Khaddour Messaoudi

1920 - 1984

Informations générales
  • Né le 1 janvier 1920 à Bou saada (Algérie)
  • Décédé le 21 juin 1984 à M'sila (Algérie)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 3 juillet 1962
Département
Anciens départements d'Algérie
Groupe
Non inscrit

Biographies

Biographie de la Ve République

MESSAOUDI (Khaddour)
Né en 1920 à Bou Saada (Algérie)
Décédé le 21 juin 1984 à M’Sila (Algérie)

Député d’Algérie (Médéa) de 1958 à 1962

A l’image de la date de naissance de Khaddour Messaoudi non connue avec précision, le parcours de ce député de la 4e circonscription d’Algérie, élu durant la Ire législature de la Cinquième République, est peu documenté.

Khaddour Messaoudi est né en 1920 à Bou Saada, dans la circonscription d’Aumale (actuellement Sour El-Ghozlane). Avant son élection, déclaré comme commerçant, il était marié avec Baza Benarous, native de Sidi Aïssa, également situé dans la circonscription d’Aumale. Trois enfants naissent de cette union avant 1962.

Khaddour Messaoudi est élu député à l’Assemblée nationale dans le contexte spécifique des élections législatives de 1958 en Algérie.

Le mode de scrutin y diffère de celui des autres départements. Les événements du 13 mai à Alger ayant précipité le retour au pouvoir du général de Gaulle, le référendum sur la nouvelle Constitution du 28 septembre est marqué en Algérie par une très forte participation et s’avère un plébiscite. L’offre de « paix des braves », proposée le 23 octobre par le général de Gaulle au Front de libération nationale (FLN), a été rejetée. De plus, le 3 octobre, à Constantine, le général de Gaulle s’était engagé à assurer aux Musulmans d’Algérie une représentation au moins égale aux deux tiers des sièges attribués à l'Algérie dans la future Assemblée nationale.

Dans ce contexte sensible, deux ordonnances du 16 octobre 1958 prévoient pour les départements d’Algérie et du Sahara un scrutin de liste majoritaire à un tour unique, assorti d'un numerus clausus répartissant les sièges attribués respectivement à la représentation européenne et à la représentation musulmane. Singularité supplémentaire, la constitution des listes s’est opérée sous un strict regard du général Raoul Salan, simultanément délégué général du gouvernement et commandant en chef en Algérie, et de René Brouillet, secrétaire général aux Affaires algériennes auprès du général de Gaulle. Le collège électoral a parallèlement été élargi, avec l'extension du droit de suffrage aux femmes algériennes.

Khaddour Messaoudi s’est porté candidat dans le 4e circonscription de Médéa, regroupant les arrondissements de Médéa, Boghari, Paul-Cazelles (Aïn Oussara), Djelfa, Aumale (Sour El-Ghozlane), Tablat, Bou Saada et Ouled-Djellal, et comptant quatre sièges à pourvoir. Les listes devaient y inclure trois candidats musulmans et un candidat européen.

Associé à Pierre Vignau, Makhlouf Gahlam et Benalia Benelkadi, il a pris la tête d’une liste dénommée « Union pour la sauvegarde et le renouveau de l’Algérie française », ancrée dans la ligne intégrationniste majoritairement représentée lors du scrutin de novembre 1958. Leur liste était en lice face à une seconde liste intitulée « Liste de fraternité et d’action pour la paix en Algérie », conduite par l’ancien maire de Médéa Joseph Rostoll.

Le scrutin s’est déroulé sous la protection de l’armée, sur fond d’appel au boycott du FLN et d’importants intempéries qui ont perturbé hors des villes l'acheminement par camions militaires des électeurs musulmans vers les bureaux de vote. De fait, en Algérie, la participation n’a pas atteint celle du référendum du 28 septembre précédent, chutant de 80 % à 64 % des inscrits. L’abstention a même été supérieure dans la circonscription de Médéa, atteignant 41,55 % des 305 304 inscrits.

