Jacques Raphaël-Leygues
1913 - 1994
RAPHAËL-LEYGUES (Jacques)
Né le 18 décembre 1913 à Paris
Décédé le 11 décembre 1994 à Paris
Député du Lot-et-Garonne de 1958 à 1962
Né à Paris dans le 16e arrondissement, le 18 décembre 1913, Jacques Raphaël-Leygues est le petit-fils de l’ancien président du Conseil et ministre de la marine Georges Leygues. Il est également, du côté paternel, le petit-fils d’Edouard Raphaël, fondateur en 1862 de la banque Raphaël et Cie. Après des études secondaires au lycée Janson-de-Sailly, il obtient sa licence de droit et débute comme avocat stagiaire de la Cour d’Appel de Paris. Attiré, à l’instar de son grand-père, par la marine, Jacques Raphaël-Leygues décide de changer de voie et entre à l’Ecole des commissaires de la Marine nationale.
Proche des milieux radicaux, Jacques Raphaël-Leygues entre en avril 1938 comme attaché au cabinet du nouveau président du Conseil, Edouard Daladier. Il est un proche observateur de la montée des périls et du déclenchement de la seconde guerre mondiale, ce qu’il raconte dans sa Chronique des années incertaines. La chute du cabinet Daladier en mars 1940 le rend à ses activités militaires. Ainsi, en mars-avril, il participe à la campagne de Norvège à bord du pétrolier ravitailleur Le Tarn puis, en juin, au large de Belle-Isle, au ravitaillement du cuirassé Jean Bart qui vient d’échapper aux Allemands.
En décembre 1942, il quitte clandestinement la France entièrement occupée et rejoint, via l’Espagne, les Forces françaises combattantes en Afrique du Nord. Il reprend alors du service sur les croiseurs légers Georges Leygues puis Montcalm qui patrouillent dans l’Atlantique Sud et participe à la prise de l’Ile d’Elbe puis au débarquement de Provence. Jacques Raphaël-Leygues se porte ensuite volontaire pour servir en Indochine où il demeure jusqu’en 1950. Ce séjour indochinois le marque durablement et inspire une partie de son œuvre littéraire.
En effet, parallèlement à ses engagements militaires, il commence une carrière littéraire qui le conduit à être lauréat de l’Académie française pour son ouvrage de poèmes intitulé Retour de mer (1942). Jacques Raphaël-Leygues s’essaie également au théâtre (Saïgon en 1946), à la biographie (Delcassé puis Georges Leygues avec Jean-Luc Barré). Ses mémoires constituent un témoignage historique de première importance : Pont de lianes (Missions en Extrême-Orient. 1945-1954) en 1976 et Chroniques des années incertaines (1935-1945) en 1977.
En 1950, il est désigné conseiller de l’Union française par le groupe radical-socialiste du Conseil de la République et entre à l’Assemblée de Versailles où il côtoie Jacques Foccart. A l’Assemblée de l’Union française, Jacques Raphaël-Leygues siège au sein du groupe du Rassemblement des gauches républicaines dont il devient le vice-président. Il est également vice-président de la Commission des affaires culturelles et des civilisations d’outre-mer de cette assemblée en 1954-1955. Surtout, il effectue plusieurs missions de contact en Indochine, d’abord avec le Viet-Minh en 1952-1953 puis avec Ngo Dinh Diem en 1954 et enfin en 1956.
Parallèlement, Jacques Raphaël-Leygues reprend le flambeau familial à Villeneuve-sur-Lot où son grand-père était né et dont il avait été pendant quarante-huit ans le député. En 1955, il est élu maire de cette commune, mandat qu’il conserve jusqu’en 1974, et conseiller général (jusqu’en 1967).
