqué dans le procès des vingt-sept, qui donna lieu à la célèbre plaidoirie de Michel de Bourges et à l'acquittement de tous les accusés. Entré à la Presse en 1836, il y rédigea pendant cinq ans le feuilleton dramatique avec Théophile Gautier ; il collabora également au Siècle et au National, écrivit quelques drames : Fabio le novice (1843), Un Français en Sibérie (1843), avec Ch. Lafont, la Juive de Constantine (1846), avec Th. Gautier, des poésies, etc.
Sa vie parlementaire commença après la révolution de 1848, qu'il avait saluée avec joie. Il fut commissaire du gouvernement provisoire à Chartres, et fut élu, le 13 mai 1849, représentant du peuple à l'Assemblée législative par le département d'Eure-et-Loir, le 3e sur 6, avec 22,870 voix (63,593 votants, 84,674 inscrits); il prit place à la Montagne, vota avec la minorité démocratique :
- contre l'expédition de Rome,
- contre la loi Falloux-Parieu sur l'enseignement,
- contre la loi restrictive du suffrage universel,
protesta avec force contre le coup d'Etat du 2 décembre 1851, fut compris au nombre des représentants expulsés, et se réfugia en Belgique, où il se consacra à des travaux littéraires.
Sans avoir posé sa candidature, il réunit, le 29 février 1852, lors des élections au Corps législatif, 236 voix dans la 1re circonscription d'Eure-et-Loir, et 614 dans la 2e circonscription du même département. Il ne rentra en France qu'après l'amnistie de 1859, fut attaché à la librairie de Michel Lévy, comme correcteur, et se tint jusqu'à la fin de l'Empire à l'écart de la politique. En 1863, il refusa la candidature que lui offraient un grand nombre d'électeurs d'Eure-et-Loir. « Je voudrais, leur écrivit-il, pouvoir répondre à votre pressant appel, qui m'a fait tressaillir, moi, vieux lutteur politique, comme un appel de clairon. Mais le serment préalable imposé à tout candidat est à mes yeux un obstacle invincible : je l'ai bien mesuré, et je déclare que je ne puis le franchir. » Quelques mois plus tard, sur la tombe de son ami Bocage, il prononça ces paroles : « Patriote pur jusqu'à l'austérité, Bocage, pour qui sa foi politique était une religion, se montrait moins cruellement affecté de la perte de sa fortune que du désastre de nos libertés. Il portait au fond du cœur le deuil de sa cause vaincue. Il se consumait en de saintes indignations contre les défaillances et les lâchetés, contre les trahisons et les parjures dont notre époque offre l'affligeant spectacle. Il ne pouvait se résigner aux malheurs d'un temps où semblent se perdre de plus en plus les notions du bien et du juste, où une sorte de nuit se fait dans la conscience publique, où règnent partout le mensonge et la duplicité, où le dévouement est traité de folie, l'héroïsme de rébellion... Et il s'en est allé, l'honnête homme! »
Lors des élections du 8 février 1871 pour l'Assemblée nationale, M. Noël Parfait fut élu représentant d'Eure-et-Loir, le 6e et dernier, par 22,466 voix (54,301 votants, 85,164 inscrits). Il s'inscrivit au groupe de la gauche républicaine, vota:
- contre la paix,
- contre l'abolition des lois d'exil,
- pour la dissolution de l'Assemblée,
- contre la chute de Thiers au 24 mai,
- contre le septennat, la loi des maires, l'état de siège, le ministère de Broglie,
- pour les amendements Wallon et Pascal Duprat et pour l'ensemble des lois constitutionnelles.
Il prit plusieurs fois la parole, notamment pour combattre le projet de loi de M. Depeyre sur la librairie, et le projet qui tendait à imposer aux journaux le compte-rendu officiel des séances du parlement, et fit partie de plusieurs commissions, de permanence, de comptabilité, etc.
