Léon Teisseire
1907 - 1971
TEISSEIRE (Léon)
Né le 12 avril 1907 à Nice (Alpes-Maritimes)
Décédé le 11 mars 1971 à Nice
Conseiller de la République puis sénateur des Alpes-Maritimes de 1948 à 1958
Député des Alpes-Maritimes de 1958 à 1962
Léon Teisseire, dont le père est commerçant, est né à Nice le 12 avril 1907. Après des études secondaires au collège de Grasse puis au lycée de Nice, il monte à Paris pour suivre les cours de la faculté de droit de l'Université de Paris et de la faculté de lettres de la Sorbonne. Licencié ès lettres et en droit, Léon Teisseire intègre l'Ecole libre des sciences politiques dont il sort diplômé avant de revenir s'inscrire comme avocat au barreau de Nice.
Son intérêt pour la vie politique se manifeste dès la création du Rassemblement du Peuple Français (RPF). C'est en effet sous cette bannière qu'il est appelé à siéger comme premier adjoint au conseil municipal de Nice, mandat qu'il occupe jusqu'en 1953.
Il se présente ensuite comme tête de la liste du RPF au scrutin du 7 novembre 1948 au Conseil de la République. Il est proclamé élu au second tour avec 385 voix sur 671 suffrages exprimés. Léon Teisseire rejoint alors le groupe d'Action démocratique et républicaine à la Haute Assemblée dont il est le secrétaire jusqu'en 1950. Conseiller général du canton de Nice depuis 1951, il est reconduit comme sénateur, candidat isolé, au second tour du scrutin du 19 juin 1955, avec 221 voix sur 682 suffrages exprimés. Léon Teisseire retrouve alors au Conseil de la République le groupe parlementaire des Républicains sociaux dont il assure par la suite la vice-présidence tout en siégeant au comité directeur du même mouvement en 1957.
Membre de plusieurs commissions, des moyens de communication et de la reconstruction, du suffrage universel, du travail, de la justice et de la production industrielle, Léon Teisseire ne dépose cependant qu'un rapport, en 1950, au nom de la commission chargée d'examiner la demande en suspension de poursuites contre un sénateur. De même, il n'intervient en séance publique que pour prendre part, en 1957, à la discussion sur la construction du tunnel du Mont-Blanc.
Le retour au pouvoir du général de Gaulle : tel était l’objectif qui avait présidé à onze années de vie publique, depuis son engagement au RPF en 1947. Les événements de mai et juin 1958 répondent à ses vœux. Léon Teisseire vote les pleins pouvoirs et approuve la révision constitutionnelle les 2 et 3 juin 1958.
Après avoir fait campagne pour le « oui » à la Ve République dans le département des Alpes-Maritimes, il décide de prendre sa part à l’œuvre de rénovation en déposant sa candidature pour les législatives de novembre 1958 dans la 3e circonscription des Alpes-Maritimes. Le Palais-Bourbon lui semble le meilleur lieu pour soutenir les nouvelles institutions et le pouvoir du général de Gaulle.
Il reçoit l’investiture de l’Union pour la nouvelle République (UNR) et de la Démocratie chrétienne de France, parti créé par Georges Bidault après sa marginalisation au sein du MRP. Conseiller municipal de Nice, Léon Teisseire ne siège plus à l’Assemblée départementale depuis le printemps 1958. Il choisit pour suppléant le doyen d’élection du Conseil général des Alpes-Maritimes, Georges Salvago. Leur profession de foi dénonce « la conspiration du silence » qui a joué contre le général de Gaulle sous la IVe République : les discours et allocutions de l’homme du 18 juin n’ont, en effet, pas été diffusés par la radio et la télévision françaises entre 1947 et 1958. Léon Teisseire insiste sur la nécessité de mener une politique de « grandeur » en matière de relations internationales et de poursuivre une recherche nucléaire française. Il envisage la création d’« Etats-Unis d’Europe » et plaide à cet égard pour la création d’un « Parlement comprenant les représentants de toutes les Nations » de l’Europe « libre », y compris le Royaume-Uni « qui n’a pas le droit de s’isoler superbement ». Le principal adversaire de Léon Teisseire est le général Corniglion-Molinier. Issu du RPF puis membre des Républicains sociaux, ce dernier avait rompu avec les mouvements gaullistes en refusant de démissionner du gouvernement Edgar Faure en octobre 1955, contrairement à ses compagnons Jacques Chaban-Delmas, Raymond Triboulet, Maurice Lemaire et Gaston Palewski. Réélu député en se réclamant de Pierre Mendès France le 2 janvier 1956, Edouard Corniglion-Molinier est considéré avec défiance par de nombreux cadres gaullistes formés sous la IVe République. Léon Teisseire le devance de 587 voix seulement le 23 novembre 1958 (13 394 contre 12 807), mais il arrive en tête dans 6 des 8 cantons de la circonscription. Le général Corniglion-Molinier et le gaulliste de gauche Nicolas de Poli se désistant, le candidat de l’UNR affronte le seul communiste Jean Laurenti au second tour. Léon Teisseire est élu député des Alpes maritimes par 69,4% des électeurs le 30 novembre 1958. Le département compte quatre députés UNR sur six.
