Autriche

Partager

Contenu de l'article

Audition, par visioconférence, de Son Exc. M. Michael Linhart, ambassadeur d’Autriche en France

4 décembre 2020

Lire le compte rendu de l'audition

Petit déjeuner de travail avec l’ambassadeur d’Autriche en France
16 janvier 2019

Étaient présents : Sylvain Waserman, président, Cendra Motin, vice-présidente, Jacques Cattin et Michel Herbillon, secrétaires, Marc Le Fur, vice-président de l’Assemblée nationale, Joël Giraud, Eric Poulliat et Liliana Tanguy, députés.

Après avoir souhaité la bienvenue aux parlementaires et s’être brièvement présenté, Son Exc. M. Michael Linhart, ambassadeur d’Autriche en France, a rendu compte de la présidence autrichienne du Conseil de l’Union européenne. Durant cette période il a eu l’occasion de travailler étroitement avec les ministres français et les conseillers de l’Elysée, notamment avant la tenue des conseils des ministres et du conseil européen, en s’appuyant notamment sur les consultations européennes, qui se sont révélées être un instrument très utile. D’une manière générale, les relations franco-autrichiennes sont excellentes et sans complication. Les priorités européennes sont semblables aux deux pays, de même que la vision de l’Europe et de son futur.

Plusieurs parlementaires sont ensuite intervenus.

Joël Giraud a fait part de son intérêt pour l’expérience autrichienne en matière de trains de nuit. Au moment où le Parlement est saisi du projet de loi d’orientation des mobilités, il pourrait être intéressant d’auditionner à l’Assemblée nationale les représentants d’ÖBB.

Cendra Motin a estimé que le gouvernement français devrait s’intéresser au système de formation autrichien et s’en inspirer.

Sylvain Waserman a rappelé que l’aspect pro-européen était très affirmé dans le pacte de coalition gouvernementale en Autriche et demandé si les deux partis de la coalition proposeraient des listes séparées pour les élections européennes.

Michel Herbillon a souhaité savoir quel était le niveau de popularité du gouvernement de coalition et si la mise en place de deux listes séparées pour chacun des partis du gouvernement ne risquait pas d’entraîner des divisions au sein de cette coalition.

Eric Poulliat a demandé si l’extrême-droite autrichienne s’inscrivait dans une logique européenne avec les partis hongrois ou français par exemple ou si elle restait plutôt centrée sur la Nation.

Marc Le Fur a posé la question de savoir si l’Union européenne avait été au bout du chemin dans son accueil des pays d’Europe orientale. A certaines occasions, des clivages ont été créés et on a failli montrer du doigt, notamment au Parlement français, la Pologne et la Hongrie par exemple. Quel rôle l’Autriche peut-elle jouer en Europe pour faire le lien entre Europe orientale et Europe occidentale ?

M. l’ambassadeur a répondu aux questions des parlementaires.

Il a fait part de sa disponibilité pour faciliter les contacts avec les représentants d’ÖBB et communiquer à la représentation nationale toute information relative au système de formation autrichien.

Il y aura bien deux listes séparées pour les élections européennes. Il n’en demeure pas moins que le programme de la coalition est basé sur le respect des règles européennes. C’est une des conditions de ce compromis de coalition, même si le Chancelier reconnaît que les deux partis de la coalition ont des approches différentes sur l’Europe. Même en politique intérieure, le cadre reste lié au respect du programme de coalition. Les deux partis ont tout intérêt à continuer ce travail au gouvernement ne serait-ce que pour montrer qu’ils sont capables de gouverner.

La campagne pour les élections européennes qui va commencer portera essentiellement sur le sujet de la sécurité générale, c’est-à-dire en premier lieu les migrations. C’est un sujet central en Autriche où une élection se perd ou se gagne sur ce sujet. Si on pose la question aux Autrichiens de savoir s’ils souhaitent un Öxit, une sortie de l’Autriche de l’Union européenne, il est probable qu’ils répondront non à 73 %. Mais si vous leur demandez s’ils sont satisfaits de l’Union européenne, ils vous répondront également non à 73 %. C’est en partie lié à cette question. Par ailleurs, le fait d’avoir le parti d’extrême-droite au gouvernement s’apparente à une forme de contrôle et un moyen d’empêcher les populismes.