Réélu, le 20 février 1876, député de la 1re circonscription de Chartres, par 8,792 voix (11,541 votants, 14,970 inscrits), M. Noël Parfait reprit sa place à gauche et fut des 363. Comme tel, il obtint le renouvellement de son mandat, le 14 octobre 1877, par 8,992 voix (12,725 votants, 15,287 inscrits), contre 3,835 à M. G. de Bassoncourt, candidat officiel. Sa circulaire contenait le passage suivant: « Devant ce déchaînement de passions réactionnaires et de fureurs noires, le pays a gardé un calme admirable; indigné, mais patient, il attendait son heure: elle est enfin venue ! Electeurs, les assises populaires vont s'ouvrir, préparez-vous à rendre votre verdict. Par le grand et décisif scrutin auquel vous êtes conviés comme arbitres suprêmes, vous prouverez que les abus d'autorité et les actes de violence des revenants du 24 mai ne vous ont point intimidés. Vous déclarerez qu'il est temps de faire rentrer dans l'ordre ces fauteurs de trouble qui, depuis sept ans, se mettent en travers du courant national ; ces hommes funestes qui se donnent le titre de conservateurs, quand ils ne songent qu'à détruire ce qui existe, dussent-ils, en rouvrant l'ère des révolutions, attirer de nouveaux malheurs sur la patrie! » M. Noël Parfait suivit la même ligne que précédemment, donna, son adhésion à la politique opportuniste, et vota pour l'article 7, pour l'invalidation de l'élection de Blanqui, contre la liberté absolue de réunion et d'association, etc.
Il fut encore réélu dans la même circonscription, le 21 août 1881, par 7,774 voix (10,828 votants, 15,740 inscrits), contre 2,008 à M. Delalande, soutint les ministères Gambetta et J. Ferry, et se prononça pour les crédits de l'expédition du Tonkin.
Aux élections d'octobre 1885, porté sur la liste républicaine d'Eure-et-Loir, il fut élu, au second tour de scrutin, le 4e et dernier, par 37,330 voix (63,940 votants, 81,439 inscrits). Il continua d'opiner avec la majorité, soutint les ministères Rouvier et Tirard, vota cependant contre l'expulsion des princes, et se prononça, dans la dernière session,
- pour le rétablissement du scrutin d'arrondissement (11 février 1889),
- pour l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution,
- pour les poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes,
- pour le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse,
- pour les poursuites contre le général Boulanger.
Outre les ouvrages déjà cités, on a de lui: Notice biographique sur Sergent, député de Paris à la Convention (1848).
Né le 30 novembre 1813 à Chartres (Eure-et-Loir), mort le 19 novembre 1896 à Paris (7e).
Représentant de l'Eure-et-Loir à l'Assemblée législative de 1849.
Représentant de l'Eure-et-Loir de 1871 à 1876.
Député de l'Eure-et-Loir de 1876 à 1893. (Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. IV, p.547.)
Toujours candidat dans la 1re circonscription de Chartres, le 22 septembre 1889, avec 3.439 voix, il fut devancé au premier tour par La Salle, candidat conservateur, qui eut 3.728 voix, Maunoury recueillant 3.304 voix, Willenich 671 et Durand 411. Mais, au second tour de scrutin, il triompha de La Salle (4.630 voix) avec 6.053 voix sur 10.846 votants et 15.939 inscrits.
Toujours républicain de gauche, soutenant le gouvernement, son âge ne lui permit plus une grande activité à la Chambre des députés. Il déposa cependant des rapports sur l'élection du général Tricoche, à Saint-Dié, en 1890, et sur le projet de loi ouvrant un crédit pour l'établissement d'un tube pneumatique entre l'imprimerie du Journal officiel et le Palais Bourbon (1890).
Il intervint également pour l'adoption de la proposition de résolution de Barodet prévoyant la publication du texte des programmes et engagements électoraux, toujours en vigueur.
Absent, pour raison de maladie, de la Chambre dès 1891, il ne se représenta pas aux élections de 1893. Il mourut le 19 novembre 1896 à Paris, âgé de 83 ans.