Il s’inscrit au groupe de l’UNR et siège à la Commission des affaires étrangères de 1959 à 1962. L’élu niçois est choisi par ses collègues pour siéger à l’Assemblée parlementaire européenne dès décembre 1959.
Léon Teisseire ne s’implique guère dans la vie du Palais-Bourbon sous la législature. Il n’intervient pas dans l’hémicycle entre décembre 1958 et octobre 1962. Ses votes sont conformes à ceux de la majorité des élus gaullistes. Il approuve le programme du gouvernement de Michel Debré (16 janvier 1959) comme le nouveau règlement de l’Assemblée nationale (3 juin 1959) et la déclaration de politique générale du Premier ministre (15 octobre 1959). Le député des Alpes-Maritimes se prononce en faveur de la loi sur les rapports entre l’Etat et les établissements d’enseignement privés qui leur permet un financement plus important (23 décembre 1959) et vote les pouvoirs spéciaux accordés au gouvernement pour ramener l’ordre en Algérie après la crise des barricades (2 février 1960). Elu d’une circonscription où affluent très tôt les rapatriés d’Afrique du Nord, il soutient pourtant sans barguigner la politique algérienne du général de Gaulle. Il s’associe aux objectifs présentés par Georges Pompidou dans son programme de gouvernement (27 avril 1962) et vote la levée de l’immunité parlementaire de Georges Bidault, ancien président du Conseil et dirigeant du Conseil national de la Résistance, le 5 juillet 1962. Le général Salan, chef de l’OAS, avait en effet choisi l’ancien éditorialiste de l’Aube pour lui succéder le cas échéant à la tête de l’organisation clandestine. Léon Teisseire ne vote pas la motion de censure qui renverse le gouvernement de Georges Pompidou le 4 octobre 1962.
Réélu conseiller municipal de Nice en mars 1959, le parlementaire gaulliste représente le canton de Nice-VI au conseil général des Alpes-Maritimes de mars 1960 à juin 1961. Il échoue à conserver ce mandat au printemps 1961, défait par l’entrepreneur Fernand Icart. Léon Teisseire aborde aussi les législatives de novembre 1962 en position défavorable. La famille Médecin s’oppose en effet à la politique d’ « abandon » conduite par de Gaulle à l’égard de l’Algérie et rejette l’ « Etat fort » qu’incarne le pouvoir gaulliste. Jean Médecin censure le gouvernement le 4 octobre 1962 et entend faire échec aux parlementaires gaullistes élus en 1958 dans les Alpes-Maritimes, comme Pierre Pasquini, Pierre Ziller ou Léon Teisseire. 25 000 rapatriés d’Afrique du Nord se sont installés à Nice depuis 1954 : si tous ne sont pas inscrits sur les listes électorales, ils suscitent cependant un vaste courant de sympathie dans la population niçoise. Les gaullistes se voient reprocher d’avoir aveuglément soutenu les décisions du chef de l’Etat. Léon Teisseire est de surcroît marginalisé au sein de l’UNR, où la nouvelle candidature du général Corniglion-Molinier est parfois considérée avec sympathie. L’ancien ministre de la IVe République, qui entend œuvrer à un « regroupement des forces vives de la Nation » dans un esprit de dialogue, a l’habileté de dédaigner les attaques à l’encontre de Léon Teisseire dans sa campagne électorale. Le 18 novembre 1962, Léon Teisseire ne rassemble que 7 826 suffrages sur son nom, soit 20,97 % des suffrages exprimés, derrière le communiste Charles Caressa (24,96 %) et Edouard Corniglion-Molinier (28,3 %). Le sortant obtient son meilleur résultat dans le petit canton de Saint-Etienne-de-Tinée (23,03 %) : il maintient sa candidature au second tour de scrutin, au risque d’autoriser une victoire communiste. Une très grande majorité de ses électeurs du premier tour refuse de cautionner cette décision et reporte son suffrage sur le général Corniglion-Molinier. Ce dernier est élu député par 57,6 % des électeurs ; Léon Teisseire n’obtient que 1 223 voix (3,4 %).
Ce résultat ne convainc pas l’ancien parlementaire d’abandonner la vie publique. Président du syndicat intercommunal de l’hippodrome de la Côte d’Azur depuis sa fondation en 1947, il est réélu au Conseil municipal de Nice en 1965. Il tente de retrouver son siège à l’Assemblée nationale à l’occasion des législatives du printemps 1967, s’opposant au sortant le républicain indépendant Fernand Icart, qui a succédé à Edouard Corniglion-Molinier en 1963. Seule une minorité d’électeurs (6,07 %) soutient Léon Teisseire dans sa tentative de reconquête.
Les années 1960 permettent à Jacques Médecin d’affermir un peu plus sa situation à Nice en s’opposant à la politique du général de Gaulle. Léon Teisseire, qui créa le RPF dans les Alpes-Maritimes en 1947, a quitté l’UNR en 1962. Isolé politiquement, il ne peut espérer renouer avec un mandat national et ne se présente pas aux élections législatives de juin 1968.
C’est dans sa ville natale que Léon Teisseire disparaît, à l’âge de 63 ans.