Comme la France, l’Autriche procède à des réformes, avec une coalition dans laquelle on trouve un parti très conservateur, mais cela fonctionne, le gouvernement travaille et ne se dispute plus. C’est ce qui importe aux yeux des Autrichiens car avec la coalition précédente rien ne fonctionnait plus, ce qui a provoqué les élections anticipées. Le chancelier est en bonne position dans les sondages, son taux de popularité monte constamment. Il est autour de 38 % en ce moment. Le vice-chancelier qui est aussi le chef du parti d’extrême droite est loin derrière. Le parti socialiste est extrêmement faible et n’arrive pas à se relancer. Les Verts sont également en difficulté. A Vienne, ville de tradition socio-démocrate, les résultats des prochaines municipales, prévues en 2020, sont très attendus. Actuellement les conservateurs sont à moins de 10 % dans la capitale.

Le parti d’extrême droite autrichien ne peut être comparé au parti de Marine Le Pen dans la mesure où il critique l’Union européenne et l’Euro sans être contre. Certes ce parti a noué des relations étroites avec les autres partis semblables en Europe comme ceux de Hongrie, d’Italie ou de France. Mais, il faut également prendre en compte l’histoire, la tradition, l’environnement géopolitique dans lequel chacun de ces partis se situe et évolue. Les pays de la zone des Balkans ont été sous domination russe pendant cinquante ans puis sont devenus membres d’une Union européenne dictée par la France et l’Allemagne. Il faut continuer à dialoguer et échanger avec ces partis pour les engager et les insérer dans l’Europe. Si on exclut Viktor Orban, on prend le risque que se constitue à plus ou moins long terme une majorité d’extrême droite au sein du Parlement européen. Il vaut mieux garder ces représentants au sein des groupes qui sont pro-européens. C’est au sein du PPE que l’on peut discuter avec Viktor Orban et non pas en dehors. Il ne faut pas l’écarter.

A cet égard, l’ambassadeur a fait part de sa disponibilité pour appuyer et soutenir les parlementaires français qui souhaiteraient nouer des contacts avec leurs homologues hongrois, autrichiens, etc. Les ambassadeurs de la République tchèque et de Slovaquie ont d’ailleurs fait part de la volonté de leurs autorités de dépasser le groupe de Višegrad. Au sein de ce groupe il n’y a accord que sur deux sujets, la pression migratoire et les fonds structurels. Sur tous les autres sujets il y a divergence entre les pays membres de Višegrad.

Enfin, la région des Balkans est certes très importante pour l’Autriche mais également pour l’Europe en termes de stabilité, de paix et de prospérité. La perspective européenne est le seul moteur qui fait avancer ces pays en matière de réformes intérieures et de voisinage. Par ailleurs, si l’Europe ne s’engage pas aux côtés de ces pays, d’autres puissances le feront comme la Chine, la Russie, la Turquie, l’Arabie Saoudite…

Le président Sylvain Waserman a remercié l’ambassadeur pour la qualité de l’échange et proposé de solliciter la présidente de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale pour organiser prochainement une audition des trois ambassadeurs d’Autriche, de République tchèque et de Slovaquie sur cette question.

Audition de M. Jérôme Segal, universitaire
21 février 2018

Étaient présents : Sylvain Waserman, président, et Raphaël Schellenberger, vice-président.

Remerciant M. Jérôme Segal de sa présence, Sylvain Waserman, président, a fait part du souhait des membres du groupe d’amitié de prendre connaissance de sa lecture de la situation en Autriche. Par ailleurs, il s’est interrogé sur le rôle que pourrait jouer la diplomatie parlementaire dans la mesure où l’exécutif est en quelque sorte gêné par le positionnement très à droite de l’Autriche, à la suite de la constitution du gouvernement de coalition entre le parti populaire (ÖVP) et le parti de la liberté (FPÖ).

