Louis, Marie, Joseph, Etienne Rollin
1879 - 1952
* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936
Né le 27 mars 1879 à Uzerche (Corrèze).
Député de la Seine de 1919 à 1942. Ministre de la Marine marchande du 3 novembre 1929 au 13 décembre 1930.
Ministre du Commerce et de l'Industrie du 27 janvier 1931 au 20 février 1932 et du 21 mars au 18 mai 1940.
Ministre du Commerce et des P.T.T. du 20 février au 3 juin 1932. Ministre des Colonies du 13 octobre 1934 au 24 janvier 1936 et du 18 mai au 16 juin 1940.
Louis Rollin a été l'un des hommes politiques les plus éminents de la IIIe République au cours de la période de l'entre-deux-guerres. Député de Paris pendant vingt-trois ans, il fut à la fois le bénéficiaire et la victime du système politique de l'époque. Bénéficiaire, il l'a été indiscutablement puisqu'il occupa des fonctions ministérielles au sein de onze cabinets différents ; victime, il le fut non moins certainement car la fragilité des majorités parlementaires et gouvernementales ne lui permit pas de donner la pleine mesure de ses capacités. Parlementaire expérimenté et courtois, libéral convaincu, Louis Rollin a dû l'essentiel de sa réputation à sa grande compétence en matière de loyers, de propriété commerciale et de fiscalité. Il fut aussi un défenseur inlassable des petits commerçants, des classes moyennes et de l'enfance abandonnée ou délinquante.
Né à Uzerche (Corrèze) le 27 mars 1879, Louis Rollin fit des études classiques à Limoges avant de venir à Paris où il passa sa licence en droit à l'âge de 21 ans. Avocat à la Cour d'appel, charge qu'il devait conserver pendant toute la durée de sa carrière politique, il collabora au recueil Dalloz de Jurisprudence générale et plaida dans de nombreuses affaires, civiles pour la plupart.
En même temps qu'il prenait une place en vue au Palais, Louis Rollin s'intéressait aux problèmes politiques et sociaux. Membre de la fédération républicaine, il fut élu en 1910 conseiller municipal du Ve arrondissement et conseil-1er général de la Seine. Inscrit au groupe républicain municipal de l'hôtel de ville, il fit partie de la commission de l'enseignement et des beaux-arts et il siégea à la commission des finances du Conseil général. On lui doit le dégagement et la restauration des « Arènes de Lutéce ». Dans le domaine économique et social, il s'intéressa plus particulièrement à la protection du petit commerce, à l'abaissement du prix des denrées alimentaires, à la diminution des loyers et à la construction d'habitations à bon marché.
En 1914, Louis Rollin se présenta aux élections législatives dans la 1re circonscription du Ve arrondissement de Paris. Il y fut battu de justesse au second tour de scrutin (4.916 voix contre 5.032 sur 10.070 votants) par le député sortant Paul Painlevé, futur président du Conseil. Engagé volontaire en .1914, il obtiendra la Croix de guerre et la Légion d'honneur à titre militaire.
La guerre terminée, Louis Rollin reprend le cours de sa carrière politique. Vice président du Conseil général, il est élu député de la 3e circonscription de la Seine le 16 novembre 1919, avec Marc Sangnier, sur la liste d'entente républicaine et démocratique. A la Chambre, il s'inscrivit au groupe des républicains de gauche. Membre de plusieurs commissions (affaires étrangères ; enseignement et beaux-arts ; Algérie, colonies et protectorat ; douanes), il resta fidèle à l'idéal qui l'avait conduit à se présenter à la députation. Républicain libéral, son souhait le plus ardent était de prolonger dans la paix l'union réalisée dans la guerre afin d'assurer, par la formation d'une majorité de gouvernement, la reconstruction du pays.