La liste conduite par Khaddour Messaoudi arrive en tête, avec 128 045 des 173 628 suffrages exprimés, soit un taux de 73,75 %. Ce résultat net n’en a pas moins été contesté. L'élection du 30 novembre donne en effet lieu à un contentieux considérable, portant sur seize des dix-huit circonscriptions d'Algérie. D'une circonscription à l'autre, les demandes d'annulation sont fondées sur les motifs suivants : irrégularités de listes électorales, pressions dénoncées sur les électeurs, irrégularités du dépouillement. Ces motifs ont été notamment mis en avant par Joseph Rostoll, dénonçant entre autres la distribution aux électeurs, avant le scrutin, d'enveloppes contenant déjà des bulletins de la liste de Khaddour Messaoudi.

Le Conseil constitutionnel valide l'ensemble des résultats contestés en Algérie, sur la base d'arguments de droit (irrecevabilité des recours, griefs non prouvés) ou en arguant que même prouvé le grief ne pouvait pas avoir déplacé un nombre significatif de voix. Ainsi, dans une décision du 5 mai 1959, il rejette la requête en annulation de Joseph Rostoll, considérant « que le requérant n'apporte pas la preuve de ses allégations, qu'en admettant même que des fraudes aient été commises dans certaines localités, il n'apparaît pas qu'elles seraient susceptibles d'avoir modifié, eu égard au nombre de voix obtenu respectivement par les listes en présence, les résultats de la consultation ».

Dans un contexte toujours sensible, la majorité des nouveaux députés d’Algérie choisit d’abord de renoncer à former un groupe parlementaire spécifique pour mieux signifier le caractère singulier de leur représentation. Le règlement de l'Assemblée nationale leur permit d'opter pour une formation dite administrative, à laquelle s'inscrivirent 66 députés, parmi lesquels Khaddour Messaoudi : la formation dite EAS (Formation administrative des élus d'Algérie et du Sahara).

En juillet 1959, alors qu’était crainte une évolution de la politique algérienne du général de Gaulle (actée dans son discours du 16 septembre 1959 sur l’autodétermination en Algérie), la Formation administrative est finalement érigée en groupe à part entière, le groupe Unité de la République, présidé par l'avocat Pierre Portolano, député de Bône, afin de donner aux députés d'Algérie davantage d’audience. Toutefois, à la rentrée parlementaire d'octobre 1959, le groupe ne compte plus que 51 membres sur les 66 de la Formation administrative EAS. Khaddour Messaoudi fait partie des députés ayant préféré se déclarer non-inscrits. Il se ravise cependant par la suite, en ralliant le 30 juin 1960 le groupe Unité de la République, renommé groupe du Regroupement national pour l'unité de la République en décembre 1960. Cette adhésion témoigne d’un positionnement pro-Algérie française resté marqué, alors que d’autres parlementaires d’Algérie ont, à l’inverse, créé en 1961 un groupe dénommé Rassemblement démocratique algérien (RDA), demandant l'ouverture de négociations avec le FLN puis se déclarant partisan de l'indépendance de l'Algérie.

Khaddour Messaoudi siège à la commission des affaires étrangères de 1959 à 1961 puis est membre de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la République à partir de juillet 1961.

Une fois l'indépendance de l’Algérie effective, les députés d’Algérie et du Sahara cessent leurs fonctions. Et il est mis fin à leur mandat par l’ordonnance du 3 juillet 1962.

Représentant d’une ligne politique intégrationniste désormais hors de propos en Algérie, Khaddour Messaoudi s’établit en France. Selon un article du Monde du 18 avril 1963 consacré aux anciens parlementaires d’Algérie, il travaille désormais dans l’hôtellerie.

Khaddour Messaoudi est décédé le 21 juin 1984, à l’âge de soixante-quatre ans.