Après avoir présenté sa perspective (centralien, historien, maître de conférences à la Sorbonne ayant aussi enseigné à l’université de Vienne), M. Jérôme Segal a décrit la situation politique en Autriche comme complexe et procédé à quelques rappels historiques. En qualifiant l’Autriche de « tête sans membres » Stefan Zweig a signifié que l’Autriche souffrait de nostalgie au regard de ce qu’a été l’Empire austro-hongrois. En 1943, la déclaration de Moscou reconnaît l’Autriche comme la première victime du nazisme et, depuis, l’Autriche joue de cette déclaration. Au moment de la création du parti FPÖ, en 1956, un seul membre n’était pas un ancien nazi. Ce n’est qu’à partir de l’affaire Waldheim, survenue en 1986, que l’on a commencé à s’interroger sur ce passé nazi. En 1991, le chancelier social-démocrate Franz Vranitzky (SPÖ) reconnaît la responsabilité de l’Autriche. Lorsque Jörg Haider décède, en 2008, il est salué comme un héros en Autriche et ne fait l’objet d’aucune critique. Alors qu’aux élections législatives de 1999, le parti FPÖ avait obtenu 26,9 % des suffrages, aux élections présidentielles de 2016, son candidat Norbert Hofer réalise au second tour un score de 46 %.

Plusieurs raisons expliquent le succès du FPÖ en 2017. C’est tout d’abord l’expression du refus d’une nouvelle grande coalition entre les sociaux-démocrates et les conservateurs (comme cela a été le cas pendant 44 ans depuis la fin de Seconde Guerre mondiale). Même si le taux de chômage est peu élevé, il existe tout de même une certaine précarisation que les coalitions précédentes n’ont pas su réduire. Par ailleurs, il n’existe pas d’autre force d’opposition que le FPÖ dans la mesure où les écologistes sont déjà au pouvoir localement, par exemple à Vienne, et qu’il n’y a pas de parti fort à gauche des sociaux-démocrates en Autriche, à l’instar de La France insoumise en France par exemple. La crise de l’Europe relative à l’accueil des migrants joue également un rôle. Proportionnellement à sa population, l’Autriche a fait le même effort que l’Allemagne et la Suède en accueillant 90 000 réfugiés. Et des événements semblables à ceux de la Saint-Sylvestre 2015/2016 à Cologne ont eu lieu à Salzbourg et Vienne. En accord avec Norbert Hofer, le candidat FPÖ à la présidentielle de 2016, Hans-Christian Strache est devenu seul maître à bord. Enfin, dès le début, dans son programme, Sebastian Kurz a refusé la constitution d’une nouvelle grande coalition. Ainsi pouvait-on lire dans un document interne de son parti la volonté de reprendre les thèmes du FPÖ mais avec une perspective d’avenir (« FPÖ-Themen, aber mit Zukunftsfokus »).

Puis M. Jérôme Segal a présenté les corporations pangermanistes qui sont encore très influentes en Autriche. En 1889 par exemple, les Juifs avaient été exclus de ces enceintes. Certes de 1934 à 1938, le NSDAP était interdit mais l’Autriche avait ses propres organisations fascistes. Aujourd’hui, ces corporations comptent environ 4 000 membres, soit 0,04 % de la population. Sur 51 députés du FPÖ au Parlement autrichien, 16 sont aujourd’hui membres de telles corporations, soit 31 % contre 6 % en 1999 (à l’époque 3 députés FPÖ membres de corporations sur 52). Hans-Christian Strache est lui-même membre de la corporation Vandalia. Jusqu’en 2012, le 8 mai était célébré avec une retraite aux flambeaux où l’on pleurait les morts et le fait d’avoir perdu la guerre. Depuis 2012, les choses ont changé et l’on commémore dorénavant par un concert la victoire des alliés et la libération de l’Autriche. Pour les élections régionales de Basse-Autriche début 2018, le candidat FPÖ, Udo Landbauer, a repris le slogan de Kurt Waldheim (« maintenant vraiment à droite ») ; M. Landbauer est membre de la corporation Germania dont le livre de chant contient des passages explicitement antisémites. Andreas Mölzer, qui a été chargé de participer à un rapport critique sur l’histoire du FPÖ au sein d’une commission composée essentiellement de membres du FPÖ, a qualifié en 2014 l’Union européenne de « conglomérat de nègres ». S’agissant des rapports avec Israël, certes le gouvernement actuel a refusé les échanges avec les ministres FPÖ, mais un député du Likud a récemment rencontré la ministre des affaires étrangères Karin Kneissl. En outre, Hans-Christian Strache s’est rendu dans les Territoires occupés pour soutenir les colons juifs.

