Contenu de l'article
Claude Joseph Rouget de Lisle naît le 10 mai 1760 à Lons-le-Saulnier. Il est l’aîné des huit enfants de Claude Ignace Rouget, avocat du roi au Baillage et au Présidial de la ville et de Jeanne Madeleine Gaillande. Il passe son enfance non loin de sa ville natale, au bourg de Montagu, où vivent ses parents. Dès son plus jeune âge, il se passionne pour la musique. Après des études au collège où il aurait déjà manifesté des talents de poète, il reçoit, à Paris, une formation militaire. A l’issue de six années à l’École militaire, il est sous-lieutenant et termine ses études au corps royal du Génie. Il en sort en 1784 avec le grade d'aspirant-lieutenant en second. Il poursuit sa carrière sous la Révolution, devenant lieutenant en premier en 1789. Il est nommé capitaine le 1er avril 1791.
Capitaine de 5e classe au génie dans l'armée du Rhin, il est envoyé à Strasbourg où il écrit les paroles d’un Hymne à la Liberté mis en musique par Ignace Pleyel et exécuté sur la place d’Armes. Il est capitaine de 5e classe au génie dans l'armée du Rhin, à Strasbourg lorsque l'Assemblée nationale adopte la déclaration de guerre au roi de Bohême et de Hongrie. Au cours d'une réception organisée le 24 avril 1792 en l'honneur des officiers de la garnison de Strasbourg par le maire de Strasbourg Dietrich, celui-ci s’adresse à Rouget de Lisle : « Monsieur de Lisle, faites-nous quelque beau chant pour ce peuple soldat qui surgit de toutes parts à l'appel de la patrie en danger et vous aurez bien mérité de la nation ». De retour chez lui, Rouget de Lisle écrit les paroles et compose la musique d’un Chant de guerre pour l'armée du Rhin, dédié au maréchal Lukner. Le lendemain soir, au cours d’un dîner offert par Dietrich le chant est interprété avec l’accompagnement d’une dame au piano-forte. Le chant se répand dans toute la France. Entonné par le bataillon des Marseillais dans leur marche vers Paris en juillet 1792, le chant est appelé La Marseillaise par les Parisiens.
L'œuvre connaîtra une plus grande fortune que son auteur. Le 1er mai 1792 Rouget de Lisle est nommé à Neuf-Brisach, puis détaché à Huningue. Il est suspendu par Lazare Carno t car il lui est reproché d’avoir protesté contre l’internement de Louis XVI après l’invasion des Tuileries. Il reprend du service lors de l’invasion qui menace Paris. Il est définitivement suspendu en août 1793. Suspecté, il est incarcéré à la prison de Saint-Germain-en-Laye, ce qui lui inspirera son Hymne dithyrambique sur la conspiration de Robespierre et la Révolution du 9 thermidor célébrant la chute de Robespierre. Le 30 ventôse an III (20 mars 1795), il participe à l’expédition de Quiberon avec Hoche dont le plan de bataille permet de repousser les assiégeants royalistes.
Sous la Convention thermidorienne il est considéré comme un véritable Tyrtée et un décret du 26 messidor an III (24 juillet 1795) dispose que « les airs et chants civiques qui ont contribué au succès de la Révolution seront exécutés par les corps de musique de la garde nationale et des troupes de ligne ». Il participe aux côtés de Bonaparte à la défense de la Convention le 13 vendémiaire (5 octobre 1795), opération chassant les royalistes des Tuileries, du Louvre et du Palais-Royal. Après un passage à l'armée de l'ouest à la suite de Tallien, il démissionne le 9 avril 1796.
Il compose en 1796 un recueil d’Essais en vers et en prose. Le 18 floréal an VI (7 mai 1798), il fait représenter à l’opéra un Chant des Vengeances. Puis il est accrédité agent auprès du gouvernement français par l'ambassade de la République Batave. Après le 18 brumaire il s’oppose à Bonaparte. Sous l'empire, il est à la tête d'une entreprise de fournitures de vivres auprès des armées. Il continuera son activité littéraire par la rédaction de préfaces, la traduction d’ouvrages en anglais et la publication de mémoires. Il finira sa vie dans la pauvreté, contraint de vendre la part d'héritage de la propriété venant de son père. Louis Philippe lui accorde une petite pension viagère. Malade, il est recueilli en 1826 par un de ses camarades de l'armée, le général Bein, à Choisy-le-Roi. Il décède dans cette ville le 26 juin 1836 à l'âge de 76 ans où il est inhumé. Le journal Le Siècle publie le 2 juillet 1836 un poème « La mort de Rouget de Lisle » :
« Des amis de Juillet deux seuls te sont fidèles
Le peuple et le soleil ! »
Au printemps 1915, les troupes françaises subissent des revers en Artois. Raymond Poincaré, Président de la République, pour redonner de l’ardeur décide la translation du corps de l’officier-poète au Panthéon. Ses cendres seront en fait transportées aux Invalides le 14 juillet 1915.