En mai 1958, il accueille avec faveur le retour au pouvoir du général de Gaulle et appelle à voter « oui » à la nouvelle Constitution. Il se présente aux élections législatives de novembre 1958 dans la troisième circonscription du Lot-et-Garonne (qui comprend le canton de Villeneuve-sur-Lot), s’appuyant sur son enracinement familial et son action de maire de cette commune. Jacques Raphaël-Leygues se pose comme le candidat du rassemblement autour de la haute figure nationale du général de Gaulle qui a restauré « la stabilité gouvernementale nécessaire depuis longtemps aussi bien pour notre prestige international que pour l’équilibre intérieur de notre patrie ». Il revendique la double étiquette « Union pour la nouvelle République » (UNR) et « Rassemblement des gauches républicaines » (RGR). Au soir du deuxième tour, le 30 novembre, il est élu par 16 944 contre 15 317 à son concurrent divers droite Jean Cosse-Manière.
Au Palais-Bourbon, fidèle à « une certaine idée de la France », Jacques Raphaël-Leygues siège dans le groupe de l’UNR et soutient activement la politique ultramarine et algérienne du général de Gaulle. Vice-président de la Commission des affaires étrangères, il défend le maintien de la présence française dans les pays de l’ex-Indochine française, en particulier au Cambodge et au Laos. Il se fait le champion de la défense de la langue française dans le monde et tout particulièrement dans les ex-colonies françaises d’Asie et d’Afrique. Chantre de « la triple vocation de la France : asiatique, africaine et européenne », Jacques Raphaël-Leygues se montre également un ardent partisan de la future force de frappe nucléaire, ainsi que du devenir de la Marine nationale dont il souligne la pluralité des missions, tout particulièrement son « importance dans la Communauté comme lien souple et discret ». Il intervient aussi sur les questions agricoles qui intéressent plus directement les électeurs de sa circonscription. Il défend en ce sens la mise en place de marchés-gares, ce qu’il réalise dans sa ville de Villeneuve-sur-Lot. Le 24 avril 1962, Jacques Raphaël-Leygues devient vice-président de l’Assemblée nationale, fonction qu’il occupe jusqu’à la dissolution de l’Assemblée qui fait suite à la censure du gouvernement de Georges Pompidou le 4 octobre de la même année.
Cette élection le prend de court car, depuis plusieurs années, il s’occupe essentiellement de politique nationale et internationale, ayant au demeurant été sénateur de la Communauté en 1961-1962. A l’issue du second tour, Jacques Raphaël-Leygues est nettement battu par le candidat radical, Edouard Schloesing, qui recueille 22 750 voix contre 19 130. Bien que se présentant sous une étiquette d’ « Union des républicains », la mobilisation du « cartel des non » dans la circonscription provoque la défaite de celui qui est perçu comme le candidat du général de Gaulle.
Le gouvernement de Georges Pompidou nomme, en février 1963, ce fin connaisseur des affaires d’outre-mer ambassadeur de France en Côte d’Ivoire. Commence alors, pour Jacques Raphaël-Leygues, une longue carrière diplomatique qui, fait exceptionnel, le conduit à demeurer en poste à Abidjan pendant seize ans, jusqu’à ce qu’il soit atteint par la limite d’âge en janvier 1979. Il œuvre, avec la pleine confiance du président Félix Houphouët-Boigny, au maintien des relations privilégiées entre la France et son ancienne colonie qui devient un des axes majeurs de la nouvelle politique de coopération franco-africaine. Il n’en oublie pas pour autant, du moins initialement, la vie politique française. Ainsi il se présente de nouveau dans la 3ème circonscription du Lot-et-Garonne lors des élections législatives de 1967. Mais il est, cette fois, sèchement battu par le radical Edouard Schloesing qui recueille au second tour 27 998 voix contre 19 083 pour l’ambassadeur de France en Côte d’Ivoire. Il ne se représente plus en 1973 ni en 1978.
De retour définitif en France, Jacques Raphaël-Leygues se fait élire de nouveau maire de Villeneuve-sur-Lot en 1983. Mais il privilégie surtout sa carrière littéraire. Il s’éteint à Paris le 11 décembre 1994.
Il était commandeur de la Légion d’honneur, grand officier de l’ordre national du Mérite, croix de guerre 1939-1945 (avec palme et étoile d’argent), croix de guerre des Théâtres d’opérations extérieures (Etoile d’argent) et médaillé des évadés.