Jean Zuccarelli
1907 - 1996
ZUCCARELLI (Jean)
Né le 7 mars 1907 à Bastia (Corse)
Décédé le 16 décembre 1996 à Ville-di-Pietrabugno (Haute-Corse)
Député de la Corse de 1962 à 1967, en 1968, de 1973 à 1978 et de la Haute-Corse de 1981 à 1986
Jean Zuccarelli naît le 7 mars 1907 à Bastia. Il est le fils de Pascal Zuccarelli, médecin, et de Marie Bonaccorsi. Jean Zuccarelli fréquente le lycée de Bastia avant d’entreprendre des études de droit à la faculté de Montpellier.
Titulaire d’une licence en droit, il s’inscrit au barreau et devient avocat à la cour d’appel de Bastia en juillet 1929. Il est élu maire de Santa-Lucia-di-Mercurio (commune aujourd’hui située dans le département de la Haute-Corse) en 1935. Il se marie, le 2 avril 1935, à Mme Jacqueline Barranque-Sari et devient ainsi le gendre d’Emile Sari (1876-1937), conseiller général de Corse de 1912 à 1937, maire de Bastia et sénateur de Corse de 1921 à 1937.
Jean Zuccarelli devient membre du conseil de l’ordre des avocats en 1938 et bâtonnier de 1945 à 1946. En 1945, il est élu conseiller général de Corse (canton de Sermano) puis conseiller municipal de Bastia en 1947 (réélu en 1953). Réélu conseiller général en 1949 et en 1955, il est président du conseil général de la Corse de décembre 1956 à février 1958. Il occupe de nouveau la charge de bâtonnier en 1955 et 1956.
Lors des premières élections législatives de la Ve République, les 23 et 30 novembre 1958, Jean Zuccarelli se porte candidat dans la deuxième circonscription de la Corse (Bastia et Saint-Florent) sous l’étiquette radical-socialiste. Au premier tour, il se classe en quatrième position, avec 17,47 % des suffrages exprimés, derrière le candidat du Centre national des indépendants et paysans (CNIP) Jacques Gavini (20,54 %), le gaulliste de l’Union pour la nouvelle République, Raoul Maymard (20,35 %) et le candidat du centre Jacques Faggianelli (18,62 %). Il devance en revanche le communiste Pierre Giudicelli (16,72 %), le candidat SFIO Sébastien De Casalta (5,76 %) et un candidat sans étiquette, Pierre Maestracci-Pietri (0,54 %). Au second tour, Jacques Gavini s’impose avec 35,97 % des suffrages, devant Raoul Maymard pour l’UNR (24,2 %) et Jean Zuccarelli (23,53 %) est arrivé en troisième position.
Il est réélu au conseil général de Corse en 1961.
A nouveau candidat dans la deuxième circonscription de Corse, lors des élections législatives anticipées de novembre 1962, sous l’étiquette radicale-socialiste, Jean Zuccarelli se classe en tête au premier tour avec 35,98 % des suffrages exprimés, devant le député sortant Jacques Gavini (CNIP – 26,76 %), Marcel Sammarcelli (UNR-UDT – 18,17 %), Pierre Giudicelli (PCF – 17,44 %) et le candidat d’extrême droite Pierre Maestracci (1,65 %). Au second tour, alors que le candidat communiste se retire, Jean Zuccarelli est élu avec 55,55 % des voix, Jacques Gavini et Marcel Sammarcelli recueillant respectivement 23,8 % et 20,65 % des suffrages exprimés.
A l’Assemblée nationale, Jean Zuccarelli s’inscrit au groupe du Rassemblement démocratique. Il est membre de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. Il siège aussi à la commission supérieure de codification (février 1963), à la commission spéciale chargée d’examiner la proposition de loi relative aux filiales d’entreprises publiques et au sein de la commission spéciale chargée d’examiner le projet pour l’amélioration de la production et de la structure foncière des forêts françaises (mai 1963).
Jean Zuccarelli est l’auteur de quatre propositions de loi au cours de ce premier mandat : portant extension du régime de protection contre les calamités agricoles aux marins-pêcheurs (avril 1965), portant extension de la législation relative à l’enseignement des langues et dialectes locaux au département de la Corse (juin 1965), portant modification des conditions du contrôle des prix de revient des entreprises privées passant des contrats de marchés avec des services publics (mai 1966) et tendant à assurer l’indépendance des fonctionnaires et agents des services publics cités comme témoins ou désignés comme experts devant diverses juridictions de contrôle ou divers organismes d’enquête (mai 1966).