Pour illustrer ses propos, M. Jérôme Segal a présenté plusieurs documents tels qu’une carte de vœux nazie envoyée par un maire FPÖ à ses administrés, des campagnes d’affichage ouvertement racistes, etc.

Un débat a suivi l’exposé liminaire de M. Jérôme Segal.

Raphaël Schellenberger, vice-président, a souhaité connaître la position politique des écologistes autrichiens. Doit-on par ailleurs conclure de cet exposé que la politique menée en Autriche vise les Juifs et les musulmans ?

Sylvain Waserman, président, a interrogé M. Jérôme Segal sur le parcours de Mme Karin Kneissl. Celle-ci est ministre des affaires étrangères, mais, conformément au pacte de coalition, c’est le chancelier Sebastian Kurz qui gère le dossier européen. Est-ce une réalité ? S’agit-il d’une lutte de pouvoir ou d’une forme d’amateurisme ? S’il s’agit d’un genre de jeu de pouvoir, est-ce habituel dans une coalition ?

M. Jérôme Segal a répondu aux questions :

– S’agissant des écologistes autrichiens, il n’y a pas une seule ligne. A Vienne, ils sont à gauche, en Haute-Autriche ils sont plus conservateurs.

– On retrouve chez beaucoup d’Autrichiens un fond d’antisémitisme, mais ce n’est pas la ligne directrice. Le programme politique est clairement antimusulman d’une part, et, d’autre part, il s’apparente à une attaque en règle contre l’état social autrichien, ce qui a d’ailleurs surpris les électeurs. La journée de travail de 12 heures a ainsi été instaurée, sur la base du volontariat, et les allocations chômage ont été réduites.

– Mme Kneissl n’est pas membre du FPÖ mais elle est clairement d’extrême-droite, sur une ligne d’opposition frontale aux musulmans. Son livre intitulé Testosteron macht Politik cible les hommes musulmans. L’orientation européenne est garantie par le chancelier, ministre des affaires étrangères dans le précédent gouvernement. C’est écrit dans l’accord de coalition, cependant il est un peu tôt pour confirmer cela après seulement dix semaines de gouvernement. On retrouve ce même schéma avec le ministère de l’intérieur confié à un ministre FPÖ et celui de la justice à un conservateur du ÖVP, dont les attributions ne sont pas très claires. Il s’agit là à la fois d’amateurisme et de jeu de pouvoir. Par exemple, Herbert Kickl est ministre FPÖ de l’intérieur et sa secrétaire d’Etat, Karoline Edtstadler, est membre de l’ÖVP, chargée en quelque sorte de le dompter, ce qui l’énerve et c’est pourquoi il intervient alors dans les attributions du ministre de la justice. La coalition constituant la base, il ne devrait pas y avoir d’interférence. On est donc bien dans le domaine du couac. Par rapport aux coalitions précédentes, l’extrême‑droite est beaucoup plus à droite qu’en 2000 à l’époque de Jörg Haider ; les plus radicaux, parfois proches des néo‑nazis, sont restés au FPÖ, ceux qui l’étaient moins ayant rejoint à l’époque son parti, le BZÖ. En outre, en 2000, peu de ministères régaliens avaient été confiés à des ministres issus de l’extrême-droite. Alors qu’aujourd’hui l’extrême-droite a la main sur la sécurité intérieure, la diplomatie, l’armée, les forces de police et les services secrets. Or, c’est le ministère de l’intérieur qui est censé surveiller les activités des corporations.

Raphaël Schellenberger, vice-président, a demandé, qui des conservateurs ou de l’extrême-droite, ressortira fragilisé de cette coalition.

Monsieur le Président s’est enquis des mécanismes institutionnels qui garantissent le fait démocratique. Par ailleurs, Sebastian Kurz a demandé à être jugé sur les faits. Y a-t-il des projets de loi qui mettent en danger la liberté d’expression par exemple, comme en Hongrie ? Enfin, quel comportement diplomatique faut-il adopter ?

M. Jérôme Segal a apporté les éléments de réponse suivants :

– En théorie, c’est l’extrême-droite qui devrait ressortir fragilisée de cette coalition, mais cela pourrait également être un discrédit pour Sebastian Kurz.

