33 premières députées

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Onglet actif : 33 premières députées

visuel 33 premières femmes députées

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Onglet actif : Vers la reconnaissance de la citoyenneté des femmes

70ème anniversaire du vote des femmes

70ème anniversaire du vote des femmes

Entre les premières prises de position en faveur du vote des femmes - dès la Révolution - et l'ordonnance du 21 avril 1944, plus de 150 ans se sont écoulés. 150 ans au cours desquels la question a été régulièrement abordée mais tout aussi régulièrement écartée sur la base de deux arguments récurrents : faites pour être mères et épouses, les femmes seraient trop sujettes aux émotions pour discuter sereinement des affaires politiques - certains craignent « la dictature des sentiments » ; par ailleurs, leur sensibilité religieuse risquerait de mettre en péril la République.

Si la Première Guerre mondiale a sensiblement fait évoluer le débat, en raison de la contribution des femmes à l'effort de guerre, les résistances subsistent. Elles sont particulièrement vives au Sénat : de 1919 à la Seconde Guerre mondiale, la Chambre des députés adopte un certain nombre de propositions de loi instituant, sous des formes variées, le suffrage féminin mais les sénateurs les repoussent systématiquement, voire ne les examinent pas, malgré des résolutions votées par les députés invitant le Gouvernement à « user de son influence » pour faire inscrire ces textes à l'ordre du jour du Sénat. La dernière - et toujours vaine - tentative a lieu en 1936. La Chambre du Front populaire adopte le 30 juillet, à la quasi-unanimité des 489 votants (488 voix pour, une voix contre), la proposition de loi de Louis Marin donnant aux femmes le droit de vote et d'éligibilité à toutes les élections. La Seconde Guerre mondiale surviendra avant que le Sénat s'en saisisse.

Il faut une nouvelle guerre pour qu'enfin les choses changent. Le rôle actif des femmes dans la Résistance emporte la décision, même s'il ne doit pas faire oublier les dizaines d'années de combats suffragistes qui ont précédé et ont « préparé le terrain ». L'Assemblée consultative d'Alger commence à débattre à la fin de janvier 1944 du projet d'ordonnance sur l'organisation des pouvoirs publics après la Libération, sur lequel elle doit émettre un avis. Jusqu'au 24 mars 1944, ce projet ne vise que l'éligibilité des femmes ; il n'est pas encore question de droit de vote. C'est un amendement vigoureusement défendu par le délégué communiste Fernand Grenier qui l'introduit, « afin que nous manifestions [à la femme] notre solidarité et notre volonté de ne plus la traiter en mineure, en inférieure ». Les débats sont vifs, de nombreuses réticences subsistant, notamment chez les radicaux. Est notamment mis en avant le risque de déséquilibre politique qu'entraînerait un électorat majoritairement féminin, avant le retour des prisonniers et déportés. Finalement, l'amendement Grenier est adopté le 24 mars 1944 et le texte devient : « les femmes seront électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes ».

Ainsi, l'ordonnance du 21 avril 1944 (Journal officiel du 22 avril 1944) portant organisation des pouvoirs publics en France dispose en son article 17 que « les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes ». Elles exercent ces droits pour la première fois lors des élections municipales du 29 avril 1945.

Assemblée nationale ">
ordonnance du 21-04-1944

ordonnance du 21-04-1944