En séance publique, Jean Zuccarelli s’intéresse aux difficultés éprouvées par le secteur de la marine marchande lors des débats budgétaires de janvier et octobre 1963, mais aussi d’octobre 1965 et d’octobre 1966. Il participe également aux discussions sur le projet de loi modifiant le Code des douanes en juin 1963. En mai 1965, il prend part au débat sur la déclaration du gouvernement relative à sa politique en matière d’éducation nationale et s’inquiète des conséquences de la réforme de l’enseignement en Corse. Il déplore alors la fermeture de deux lycées, à Corte et à Sartène, et plaide pour le rapprochement de l’école du domicile familial. En juin de la même année, il demande à ce que la Corse puisse bénéficier, en tant que département défavorisé, de crédits supplémentaires en matière d’équipements sportifs et socio-éducatifs. A l’occasion des travaux sur le projet de loi portant approbation du Plan de développement économique et social en novembre 1965, Jean Zuccarelli s’inquiète de l’absence de prise en compte des particularités de la Corse, ce qui le conduit à voter contre le projet de loi. Il participe également, au cours de la deuxième législature, aux discussions sur l’amnistie d’infractions contre la sûreté de l’Etat ou commises en relation avec les événements d’Algérie (avril 1966), sur les mesures de protection et de reconstitution à prendre pour les massifs forestiers particulièrement exposés aux incendies (mai 1966), sur les sociétés civiles professionnelles (mai 1966) et sur les réformes du droit électoral (décembre 1966).
Sur le plan local, Jean Zuccarelli est candidat aux élections municipales à Bastia en 1965, sans succès.
Il se porte à nouveau candidat, en mars 1967, aux élections législatives, dans la deuxième circonscription de la Corse. Au premier tour, il arrive en deuxième position, avec 26,89 % des suffrages exprimés, derrière l’ancien maire de Bastia, devenu gaulliste, Jacques Faggianelli (30,88 %). Il devance toutefois le communiste Pierre Giudicelli (16,17 %) le modéré Pierre-Paul Giacomi (16,06 %), la candidate du Centre démocrate Catherine Hauvespre-Gavini (5,92 %) et le régionaliste Max Simeoni (3,68 %). Au second tour, Jean Zuccarelli s’incline avec 49,46 % face au candidat gaulliste.
En septembre de la même année, il est réélu au conseil général de la Corse (canton de Sermano). L’année suivante, en janvier 1968, il est élu conseiller municipal et maire de Bastia à l’occasion d’une élection partielle.
Le 24 janvier 1968, le Conseil constitutionnel, saisi par Jean Zuccarelli et constatant plusieurs irrégularités au cours du scrutin de 1967, annule l’élection de Jacques Faggianelli. A la faveur d’une élection partielle, Jean Zuccarelli retrouve son siège à l’Assemblée nationale le 29 avril 1968. L’Assemblée prend acte de son élection le 2 mai 1968. Il s’inscrit au groupe de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) et siège au sein de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. Il vote par délégation le 22 mai 1968 la motion de censure qui n’est pas adoptée à 11 voix près, contre le gouvernement de Georges Pompidou. Il n’appartient toutefois guère plus d’un mois au Palais- Bourbon, le général de Gaulle décidant de dissoudre l’Assemblée nationale le 30 mai 1968.
De nouveau candidat sous l’étiquette FGDS, dans la deuxième circonscription de la Corse, le 23 juin 1968, Jean Zuccarelli s’incline dès le premier tour. En effet, le candidat de l’Union pour la défense de la République (UDR) Pierre-Paul Giacomi est élu d’emblée avec 53,05 % des suffrages exprimés (soit 19 540 voix) devant le député sortant (28,5 %), devant Pierre Giudicelli pour le PCF (17,09 %) et devant Georges Viale pour le Parti socialiste unifié (PSU) qui obtient 1,31 %.
Jean Zuccarelli continue alors de s’investir sur le plan local et est réélu maire de Bastia en mars 1971.
