Félix, Edmond, Hyacinthe Lambrecht
1819 - 1871
Député au Corps législatif de 1863 à 1869, représentant en 1871 et ministre, né à Douai (Nord) le 4 avril 1819, mort à Versailles (Seine-et-Oise) le 8 octobre 1871, il entra avec le numéro 1 à l'Ecole polytechnique (1838) et en sortit ingénieur des ponts et chaussées.
Ingénieur à Limoges, puis à Valenciennes, il visita l'Algérie, combattit l'insurrection de Paris en juin 1848, dans la 2e légion de la garde nationale, passa en Angleterre, et obtint, en 1850, un congé illimité et une mission gratuite aux Indes.
De retour en France en décembre 1851, il s'occupa d'affaires industrielles et de ses propriétés de Lallaing (Nord), fit construire le beau château de Montigny et devint maire de Lallaing (1857). Il s'était marié (23 juin 1853) avec Mlle des Courtils de Merlemont dont il eut dix enfants.
D'opinions conservatrices libérales, il se porta une première fois candidat indépendant au Corps législatif, le 22 juin 1857, dans la 6e circonscription du Nord, où il échoua avec 4 178 voix contre 13 248 à l'élu officiel, M. Choque, et 1 691 au général Cavaignac. Il fut plus heureux dans la 5e circonscription du même déparment, aux élections du 1er juin 1863 : élu député par 12 132 voix (23 240 votants, 29 269 inscrits), contre 11 059 à M. Choque, député sortant,.
Il prit place au centre, dans le tiers-parti, et parut assez rarement à la tribune ; on remarqua pourtant son discours sur le transfert des cimetières de Paris à Méry-sur-Oise. M. Lambrecht siégeait à côté de M. Thiers, dont il suivit jusqu au bout les inspirations. Il vota l'amendement dit « des 45 » qui demandait une extension aux demi-libertés octroyées par l'Empire.
Il échoua au renouvellement du 24 mai 1869, avec 12 280 voix contre 13 289 à l'élu officiel, M. Choque. La lutte avait été des plus vives et l'administration n'avait rien négligé pour assurer le succès du candidat du gouvernement ; mais M. Buffet dénonça vainement à la Chambre les « manœuvres » dont l'échec de M. Lambrecht était, d'après lui, le résultat. Sous le ministère Ollivier, M. Lambrecht refusa la préfecture du Nord et les fonctions de sous-gouverneur de l'Algérie.
Après la guerre, le département du Nord, dont il était devenu conseiller général pour le canton de Marchiennes, le nomma (8 février 1871) représentant à l'Assemblée nationale, le 3e sur 28, avec 217 455 voix (262 927 votants, 326 440 inscrits). Il s'assit au centre gauche, et, zélé partisan de la politique qu'inaugurait alors le chef du pouvoir exécutif dont il était l'ami personnel, fut bientôt appelé par lui au poste de ministre de l'Agriculture et du Commerce (19 février 1871). Il quitta ce portefeuille pour prendre, le 11 juin suivant, en remplacement d'Ernest Picard, celui de l'Intérieur.
Mais M. Lambrecht souffrait depuis trois ans d'une affection de poitrine que ses occupations nouvelles ne pouvaient qu'aggraver. Il ne montait guère à la tribune sans donner des signes de fatigue. Il mourut à Versailles le 8 octobre, de la rupture d'un anévrisme. « Il était agréable à l'Assemblée, écrivit le Temps le lendemain de sa mort, et l'on appréciait sa manière de parler, claire, sobre distinguée. M. Lambrecht ne cherchait point les effets oratoires, il ne pesait point sur la Chambre, mais discutait avec simplicité et bonne foi. Il semblait si uniquement préoccupé de la valeur intrinsèque des mesures sur lesquelles il prenait la parole, qu'on eût été embarrassé pour le classer dans un parti plutôt que dans un autre. »
Il était membre du conseil d'administration des mines d'Anzin. Ses funérailles furent faites aux frais du Trésor public et la ville de Douai donna son nom à l'une de ses rues.