Toussaint Merle
1911 - 1969
Né le 31 mars 1911 à La Seyne (Var)
Décédé le 24 mai 1969 à La Seyne
Sénateur du Var de 1946 à 1948
Député du Var de 1956 à 1958
Toussaint Merle est né le 31 mars 1911 à La Seyne, dans le Var. Issu d'une longue lignée d'ouvriers aux chantiers de construction navale de La Méditerranée, il bénéficie de la promotion sociale qu'assure l'école de la République à ses élèves les plus méritants, et intègre en 1928 les rangs de l'Ecole normale de Draguignan. Il en sort instituteur trois ans plus tard, changeant à plusieurs reprises d'affectation tout en demeurant dans les limites du département du Var, d'abord à Collobrières, puis à Montmeyan, à Ollioules et enfin, en 1939, à La Seyne.
L'engagement politique de Toussaint Merle est précoce : c'est un très jeune instituteur, tout frais émoulu de l'Ecole normale, qui adhère à la SFIO, probablement sous l'influence du directeur de son école à Collobrières. A la même époque, Toussaint Merle s'initie à l'action syndicale, en militant dans les rangs du Syndicat des instituteurs.
Mobilisé le 26 août 1939, Toussaint Merle rejoint les chasseurs alpins basés à Antibes. Après l'armistice, il retrouve ses élèves, mais prend contact, dès la mise en place de la municipalité vichyssoise, avec un groupe de militants communistes de La Seyne : Toussaint Merle juge en effet d'une fermeté insuffisante la réaction de la SFIO face au nouveau régime qui se met en place sous le contrôle de l'Allemagne. La rupture entre Toussaint Merle et la SFIO est consommée en mai 1941, lorsque l'instituteur de La Seyne adhère au Parti communiste clandestin.
La fréquence et l'intensité des bombardements sur le Var conduisent le ministère de l'instruction publique à décider, en 1943, l'évacuation des écoles vers des départements d'accueil : Toussaint Merle se voit ainsi prié de rejoindre la ville de Chamonix, en Haute-Savoie, où il reprend d'ailleurs aussitôt, avec la même détermination, ses actions clandestines contre l'occupant. Au début de l'année 1945, il devient président du comité de libération de Chamonix, et se voit, dans la foulée, désigné par le Parti communiste pour occuper les fonctions de secrétaire fédéral pour la Haute-Savoie.
De retour dans le Var quelques mois plus tard, Toussaint Merle se met en congé de l'administration de l'éducation nationale pour se consacrer à plein temps à ses activités politiques. Nommé secrétaire général de la fédération communiste du Var, alors forte de près de 10 000 membres, il remporte son premier mandat électif le 23 septembre 1945, en devenant conseiller général du canton de La Seyne.
Toussaint Merle se présente ensuite aux élections du 2 juin 1946 pour la seconde Assemblée nationale constituante, en quatrième position sur la liste conduite par le maire de Toulon, Jean Bartolini, derrière le maire de La Garde Michel Zunino et Noëlle Tomazo. Avec 59 547 voix sur 161 794 suffrages exprimés, la liste n'emporte que deux des cinq sièges à pourvoir ; les autres élus de la circonscription du Var sont les socialistes Franck Arnal et Jean Charlot, et le MRP Jean Labrosse. Toussaint Merle essuie un deuxième échec aux élections législatives du 10 novembre 1946, qui voient la réélection des cinq députés sortants, mais se présente moins de trois semaines plus tard au Conseil de la République dans le département du Var. Arrivé en tête avec 341 voix sur 765 suffrages exprimées, il est élu ainsi qu'Edouard Soldani de la SFIO (288 voix). Jean Garrus du MRP, troisième avec 136 voix, est battu. Durand ses deux années de mandat au Conseil de la République, Toussaint Merle dépose un rapport sur le canal d'irrigation de Pierrelatte en juillet 1947 et une proposition de résolution invitant le gouvernement à instituer en faveur des agents des collectivités locales un régime de sécurité sociale analogue à celui des fonctionnaires de l'Etat en juin 1948. Il tentera sans succès de conserver son siège aux élections du 7 novembre 1948 et de le reprendre aux élections du 18 mai 1952. Il consolide cependant son implantation locale en se faisant porter en octobre 1947 à la tête de la mairie de La Seyne-sur-Mer, dont il s'emploie à conforter, au fil de ses mandats, la double vocation industrielle et touristique.