–D’une part, la Cour constitutionnelle autrichienne est assez indépendante, toutefois ses membres sont nommés par le gouvernement, le président et les deux assemblées. Une campagne a été menée début février contre la nomination d’un membre du FPÖ qui est également membre d’une corporation. D’autre part, la presse reste assez forte et libre, à l’image du Falter et du Standard. Il n’en demeure pas moins que le journal le plus lu en Autriche, le Kronen Zeitung avec plus de 2 millions de lecteurs, est proche des milieux populistes. Les commentaires des lecteurs que l’on retrouve notamment sur le site Internet du journal démontrent une certaine proximité de la population avec les thèses populistes et xénophobes. Au quotidien, il existe une haine contre les basanés, les faits racistes sont fréquents à l’égard des étrangers extra-communautaires, le discours dominant est celui du racisme ordinaire. On trouve dans le métro des inscriptions comme « Neger raus » (les nègres dehors). Enfin, l’opposition est absente et inaudible, à l’exception de quelques petites manifestations de protestation, plutôt bon enfant.

– Il est peu probable que l’Autriche se rapproche du groupe de Višegrad. Les Autrichiens restent fondamentalement européens, plutôt sur le modèle de l’Europe des patries à la façon de Jean-Marie Le Pen pour ce qui concerne le FPÖ, pour une union des communautés économiques. Vienne reste une ville très cosmopolite (avec en premier lieu les Allemands, puis les Turcs et les ressortissants des pays issus de l’ex‑Yougoslavie). En outre, les stations touristiques sont largement fréquentées par les étrangers, à titre d’exemple la part des Autrichiens dans la station la plus réputée de Sankt-Anton n’est que de 8 %.

Réunion constitutive et audition de l’ambassadeur d’Autriche en France
12 décembre 2017  

Étaient présents : Sylvain Waserman, président, Marion Lenne, Jean-Michel Mis et Cendra Motin, députés.

M. Sylvain Waserman, président, a tout d’abord souhaité la bienvenue aux membres du groupe d’amitié présents, puis procédé à l’installation du bureau. Sur la base de l’effectif actuel du groupe, soit 21 membres, le bureau peut comprendre, outre le président, neuf vice-présidents et deux secrétaires. A ce titre, Mme Séverine Gipson (La République en Marche), M. Jean‑Michel Mis (La République en Marche), Mme Cendra Motin (La République en Marche), M. Frédéric Petit (Modem), M. Raphaël Schellenberger (Les Républicains) ont été désignés vice-présidentes et vice-présidents, et MM. Jacques Cattin (Les Républicains) et Michel Herbillon (Les Républicains) ont été désignés secrétaires.

Abordant le deuxième point à l’ordre du jour consacré aux futures activités du groupe, M. le Président a proposé, d’une part, d’organiser un échange informel avec Son Exc. M. François Saint-Paul, ambassadeur de France en Autriche, à l’occasion d’un de ses prochains déplacements à Paris, et, d’autre part, d’envisager une mission au Conseil national autrichien en 2018. Plusieurs thématiques pourraient être étudiées à cette occasion, telles que la formation professionnelle en Autriche et le fonctionnement des institutions démocratiques autrichiennes. Il a invité les membres intéressés à faire part de leur disponibilité pour un déplacement qui pourrait avoir lieu fin juin ou début juillet 2018.

Mme Cendra Motin, vice-présidente, a souhaité ajouter la thématique du modèle touristique autrichien et de ses mutations, l’offre touristique autrichienne étant reconnue comme l’une des plus qualitatives en Europe.

Indiquant qu’elle présidait le groupe d’amitié France-Suisse et qu’elle était membre de tous les groupes d’amitié frontaliers avec ce pays, Mme Marion Lenne a souligné que nombre d’institutions internationales et d’organisations non gouvernementales avaient installé leur siège à Vienne, à l’instar de Genève d’ailleurs.

M. Sylvain Waserman, président, a convenu que cet aspect pouvait être relié à la thématique d’étude des institutions démocratiques. Vienne dispose ainsi d’une sorte de leadership sur ces questions de dialogue international.

--*-- 

L’ordre du jour de la réunion constitutive étant épuisé, M. le Président a souhaité la bienvenue à Son Exc. M. Walter Grahammer, ambassadeur de la République d’Autriche en France. Après avoir invité les différents participants à se présenter brièvement, M. le Président a indiqué que les membres du groupe d’amitié s’interrogeaient notamment sur la volonté des nouvelles autorités autrichiennes de demeurer un partenaire pro-européen de la France.

