Paul, Louis Target

Représentant en 1871, né à Lisieux (Calvados) le 7 mars 1821, petit-fils du constituant de 1789, et fils d'un préfet du Calvados sous le gouvernement de Juillet, il commença son droit à Caen, fut reçu avocat à Paris, entra comme auditeur au Conseil d'Etat (1843-1848), fut élu conseiller général du Calvados (1848), et donna sa démission après le coup d'Etat du 2 décembre, pour ne pas prêter serment à l'Empire. Il se livra à l'agriculture, obtint, en 1863, la prime d'honneur de l'Association normande, et collabora au Courrier du Dimanche, dont il était le directeur politique au moment de sa suppression (août 1865).

Il se présenta à la députation, le 24 mai 1869, comme candidat d'opposition au Corps législatif, dans la 3e circonscription du Calvados, et échoua avec 1 421 voix contre 16 315 à l'élu, M. de Colbert-Chabannais, candidat du gouvernement, 3 750 à M. de Witt, 1 936 à M. Desseaux et 1 721 à M. le Métayer.

Membre, sous le ministère Ollivier (1870), de la commission de décentralisation présidée par M. Od. Barrot, il fut nommé, après le 4 septembre, chef de bataillon puis lieutenant-colonel de la garde nationale de Lisieux, prit part à la défense de l'arrondissement occupé en partie par l'ennemi, et fut élu, le 8 février 1871, représentant du Calvados à l'Assemblée nationale, le 9e et dernier, par 47 178 voix (86 564 votants, 139 207 inscrits). Le 1er mars 1871, à Bordeaux, après les incidents provoqués par la petite minorité bonapartiste (Voy. CONTI), il déposa une proposition ainsi conçue : « L'Assemblée nationale clôt l'incident, et, dans les circonstances douloureuses que traverse la patrie, en face de protestations et de réserves inattendues, confirme la déchéance de Napoléon III et de sa dynastie, et le déclare responsable de la ruine, de l'invasion et du démembrement de la France. » La proposition fut votée à l'unanimité moins six membres. Membre et vice-président de la réunion Saint-Marc-Girardin, M. Target vota :

- pour la paix,
- pour l'abrogation des lois d'exil,
- pour la pétition des évêques,
- pour la démission de Thiers,
- pour le septennat,
- pour le ministère de Broglie,
- pour l'amendement Wallon
- et pour les lois constitutionnelles.

Il prit en outre une part importante aux débats de l'Assemblée, parla sur la loi départementale, fit renvoyer au ministre des Affaires étrangères la pétition des évêques, fit réserver la question du retour du gouvernement à Paris, se montra partisan de l'abolition des traités de commerce, vota contre l'ordre du jour Ernoul (24 mai 1873), mais, inquiet de voir Thiers porter atteinte au pacte de Bordeaux en recherchant le concours des gauches, déposa, le même jour, une déclaration contre le ministère. Le vote du groupe Target en faveur de la démission de Thiers mit ce dernier en minorité, et entraîna sa retraite.

Le 24 juin suivant, M. Target fut appelé au poste de ministre plénipotentiaire à La Haye, où il resta jusqu'au 5 décembre 1877.

Il avait échoué aux élections du 20 février 1876, dans l'arrondissement de Lisieux, au premier tour, avec 3 393 voix contre 4 138 à M. de Colbert et 5 008 à M. Lavalley. Au second tour, ses voix assurèrent l'élection de M. de Colbert.

Chevalier de la Légion d'honneur, M. Target a publié Législation électorale (1863), et collaboré au Journal de Paris.