Toussaint Merle essuie un nouvel échec aux élections législatives du 17 juin 1951 mais aborde les élections suivantes, celles du 2 janvier 1956, dans une position beaucoup plus favorable, puisqu'il est cette fois deuxième sur la liste communiste conduite par Jean Bartolini. La liste recueille 69 481 voix sur 198 616 suffrages exprimés, emportant, comme lors des précédents scrutins, deux des cinq sièges à pourvoir : Toussaint Merle fait son entrée à l'Assemblée nationale - enfin, serait-on presque tenté d'écrire ; et pourtant le nouveau député du Var n'a pas quarante-cinq ans.
Nommé membre de la Commission de l'intérieur et de la Commission de la marine marchande et des pêches, Toussaint Merle ne dépose au cours de la législature que deux textes d'une importance mineure, dont l'un est une proposition de résolution visant à favoriser l'exercice d'activités sportives dans les entreprises.
A l'occasion des principaux scrutins de cette législature écourtée, Toussaint Merle épouse les positions adoptées par le groupe parlementaire communiste : il vote la confiance à Guy Mollet (31 janvier 1956), la refuse à Maurice Bourgès-Maunoury (12 juin 1957), vote contre la ratification des traités instituant la Communauté économique européenne et la Communauté européenne de l'énergie atomique (9 juillet), s'oppose à l'investiture de Félix Gaillard (5 novembre) et au projet de loi relatif aux pouvoirs spéciaux en Algérie (12 novembre), s'abstient volontairement le jour de l'investiture de Pierre Pflimlin à la présidence du Conseil (13 mai 1958), vote pour la révision de la Constitution (27 mai), s'oppose à l'investiture du général de Gaulle (1er juin), vote contre les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle (2 juin).
Opposant résolu au général de Gaulle, Toussaint Merle est battu aux élections des 23 et 30 novembre 1958, victime de l'institution du scrutin uninominal à deux tours ; il renoue alors, après treize années d'interruption, avec son premier métier - celui d'enseignant.
MERLE (Toussaint, Constant, Fernand)
Né le 31 mars 1911 à La Seyne-sur-Mer (Var)
Décédé le 24 mai 1969 à La Seyne-sur-Mer
Député du Var de 1945 à 1958 et de 1967 à 1968
(Voir pour la première période de la biographie le Dictionnaire des parlementaires français, 1940-1958, tome 5, à paraître)
Né le 31 mars 1911 à La Seyne sur Mer (Var), Toussaint Merle y épouse le 23 décembre sa jeune collègue institutrice Marie-Louise Dufourg qui lui donnera trois fils : René, en 1936, Michel, en 1940 et Maurice, en 1943. A 58 ans, il décède d’une crise cardiaque, le 24 mai 1969, à La Seyne-sur-Mer, dans la mairie qu’il dirige depuis 1947 et qui sera le cadre de ses obsèques civiles.
Toussaint Merle a de solides racines seynoises, tant par sa mère Gabrielle Parenti, sans profession, que par son père, Antonin, Marius Merle, né à La Seyne-sur-Mer en 1889, ouvrier serrurier puis contremaître aux Forges et chantiers de la Méditerranée. Le grand-père Joseph Merle, né à La Seyne en 1855, ancien des chantiers navals, né à La Seyne en 1855, est concierge de l’immeuble du 43 de la rue Victor Hugo, où habitent les parents de Toussaint. Titulaire du Brevet supérieur au terme de sa scolarité à l’école primaire supérieure de La Seyne, Toussaint Merle est admis à l’Ecole normale d’instituteurs de Draguignan en 1928. A sa sortie, en 1931, il est d’abord nommé à Collobrières où il découvre et pratique le militantisme politique (à la SFIO) et syndical (au Syndicat national de instituteurs). Après Montmeyan et Ollioules, sa quatrième affectation le ramène à La Seyne, mais il est mobilisé avant la rentrée scolaire, le 26 août 1939 et rejoint un régiment de chasseurs alpins basé à Antibes. Démobilisé après l’armistice, il prend son poste en octobre 1940.
