André Chérasse

1906 - 1997

Informations générales
  • Né le 23 janvier 1906 à Le montet (Allier - France)
  • Décédé le 10 février 1997 à Bois-guillaume (Seine-Maritime - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Seine-Maritime
Groupe
Union pour la nouvelle République-UDT

Biographies

Biographie de la Ve République

CHERASSE (André)
Né le 23 janvier 1906 à Le Montet (Allier)
Décédé le 10 février 1997 à Bois-Guillaume (Seine-Maritime)

Député de la Seine-Maritime de 1962 à 1967


André Chérasse nait le 23 janvier 1906 au Montet, petite commune de l’Allier, dans le bocage bourbonnais, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Moulins. Il est issu d’une famille auvergnate installée dans le Bourbonnais depuis plusieurs générations et qui compte des militaires, des notaires et des professeurs. Son père, officier d’artillerie (chef d’escadron), était devenu directeur des Carrières du Centre à sa retraite de l’armée. Après le baccalauréat, André Chérasse s’engage dans des études de droit à la Sorbonne qui le mènent jusqu’à la licence. Il épouse Louise Guerrier, psycho-graphologue conseil. Le couple aura deux enfants dont Jean (cinéaste et écrivain). Au terme de ses études, André Chérasse choisit la carrière militaire comme officier de gendarmerie. Il est affecté dans la gendarmerie mobile, suit des cours à l’Ecole supérieure de guerre et se trouve engagé dans des opérations de maintien de l’ordre face à des foules manifestantes durant les années 1930. Il en rapportera ses souvenirs dans un étonnant ouvrage, La Hurle, publié chez Pygmalion en 1983 (préface d’Henri Amouroux) qui, croisant roman et témoignage, revient sur les événements sanglants de Clichy le 16 mars 1937. Une contre-manifestation, initiée par la municipalité de gauche de cette ville ouvrière pour protester contre une projection de cinéma organisée par le Parti social français (PSF) du colonel de La Rocque, avait dégénéré en affrontements avec la police, avec un bilan lourd de huit morts (six manifestants et deux policiers) et des centaines de blessés.

Durant l’Occupation, André Chérasse rejoint la Résistance et en devient un responsable régional. Ayant retrouvé la gendarmerie à la Libération, il en gravit rapidement les échelons jusqu’à devenir colonel à Rouen. C’est lors de cette affectation qu’il découvre la Seine-Maritime. De 1955 à 1959, cet officier supérieur est chargé de conférences à l’Ecole nationale des Ponts et chaussées et à l’Ecole supérieure de l’intendance (future Ecole du commissariat de l’armée de terre). A partir de 1956 et jusqu’en 1960, il enseigne également à l’Ecole supérieure de guerre, où il est chargé des cours portant sur la défense opérationnelle du territoire (DOT), les problèmes du maintien de l’ordre et la protection civile.

Ce gaulliste, qui prend sa carte de l’Union pour la nouvelle République-Union démocratique du travail (UNR-UDT) à l’automne 1958, dispose de la confiance du nouveau gouvernement lorsqu’il s’agit d’engager la lutte contre les activistes de l’Algérie française à partir de 1960 et du choix par de Gaulle de l’autodétermination puis de l’indépendance de l’Algérie. L’armée n’étant pas politiquement fiable, comme le prouve le putsch des généraux en avril 1961, la police locale ne présentant pas de garanties suffisantes puisque dominée par les éléments pieds-noirs, c’est sur la gendarmerie que le gouvernement se tourne pour maintenir l’ordre dans ce territoire en tension. Promu général de brigade, André Chérasse commande les forces de gendarmerie d’Algérie et du Sahara d’avril 1961 à mai 1962. Il sera l’un des quatre témoins de l’accusation au procès Salan. Diplômé d’Etat-Major, André Chérasse enseigne toujours à l’Ecole supérieure de guerre. Auteur d’un ouvrage paru chez Lavauzelle (La Statistique au service du commandement dans la gendarmerie) et de plusieurs articles dans La Revue des forces armées, il intervient également au cours supérieur interarmées.