Candidat à nouveau dans la deuxième circonscription de Corse sous l’étiquette du Mouvement des radicaux de gauche (MRG), lors des élections législatives de mars 1973, Jean Zuccarelli se classe en deuxième position, au premier tour, avec 29,3 % des suffrages exprimés (soit 11 197 voix) derrière le député sortant de l’Union des démocrates pour la République (UDR) Pierre-Paul Giacomi (44,35 %) et devant le communiste Pierre Giudicelli (21,05 %) et le radical, membre du Mouvement réformateur, Paul Renucci (5,24 %). En ballottage très défavorable, Jean Zuccarelli l’emporte toutefois au second tour, bénéficiant du retrait du candidat communiste, avec 55,40 % des suffrages exprimés contre 44,60 % pour le député sortant.
Au Palais-Bourbon, Jean Zuccarelli s’inscrit au groupe du Parti socialiste et des radicaux de gauche et siège, tout au long de ce troisième mandat, au sein de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. Il est l’auteur, en mai 1974, d’une proposition de loi organique tendant à élargir les pouvoirs du Parlement et relative à la gestion des comptes spéciaux du Trésor et aux amendements aux projets de loi de finances. Il dépose également une proposition de résolution tendant à la création d’une commission d’enquête parlementaire sur la situation de la conserverie industrielle de fruits et légumes de Casamozza en Corse en juillet 1974 et présente, en novembre suivant, un rapport fait au nom de sa commission d’appartenance sur ce thème.
Il est l’auteur, au cours de la cinquième législature, de deux questions orales sans débat : l’une portant sur la pollution de la Méditerranée par les « boues rouges » (mai 1973), l’autre sur le transfert à Ajaccio du commandement militaire de la Corse (mai 1977).
En séance publique, Jean Zuccarelli rappelle, après une déclaration du ministre des Anciens combattants, que les droits des déportés de la Corse n’ont jamais été reconnus (mai 1973). Au cours des débats sur le projet de loi relatif au droit de licenciement, il plaide pour une intervention plus rapide du juge judiciaire en cas de non-conciliation et réclame une unification de la législation sur les licenciements, qu’il s’agisse des petites ou des grandes entreprises (mai 1973). En novembre 1974, Jean Zuccarelli intervient en particulier sur le projet de loi de finances pour 1975, il s’inquiète de la qualité et de l’efficacité du service de la marine marchande en ce qui concerne les liaisons avec la Corse et demande davantage de subventions étatiques. Il évoque aussi le fonds d’expansion économique de la Corse, estime contestables certaines priorités qu’il a retenues et demande, sans succès, que la gestion de ce fonds soit transférée au conseil régional de la Corse. En avril 1975, il prend part aux débats sur le projet de loi portant réorganisation de la Corse, et la scindant en deux départements. Il souligne le rôle séculaire de Bastia comme capitale de l’île. Il dépose un amendement, finalement retiré, tendant à créer des services départementaux identiques dans les deux départements. Jean Zuccarelli critique, en décembre 1975, le projet de loi modifiant certaines dispositions du code électoral. Il redoute que ce projet ne développe l’abstentionnisme et plaide pour un meilleur contrôle des listes électorales afin de lutter contre la fraude. A la fin de la cinquième législature, Jean Zuccarelli participe aux discussions sur le projet de loi relatif à la prévention et à la répression de la pollution marine (avril 1976) et désapprouve le projet de loi portant approbation du VIIe Plan de développement économique et social (juin 1976). Pour lui, la Corse ne bénéficiera pas des avantages de ce Plan et il regrette le manque de fonds débloqués pour la construction de l’hôpital de Bastia et dans le domaine du tourisme. Il déplore également la persistance d’injustices malgré les progrès accomplis pour l’application du principe de continuité territoriale.
Sur le plan local, Jean Zuccarelli est réélu au Conseil général de Corse en septembre 1973 et en mars 1976 et conseiller municipal puis maire de Bastia en mars 1977 mais l’élection est annulée par le tribunal administratif de Bastia. Le 18 septembre de l’année suivante, il retrouve toutefois son siège de maire.
Lors des élections législatives de mars 1978, Jean Zuccarelli se présente sous l’étiquette MRG dans la première circonscription de Haute-Corse. Une nouvelle fois, c’est Pierre Giacomi, candidat du Rassemblement pour la République (RPR) qui se classe en tête au premier tour avec 31,18 % des suffrages exprimés, devant lui (MRG – 24,18 %), Pierre Giudicelli (PCF – 21,73 %), Marie-Jean Vinciguerra de l’Union pour la démocratie française (UDF) qui recueille 19,66 % et Lucie Molinelli (Divers écologistes – 3,23 %). Au second tour, alors que Pierre Giudicelli et Marie-Jean Vinciguerra se retirent, Jean Zuccarelli s’incline avec 48,10 % des suffrages face au candidat RPR.