Jugeant la SFIO trop timorée à l’égard du régime de Vichy, il adhère au Parti communiste clandestin en mai 1941 et devient FTPF. Après le sabordage de la flotte de la Méditerranée le 29 novembre 1942, le pourtour de la rade de Toulon devient une cible des bombardements alliés, amenant les autorités académiques à évacuer les écoles. Avec ses élèves, Toussaint Merle se retrouve à Chamonix où il reprend ses activités de résistant communiste. De retour à La Seyne-sur-Mer à l’été 1945, il se met en congé sans solde pour entreprendre une active carrière politique à la tête de la fédération communiste du Var.
En 23 ans, de 1945 à 1968, il mène plus de 20 campagnes électorales, sans jamais dévier de la ligne officielle du PCF. Elu, en septembre 1945, conseiller général de La Seyne, il en conquiert la mairie en 1947 après avoir été élu Conseiller de la République en novembre 1946. Après plusieurs tentatives infructueuses, il obtient un second mandat national : en janvier 1956 il est élu député de la IVème circonscription du Var. Il est battu aux législatives de novembre 1958 ,victime d’une violente campagne orchestrée par ses adversaires socialistes varois ( MM. Le Bellugou, Soldani, Escudier, Cazelles…) qui ont fait campagne en faveur du « oui » à la nouvelle Constitution, « oui » majoritaire à La Seyne même. Le numéro 728 de L’Avenir. La voix socialiste, du 4 octobre 1958, s’en délecte : « Le bon sens et la raison ont triomphé…les citadelles communistes s’effondrent. Gageons que Merle et compagnie oublieront de donner leur démission devant le désaveu de leur population. A La Seyne, jusqu’alors fief incontesté des émules de Khrouchtchev, c’est une majorité de 3000 oui qui se dégage…Depuis longtemps déjà le Var a fait confiance au patriotisme et au loyalisme du général de Gaulle. » L’animosité de la SFIO envers le leader PCF de La Seyne reste manifeste onze ans plus tard dans l’édition varoise du Provençal qui rapporte le décès de Toussaint Merle par un écho de 19 lignes en page 11 de son numéro 8 732 du 25 mai 1969.
Sous la Vème République, désavantagé par le mode de scrutin, Toussaint Merle est largement battu aux élections législatives de novembre 1958 par le candidat UNR Jean Vitel qui bénéficie, au second tour, d’un report massif des 8 252 voix du candidat SFIO, Frank Arnal ; battu encore, mais seulement de 293 voix, par le candidat UNR Marcel Bayle, aux législatives de novembre 1962, en dépit d’un bon report des voix obtenues par les candidats SFIO et PSU.
C’est le 12 mars 1967 que Toussaint Merle retrouve enfin un siège de député de la quatrième circonscription du Var, grâce à un accord de désistement avec la FGDS et malgré un re-découpage électoral défavorable.
Arrivé en tête au premier tour avec 34% des suffrages exprimés, il ne devance cependant que de 112 voix le député sortant gaulliste Marcel Bayle; il est élu au second tour par 35 577 voix, soit 51,4% des suffrages exprimés ,en raison d’un mauvais report des 15 487 voix des deux candidats du centre et de droite sur Marcel Bayle et d’un très bon report en sa faveur des voix FGDS, fruit de l’appel à l’union des gauches sur lequel est centrée sa campagne du second tour.
A l’Assemblée nationale, Toussaint Merle rejoint le groupe communiste et en respecte les consignes de vote, notamment pour la motion de censure du 20 mai 1967. Membre de la Commission de la défense nationale et des forces armées, il intervient dans la discussion des budgets militaires pour 1968 à propos, notamment, des ouvriers des arsenaux. Il dépose, le 15 mai 1968, une proposition de loi d’indemnisation des Français rapatriés. Mais la dissolution de l’Assemblée, le 30 mai 1968, met brutalement fin aux responsabilités législatives de Toussaint Merle. A nouveau candidat aux élections du 23 juin 1968 il est balayé par la vague gaulliste qui assure à Marcel Bayle une avance de 8 000 voix au premier tour et de 10 000 au second.