Mathieu, Philippe, Pascal Teulé
1907 - 1976
TEULÉ (Mathieu, Philippe, Pascal) Né le 24 mai 1907 à Béziers (Hérault) Décédé le 24 avril 1976 à Béziers Député de l’Hérault de 1956 à 1958 Fils de commerçants, Mathieu Theulé fait ses études au Conservatoire national des Arts et métiers de Béziers et devient mécanicien. Mobilisé en septembre 1939, il participe à la campagne de France. Au milieu des années cinquante, il adhère au mouvement antifiscal, lancé dans le Lot, en 1953, par Pierre Poujade. Il participe à la fondation de l’Union des commerçants et des artisans (UDCA) dans l’Hérault, dont il devient le président. De la lutte contre le fisc, le mouvement élargit son action à la défense des catégories sociales menacées par l’évolution économique, et se voulant apolitique, il fait preuve d’antiparlementarisme. Mathieu Teulé incarne bien l’un de ses travailleurs indépendants que l’UDCA entend représenter, de même qu’il est un parfait inconnu en politique, puisqu’il n’a jamais participé à aucune élection, même locale. Les législatives anticipées de janvier 1956 constituent donc la première expérience électorale de Mathieu Teulé, et lui permettent d’emblée d’entrer au Parlement, grâce à la vague poujadiste qui porte cinquante-deux députés à l’Assemblée. Il mène une liste d’Union et de Fraternité française - du nom des deux périodiques dont s’est doté le mouvement - dans l’Hérault, où ne figurent que des petits commerçants et artisans et aucun élu. Mathieu Teulé y affronte des personnalités politiques connues, telles que l’ancien président du Conseil socialiste, Jules Moch, l’ancien ministre MRP, Paul Coste-Floret, et l’ancien ministre radical, Vincent Badie. Dans sa profession de foi, il se révolte contre la « fiscalité arbitraire » et dénonce « les politiciens », « les hommes des trusts et de la banque apatride », et « les hauts fonctionnaires domestiqués » coupables, selon lui, de conduire la France à « une décadence irrémédiable ». Il réclame la convocation d’Etats généraux, se référant explicitement à la Révolution française de 1789. Comme les autres candidats poujadistes, il s’engage à démissionner dès que ceux-ci auront été convoqués et conclut son texte par le slogan « Sortez les sortants ! ». Avec 37 125 voix, soit 16,1 % des suffrages exprimés, Mathieu Teulé atteint un score supérieur aux 12 % remportés par l’ensemble du mouvement de Pierre Poujade en France. Il est donc élu derrière les deux députés communistes et Jules Moch, mais loin devant Vincent Badie et Paul Coste-Floret. A la différence de onze de ses camarades, son élection à l’Assemblée nationale est validée le 20 janvier 1956. Il siège à la Commission des boissons durant toute la législature, à celle de l’éducation nationale et à celle du suffrage universel, des lois constitutionnelles, du règlement et des pétitions de 1956 à 1957, puis à celle des affaires étrangères de 1957 à 1958. Son activité législative se limite à la lutte antifiscale avec une proposition de loi sur la taxe piscicole (avril 1957) et un rapport de la commission des boissons invitant le gouvernement à consentir des dégrèvements fiscaux, en particulier sur la patente et le forfait, en faveur des cidriers à façon et des bouilleurs ambulants victimes des mauvaises récoltes de fruits (3 juin 1958). De même, il intervient à la tribune pour critiquer le programme d’Antoine Pinay concernant les problèmes sociaux et fiscaux. et réclame, dans le délai d’un mois : un décret d’amnistie fiscale et pénale, l’organisation de circuits commerciaux administrés et gérés par les professionnels représentatifs, la détaxation des biens de consommation de première utilité, et la suppression de la patente (18 octobre 1957). Lors des votes en séance plénière, il est régulièrement avec son groupe dans l’opposition. Il refuse l’investiture au socialiste Guy Mollet (31 janvier 1956), et contribue à la chute de son gouvernement sur la réforme fiscale (21 mai 1957). Depuis son congrès d’Alger de novembre 1954, l’UDCA s’est orientée vers la défense de l’empire. Aussi, Mathieu Teulé n’accorde-t-il les pouvoirs spéciaux pour l’Algérie à aucun des gouvernements successifs (mars 1956, juillet et novembre 1957), parce que les poujadistes les jugent inefficaces et qu’ils préfèreraient une loi anti-terroriste. De même, il s’oppose à la loi cadre qui réviserait ses institutions (septembre 1957 et janvier 1958). Il refuse également la ratification du traité de Rome instaurant la CEE et l’Euratom (juillet 1957), et contribue à la chute du gouvernement de Félix Gaillard (15 avril 1958). Lors de la crise de mai 1958 qui ébranle le régime, son groupe se prononce, dès le 26 mai, en faveur d’un « gouvernement de salut public » présidé par le général de Gaulle. Aussi, lui accorde-t-il l’investiture le 1er juin, et les pleins pouvoirs le lendemain. Il ne se représente pas aux premières législatives de la Vème République en novembre 1958 et quitte la scène politique. Il décède le 24 avril 1976 à l’âge de soixante-huit ans.