Après la dissolution parlementaire décidée au printemps 1981 par le président nouvellement élu François Mitterrand, Jean Zuccarelli se présente une ultime fois aux élections législatives, dans la première circonscription de Haute-Corse. Encore une fois, c’est le député RPR sortant Pierre Giacomi qui arrive en tête au premier tour avec 43,15 % des suffrages exprimés, devant Jean Zuccarelli (MRG – 24,55 %), Pierre Giudicelli (PCF – 19,79 %), Charles Santoni (PS – 12,11 %) et Albertini de Buttafoco (Extrême droite – 0,40 %). Au second tour, le député sortant ne peut compter sur aucune réserve de voix. C’est la raison pour laquelle Jean Zuccarelli s’impose finalement avec 54,70 % des suffrages contre 45,30 %.
Son élection est contestée le 29 juin 1981 par Pierre Giacomi devant le Conseil constitutionnel, alléguant que des distributions de tracts et des affichages auraient été opérés la veille et le jour même du scrutin, que des pressions sur certains électeurs auraient été exercées au domicile de ceux-ci par des agents communaux et que des fraudes auraient été relevés sur l’établissement des listes électorales et lors du déroulement du scrutin. Considérant que ces griefs ne sont pas suffisamment caractérisés et prouvés par le requérant, le Conseil constitutionnel rejette la requête par une décision du 5 novembre 1981.
A l’Assemblée nationale, Jean Zuccarelli s’apparente au groupe socialiste et siège au sein de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. Il est membre suppléant, au cours de la septième législature, de deux commissions mixtes paritaires constituées pour l’examen du projet de loi portant statut particulier de la Corse en janvier 1982 et de la proposition de loi tendant à réglementer les activités privées de surveillance, de gardiennage et de transports de fonds en juin 1983.
En séance publique, Jean Zuccarelli prend activement part aux débats sur le projet de loi portant statut particulier de la Corse en janvier et février 1982. S’exprimant sur le sort futur de la région de Corse, il souligne le besoin général d’un soutien économique pour la création d’emplois pour les jeunes, du maintien des liens maritimes et aériens avec le continent, de la nécessité d’implanter une industrie légère en Corse et souligne l’importance de dispositions fiscales incitatives. En 1984, il prend la parole sur une proposition de loi relative à l’élection de l’Assemblée de Corse (juin 1984) et lors des débats budgétaires pour l’année 1985 à propos de la desserte aérienne de la Corse et du tourisme sur l’Ile de Beauté.
Sur le plan local, il est réélu maire de Bastia en 1983 et conseiller général MRG de la Haute-Corse en 1985 (canton de Bastia I).
Jean Zuccarelli décide de ne pas se représenter lors des élections législatives de 1986 (c’est son fils Emile qui est élu en Haute-Corse) mais il poursuit sa carrière politique locale. S’il quitte ses fonctions de maire de Bastia en 1989, il est néanmoins réélu au conseil général de Haute-Corse en 1992.
Jean Zuccarelli s’éteint le 16 décembre 1996 à Ville-di-Pietrabugno (Haute-Corse). Il était marié à Mme Jacqueline Barranque-Sari et père de cinq enfants, dont Emile Zuccarelli, né en 1940, député de Haute-Corse de 1986 à 2007, ministre des Postes et télécommunications de 1992 à 1993, ministre de la Fonction publique et de la réforme de l’Etat de 1997 à 2000, maire de Bastia de 1989 à 1997 et de 2000 à 2014 et conseiller territorial à l’Assemblée de Corse entre 1998 et 2002 et en 2004. Le petit-fils de Jean Zuccarelli, qui porte le même prénom que son aïeul, a été conseiller exécutif de l’Assemblée de Corse entre mars 2010 et décembre 2015.
Décoré à de multiples reprises, Jean Zuccarelli était chevalier de la Légion d’honneur, récipiendaire de la Croix de guerre 1939-1945 et de la Croix du combattant volontaire. Il était aussi chevalier du Mérite civil et officier du mérite sportif.