M. l’ambassadeur a indiqué être arrivé en août 2017 à Paris et avoir présenté ses lettres de créance en novembre. Auparavant, il avait été représentant permanent de l’Autriche auprès de l’Union européenne de 2011 à août 2017. Précédemment, en poste au ministère des affaires étrangères, il avait participé aux négociations d’adhésion de l’Autriche à l’Union européenne. Alors que l’Autriche avait conclu un traité d’association avec l’UE, l’idée prévalait encore que son statut de neutralité l’empêchait de rejoindre l’Union. Depuis la présentation de la demande d’adhésion le 14 juillet 1989 et les résultats du référendum d’adhésion où le oui l’a emporté à 64,6 %, l’Autriche a beaucoup changé et s’est ouverte vers l’Europe. Elle a su tirer parti de son statut de pays situé entre l’Europe de l’Est et l’Europe de l’Ouest. Longtemps, les échanges commerciaux avec ce qui était alors l’URSS se faisaient indirectement via l’Autriche. Aujourd’hui, vingt ans après l’entrée dans l’Union, le sentiment général dans l’opinion publique est celui d’avoir pris une bonne décision.

M. Sylvain Waserman, président, a indiqué à M. l’ambassadeur que le groupe d’amitié envisageait un échange avec son homologue du Conseil national selon trois axes d’étude : le système autrichien de formation professionnelle dont l’efficacité n’est plus à démontrer, le modèle institutionnel démocratique autrichien et son articulation avec la société civile, et enfin les mutations du modèle touristique autrichien à l’ère des nouvelles technologies. M. l’ambassadeur peut-il en dire quelques mots.

Après avoir présenté brièvement le système constitutionnel autrichien basé sur le fédéralisme, M. Walter Grahammer a indiqué que le modèle d’apprentissage autrichien était équivalent à celui de l’Allemagne et de la Suisse. Les résultats sont très positifs en termes d’emploi des jeunes. Les chiffres du chômage des jeunes en Autriche sont les meilleurs de l’Union européenne. Ce système dual où les apprentis sont obligés d’aller à l’école une fois par semaine afin d’y suivre des enseignements théoriques et techniques, leur permet de passer ensuite du statut d’apprentis à celui d’ouvriers qualifiés et d’être très rapidement salariés en entreprise. L’Autriche ne peut que profiter de cet échange d’expérience et de bonnes pratiques avec d’autres pays, et est intéressée par une réflexion portant sur la création d’un échange européen pour les apprentis sur le modèle d’Erasmus. Certes cela ne sera pas facile à constituer, notamment en raison des obstacles liés à la maîtrise de langues étrangères, mais c’est une idée à développer.

S’agissant du modèle institutionnel, le partenariat social autrichien est basé sur une étroite coopération entre le gouvernement et les partenaires sociaux tels que les chambres du travail (chambre des ingénieurs, de l’agriculture…). Tout projet de loi est soumis aux partenaires avant d’être présenté au parlement ; ceux-ci ne peuvent bien sûr les modifier mais peuvent émettre des propositions qui souvent sont reprises par les parlementaires, eux-mêmes membres ou anciens membres de ces chambres. A titre d’exemple, M. l’Ambassadeur a indiqué que les grèves en Autriche se mesuraient quasiment en minutes, la dernière grève générale remontant à 2003 n’a duré qu’un jour, grâce au dialogue avec les partenaires sociaux.

Enfin, concernant le projet européen, M. l’ambassadeur a rassuré les membres du groupe d’amitié sur le fait que le parti conservateur n’acceptera pas de constituer une coalition gouvernementale avec un partenaire non pro-européen. D’ailleurs, dans les années soixante-dix, le FPÖ avait été le premier parti à demander l’adhésion de l’Autriche à l’Union européenne. Il ne faut pas avoir uniquement une vision globale des enjeux européens. Les situations géographiques et économiques des différents pays alliés de l’UE jouent et les décisions peuvent évoluer selon les sujets, notamment en matière d’environnement. Pour l’Autriche et la France, le marché ne doit pas être la règle absolue, il faut un peu de régulation.

Après avoir remercié, au nom des membres, M. Walter Grahammer de sa présence, M. le Président a clos la réunion.