Les principaux thèmes qui guidèrent son action politique furent le respect de la liberté sous toutes ses formes, la défense des classes moyennes : la protection des faibles (enfants, vieillards, handicapés...) ; le développement de l'enseignement technique ; l'association du capital et du travail pour la mise en valeur des richesses nationales et coloniales ; l'assainissement des finances publiques ; la réforme et la décentralisation administratives. Au cours de la 12e législature (1919-1924), par ailleurs, il s'occupa activement et pris part a de nombreux débats concernant les loyers, la propriété commerciale et la fiscalité. Enfin, il obtint le vote d'une loi d'amnistie modifiant la loi Bérenger.
Lors du renouvellement de la Chambre le 11 mai 1924, il fut élu en tête de la liste de l'union républicaine et démocratique, toujours dans la 3e circonscription de la Seine. Demeurant inscrit au groupe des républicains de gauche, il participa aux travaux de quatre commissions dont celle des affaires étrangères, à laquelle il appartint sans interruption de 1919 à 1940, et celle du commerce et de l'industrie.
Défenseur de l'ordre public, il demanda au gouvernement d'expulser tout étranger convaincu d'avoir participé à une manifestation ayant entraîné des troubles, mais, avocat, il fit des propositions pour sauvegarder en matière criminelle les droits de la défense.
Enfin, il interpella le gouvernement sur le fonctionnement des services publics et sur la situation dans les établissements pénitentiaires. C'est à lui qu'est due, en particulier, la suppression des bagnes militaires de l'Afrique du Nord.
En 1928, les élections eurent lieu au scrutin uninominal. Se présentant dans la 2e circonscription du Ve arrondissement, Louis Rollin fut élu au second tour de scrutin le 29 avril. Il l'emporta par 6.257 voix (5.969 au premier tour) contre 4.336 à M. Bos sur 12.022 votants.
Il demeura fidèle au groupe des républicains de gauche et siégea dans les commissions des affaires étrangères, du commerce et de l'industrie et, enfin, de la marine marchande.
Il déposa une proposition de loi concernant la modification de l'assiette de la patente afin d'alléger les charges pesant sur les artisans et les petits commerçants et interpella le gouvernement sur sa politique générale et sur les mesures à prendre pour résoudre la crise du logement.
C'est au cours de cette législature que Louis Rollin devait accéder aux responsabilités gouvernementales. L'audience qu'il avait acquise à la commission de la marine marchande lui valut d'être choisi pour détenir le portefeuille de la Marine dans les deux gouvernements successifs que présida André Tardieu entre le 3 novembre 1929 et le 12 décembre 1930. Il fonda l'œuvre des pupilles de la marine marchande et l'ordre du Mérite maritime. Il décida également la construction du paquebot « Normandie » qui allait devenir le plus beau fleuron de la flotte commerciale française.
A cette époque particulièrement fertile en crises ministérielles, Louis Rollin, dont les qualités étaient unanimement reconnues, resta membre du gouvernement dans les trois cabinets présidés par Pierre Laval entre le 27 janvier 1931 et le 20 février 1932. Ministre du commerce et de l'industrie, il défendit un projet de loi portant ratification de la convention passée entre l'Etat et la Compagnie française des pétroles ainsi que plusieurs projets relatifs à des accords commerciaux. En cette même qualité, il représenta le gouvernement dans un important débat concernant la protection des droits dérivant de la propriété industrielle.
Après la chute du gouvernement présidé par Pierre Laval, il fut nommé ministre du Commerce et des P.T.T. dans le 3e cabinet André Tardieu (20 février - 3 juin 1932).
Lors du renouvellement de la Chambre des députés, au mois de mai 1932, Louis Rollin conserva aisément son siège de député de la 2e circonscription du Ve arrondissement de Paris. Il obtint en effet au premier tour de scrutin 6.584 voix sur 11.286 votants, alors que son concurrent le mieux placé, M. Audubert, ne bénéficiait que de 2.708 suffrages.
