Une vie de combats
Résistant de la première heure et encouragé par l’appel du 18 juin 1940, Lucien Neuwirth, alors âgé de 18 ans, quitte en 1942 sa ville natale de Saint-Étienne et parvient à rejoindre les Forces françaises libres à Londres au cours de l’été 1943 après huit mois de détention dans un camp espagnol. Il est alors affecté au régiment des parachutistes SAS (Special Air Service) français.
En avril 1945, son bataillon est parachuté en Hollande où il se trouve encerclé par l’armée allemande qui procède à l’exécution des prisonniers. Lucien Neuwirth se trouve par miracle épargné lors de la fusillade par le peloton d’exécution, les pièces de monnaie anglaises de son portefeuille ayant détourné le coup. Fidèle à son engagement gaulliste, il débute sa carrière politique en 1947 à Saint-Etienne lors de l’élection municipale où, bien que placé en fin de liste, il se retrouve élu en cinquième position. Conseiller municipal à la commission des divorces et de l’aide sociale, Lucien Neuwirth est sensible au désarroi de couples confrontés à des grossesses non désirées.
Devenu officier de réserve en 1958, il accomplit son service au sein du bureau d’action psychologique d’Alger où il retrouve ses compagnons gaullistes Léon Delbecque, Guy Ribaud et Jean Pouget avec lesquels il prépare le retour du général de Gaulle.
Après le putsch d’Alger du 13 mai 1958, il devient le représentant permanent en Algérie de Jacques Soustelle, ministre de l’information du gouvernement de Gaulle. Il se présente aux élections législatives en novembre 1958 à Saint-Étienne
et sera élu député jusqu’en 1981.
Il met son mandat au service de son combat en faveur de la contraception orale – il a notamment découvert lors de son passage à Londres que les Britanniques y avaient accès – et dépose en mai 1966 la proposition de loi visant à la légaliser, avec le soutien du général de Gaulle alors Président de la République. La loi relative à la régulation des naissances sera promulguée le 28 décembre 1967, les décrets d’application sur les stérilets et sur les établissements d’information, de consultation ou de conseil familial et sur les établissements de planification familiale n’étant publiés qu’en 1972.
En septembre 1983, Lucien Neuwirth est élu sénateur et il conservera son mandat jusqu’en 2001.
Durant l’exercice de son mandat au Palais du Luxembourg, il s’engage pour la prise en compte de la douleur des patients lors des traitements médicaux et en fin de vie.
Il est à l’origine d’un amendement en ce sens dans la loi du 4 février 1995 et rapporte la loi du 9 juin 1999 visant à garantir le droit à l’accès aux soins palliatifs.
Interview de Lucien Neuwirth par Jean-Claude Narcy,
à l'Assemblée nationale le 13 avril 2006