François de Lespérut
1813 - 1873
Représentant en 1849, député au Corps législatif de 1852 à 1870, représentant en 1871, né à Paris le 5 août 1813, mort à Chaumont (Haute-Marne) le 9 octobre 1873, fils de François Victor de Lespérut qui fut membre du Corps législatif et élu des Cent-Jours et neveu par alliance de Sieyès, il était agronome et maître de forges.
Sous Louis-Philippe, il appartint à l'opinion orléaniste, devint maire d'Eurville et conseiller général de la Haute-Marne pour le canton de Poissons, et se présenta comme candidat à la Chambre des députés, le 1er août 1846, dans le 4e collège de ce département (Vassy); il échoua avec 119 voix, contre 251 à M. Peltereau-Villeneuve, député sortant réélu.
Après février 1848, il se représenta, avec l'appui du clergé, aux élections de l'Assemblée constituante et échoua de nouveau. Mais le parti conservateur fit triompher, le 13 mai 1849, sa candidature à l'Assemblée législative, où il entra comme représentant de la Haute-Marne, le 2e sur 5, avec 33,723 voix (57,693 votants, 80,385 inscrits). Il siégea à droite et opina avec la majorité monarchiste, notamment pour l'expédition de Rome, pour la loi Falloux-Parieu sur l'enseignement, pour la loi restrictive du suffrage universel, et pour la proposition des questeurs.
M. de Lespérut ne soutint pas la politique personnelle de L.-N. Bonaparte et protesta contre le coup d'Etat du 2 décembre 1851. Arrêté alors, il fut détenu quelque temps au Mont-valérien. Mais il ne tarda pas à se rallier, et le gouvernement présidentiel appuya sa candidature au Corps législatif le 29 février 1852, dans la 1re circonscription de la Haute-Marne, qui l'élut député par 24,400 voix (28,997 votants, 40,691 inscrits), contre 678 à M. de Montrol, 303 à M. de Vandeul, et 689 à M. Peltereau-Villeneuve. Un biographe écrivit à ce propos : « M. de Lespérut se souciait peu du patronage du gouvernement pour le Corps législatif. Quelques jours avant les élections, il écrivait une lettre pour désavouer formellement les moyens employés par le préfet pour le faire réussir. Il écrivait aussi aux journaux des départements une lettre que la censure rayait impitoyablement, dans laquelle il déclarait, de la manière la plus formelle, qu'en se rendant au Corps législatif, s'il y était appelé, « c'était avec la plus parfaite indépendance qu'il agirait. » M. de Lespérut soutint cependant le gouvernement impérial, mais il fut un des trois députés qui votèrent contre la confiscation des biens des princes d'Orléans et contre les poursuites intentées à Montalembert.
Réélu successivement, avec l'appui officiel et d'ailleurs superflu de l'administration :
- le 22 juin 1857, par 24,035 voix (24,935 votants, 37,714 inscrits), contre 240 à M. Walferdin;
- le 1er juin 1863, par 21,696 voix (32,217 votants, 39,639 inscrits), contre 10,322 à M. Danelle-Bernardin;
- le 24 mai 1869, par 30,022 voix (32,253 votants, 40,236 inscrits),
M. de Lespérut fit partie de la majorité, sans dissimuler ses préférences orléanistes, se prononça dans les questions économiques pour le système de la protection, et le soutint plusieurs fois à la tribune du Corps législatif. Dans la courte session de 1869, il signa la demande d'interpellation des 116 ; puis il s'associa à tous les votes des membres du tiers-parti libéral.
Après les événements de 1870, M. de Lespérut fut encore élu (8 février 1871) représentant de la Haute-Marne à l'Assemblée nationale, le 2e sur 5, par 42,865 voix (50,334 votants, 76,862 inscrits). Il prit place au centre droit, parmi les partisans de la monarchie constitutionnelle et vota :
- pour la paix,
- pour les prières publiques,
- pour l'abrogation des lois d'exil,
- pour le pouvoir constituant de l'Assemblée,
- contre la politique de Thiers et pour sa chute au 24 mai,
et mourut pendant la législature (octobre 1873). Possesseur d'une fortune considérable, M. de Lespérut avait été réélu, en 1871, conseiller général de la Haute-Marne; il était chevalier de la Légion d'honneur depuis 1859.