Inscrit au groupe du centre républicain, il fit partie de la commission des affaires étrangères et, naturellement, de celle du commerce et de l'industrie dont il fut élu président. Son action parlementaire demeura dans la ligne de pensée de ses options antérieures.
Après deux années passées à la Chambre, Louis Rollin fut à nouveau appelé au gouvernement. Le 13 octobre 1934, il devint ministre des Colonies, poste qu'il conserva jusqu'au 23 janvier 1936 après avoir appartenu successivement aux cabinets Doumergue, Flandin, Bouisson et Laval. Il créa à cette époque le Salon de la France d'outre-mer.
La dernière législature de la IIIe République s'ouvrit par les élections du mois d'avril 1936. Louis Rollin s'y présenta dans la circonscription qu'il représentait à la Chambre depuis 1919. Elu au premier tour, il obtint 6.258 voix sur 11.806 votants.
Il adhéra au groupe de l'alliance des républicains de gauche et des radicaux indépendants et siégea dans deux commissions (affaires étrangères, comptabilité). Il participa également aux travaux de la commission spéciale chargée de l'examen des projets de lois sociaux. Ecarté du gouvernement par le Front populaire, il n'en fut pas moins élu vice-président de la Chambre en 1938 et délégué à la Société des Nations.
Auteur d'une brochure intitulée Hygiène mentale et prophylaxie criminelle, il déposa une proposition de loi ayant pour objet l'adoption de mesures propres à prévenir les crimes et délits. Il publia également une étude sur la propriété commerciale et rédigea une série d'articles sur la réforme du régime de l'éducation surveillée et des prisons pour enfants.
A la tribune de la Chambre, ses interventions furent nombreuses.
Désirant la paix plus que toute autre chose, il eut néanmoins la clairvoyance de percevoir les risques de la politique d'annexion pratiquée par l'Allemagne. Au cours de la guerre il fit partie du cabinet de Paul Reynaud en qualité de ministre du Commerce et de l'Industrie du 21 mars au 16 mai 1940 puis il remplaça Georges Mandel au ministère des Colonies.
Il se prononça contre la signature de l'armistice mais, néanmoins, il vota le 10 juillet 1940 la délégation de pouvoirs au maréchal Pétain.
ROLLIN (Louis, Marie, Joseph, Etienne)
Né le 27 mars 1879 à Uzerche (Corrèze).
Décédé le 3 novembre 1952 à Paris
Député de la Seine de 1919 à 1942 et de 1946 à 1952
Membre de la deuxième Assemblée nationale constituante de 1946 (Seine)
Le ministre des colonies du cabinet Reynaud, à Bordeaux en juin 1940, se prononce au conseil des ministres contre l’armistice, pour la continuation de la lutte au côté des alliés et préconise le départ du gouvernement pour l’Afrique. Mais, l’armistice étant conclu, contre son avis, il vote la délégation de pouvoir constituant au maréchal Pétain le 10 juillet 1940, craignant une prise de pouvoir par le général Weygand. Les actes constitutionnels du 11 juillet 1940, allant à l’encontre du sens qu’il a donné à son vote, Louis Rollin rompt avec Vichy. Le 30 juillet suivant il rentre à Paris pour reprendre sa place d’élu du peuple et défendre les intérêts de ses électeurs. Il entre en contact avec un réseau de Résistance, Ceux de la Libération-Vengeance, et avec des agents de la DGER auxquels il transmet encore des renseignements de caractère militaire, notamment sur la base sous-marine de la Pallice, par l’intermédiaire de l’ingénieur Pierre Schnell qui dispose d’un poste émetteur clandestin. D’autre part, conseiller municipal de Paris, il procure des faux papiers et des hébergements à des prisonniers évadés, à des résistants recherchés, à des réfractaires du SFO et à des israélites. Il cache des armes et héberge le colonel Rémy, sous-chef du réseau Marco-Polo.