En novembre 1962, lors des législatives anticipées organisées après la dissolution de l’Assemblée nationale consécutive à la motion de censure contre le gouvernement Pompidou, André Chérasse est investi par l’UNR-UDT dans la 4ème circonscription de la Seine-Maritime (située au sud du département et constituée des cantons de Clères, Duclair, Maromme et Pavilly). Avec l’aide de son suppléant, René Duval, un syndicaliste travaillant dans une compagnie de navigation, il arrive légèrement en tête au premier tour avec 26,6 % des suffrages exprimés, devant le député sortant, le centriste André Marie, ancien président du Conseil et ministre sous la IVe République (26 %), la communiste Germaine Pican (20 %), le radical-socialiste Paul Vauquelin (19 %) et le démocrate-chrétien Alain Brajeux (8,2 %). Deux candidats se retirent du second tour, la candidate du Parti communiste français (PCF) et le candidat du Mouvement républicain populaire (MRP). Le bon désistement des voix MRP et le maintien du candidat radical-socialiste dans le cadre d’une triangulaire permettent la victoire du gaulliste avec 37 % des suffrages exprimés. Au Palais-Bourbon, André Chérasse (qui a été rayé sur sa demande et par anticipation des cadres de l’armée d’active, et admis dans la 2ème section des cadres de l’Etat-Major général au 1er décembre 1962) rejoint le groupe UNR-UDT et la commission de la défense nationale et des forces armées (il est secrétaire du bureau de la commission). Il est membre de la conférence des parlementaires de l’OTAN (il assure aussi des enseignements à l’Ecole supérieure de guerre belge). Le député normand s’intéresse prioritairement aux questions relatives à l’armée (équipements, effectifs, service national, anciens combattants…), à la protection civile et au maintien de l’ordre (en lien avec la gendarmerie). Chaque année, à l’automne, il intervient lors de l’examen du projet de loi de finances lorsqu’il est question de ces sujets et s’engage tout particulièrement sur le suivi de certains projets de loi, comme celui concernant l’admission des sous-officiers de gendarmerie au statut de sous-officiers de carrière (juillet 1963) et celui portant réforme du code des pensions civiles et militaires de retraite (octobre 1964). Mais André Chérasse participe également aux travaux de l’Assemblée lorsqu’il est question d’agriculture et de forêts, d’éducation nationale, de diplomatie, de sécurité routière… Durant cette législature, il fait de nombreuses missions en outre-mer (Antilles-Guyane) et à l’étranger (Algérie pour le champ de tir atomique du Sahara, Brésil, Sénégal, Allemagne…) en lien avec la commission de la défense et des forces armées. De 1963 à 1966, le député préside un Institut national de médecine routière (INMR) pour lutter contre l’insécurité routière croissante des années 1960.

Au printemps 1967, dans un contexte politique difficile pour la majorité, André Chérasse se représente dans la 4e circonscription de Seine-Maritime. Arrivé en tête du premier tour avec 32,4 % des suffrages exprimés, face à André Marie (30,1 %) qui a obtenu l’investiture de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) et la communiste Colette Privat (29,2 %), il est victime au second tour du retrait d’André Marie qui appelle à battre le député sortant. Cette opération profite à la candidate PCF qui s’impose avec 54,3 % des suffrages exprimés au second tour. André Chérasse ne se présentera plus à des élections mais continue de militer dans les rangs gaullistes. Il est chargé de mission aux Comités pour la défense de la République (CDR), une organisation gaulliste de maintien de l’ordre mise en place durant les événements de mai 68 et qui entend combattre la « subversion marxiste » dans les années suivantes. Il fait également partie du Contrat social, le club politique lancé par Edgar Faure et rejoint après 1971 le Mouvement pour le socialisme par la participation (MSP) initié par le gaulliste de gauche pompidolien Philippe Dechartre. Il est secrétaire régional de cette formation. André Chérasse présente donc un profil politique original puisqu’il combine des valeurs d’ordre et de réformisme social. Retraité de l’armée et résidant à Bihorel, une commune du plateau nord de Rouen, il se consacre à l’écriture d’ouvrages et d’articles (notamment dans Le Monde) portant sur l’histoire de la gendarmerie, de la protection civile et du maintien de l’ordre.

André Chérasse décède le 10 février 1997 à 91 ans. Officier de la Légion d’honneur, il était titulaire de la Croix de guerre 1939-1945, de la Croix de la Valeur militaire, de la Rosette de la Résistance et de la Médaille d’argent de la Reconnaissance française.