A la Libération, en vertu de l’ordonnance du 21 avril 1944, Louis Rollin est frappé d’inéligibilité comme parlementaire ayant voté oui le 10 juillet 1940. Le Jury d’honneur présidé par René Cassin rend une décision défavorable à son égard le 24 avril 1945, car Louis Rollin ne peut encore fournir des témoignages essentiels sur son action durant l'Occupation. Les attendus sont les suivants « Considérant qu’il est constant que l’intéressé a voté la délégation du pouvoir constituant à Philippe Pétain le 10 juillet 1940 (…) que s’il a initialement manifesté son opposition à la conclusion d’un armistice, il n’a pas accompli après le vote du 10 juillet 1940, un ensemble d’actes assez caractérisés pour être considérés comme une participation effective à la Résistance » (JO du 11 octobre 1945).
Louis Rollin, qui se représente aux élections municipales dans le 1er secteur de Paris, est réélu conseiller de la Seine le 29 avril 1945. Son élection est déférée au conseil de préfecture à fin d’annulation et le préfet saisit de nouveau le Jury d’honneur. Un recours en révision est décidé le 27 septembre car, avec le retour des déportés, Louis Rollin reçoit de nouveaux témoignages déterminant pour sa défense. Paul Reynaud, de retour d’Allemagne, témoigne en sa faveur, ainsi que Pierre Schnell (déporté à Dora). Aussi, le 29 septembre 1945, le Jury d’honneur décide de le relever de l’inéligibilité « considérant que l’intéressé a (…) produit des témoignages dont un émane d’un déporté politique rapatrié, établissant qu’il était en contact, dès l’année 1941, avec divers agents d’organisations de résistance, auxquelles il n’a pas ménagé son concours et son assistance personnelle et à qui il a fourni des informations militaires et politiques » (JO du 11 octobre 1945).
Réhabilité un mois avant les élections générales seulement, Louis Rollin n’est pas candidat pour l’élection à la première Assemblée nationale constituante le 21 octobre 1945. Frédéric Dupont conduit la liste de « la liberté » dans son secteur électoral, rattaché à la 1ère circonscription de la Seine. Louis Rollin est avec Frédéric Dupont un des membres fondateurs du Parti républicain de la liberté (PRL). Mais, après l’échec du référendum constitutionnel en mai 1946, L. Rollin reprend l'initiative. Il conduit la liste PRL du secteur, avec Frédéric Dupont comme second. Voter PRL, selon eux, c’est « voter contre la coalition tripartite socialiste-MRP-communiste et sa politique néfaste dans tous les domaines, contre l’étatisation, la bureaucratie, les réglementations absurdes, la “combine” et le “profitariat” ». Des articles du quotidien communiste, donnent une idée de la violence de la campagne à laquelle ils doivent faire face à une violente offensive. À la veille du scrutin l'Humanité titre « Quand les traîtres donnent leur voix au PRL » et elle accuse Rollin de figurer dans des conseils d'administration de banques, par des membres de sa famille interposés, puis après avoir rappellé son vote du 10 juillet conclu ainsi : « Aujourd'hui comme en 1935 M. Louis Rollin est antisoviétique, adversaire des partis, admirateur de la notion de l'État et bien entendu révisionniste. ». Il s'en défend naturellement dans les réunions publiques (et devra le faire souvent par la suite, comme dans un débat à l'Assemblée le 17 novembre 1948). Pour l'heure, leur liste recueille 86 623 suffrages, sur 503 131 inscrits et 434 358 exprimés et ils sont tous deux élus.
L. Rollin est nommé membre de la commission de la Justice et de la législation générale et est désigné comme membre titulaire de la commission d’instruction de la Haute Cour de justice. Il dépose quatre textes, dont trois sur la justice : deux propositions de loi visant à « prévenir les délits et crimes par des mesures d’hygiène et prophylaxie mentale » pour l’une, et à « assurer et rendre définitive l’expulsion hors de France des étrangers condamnés pour crimes ou délits » (n° 63, 12 septembre 1946) pour l’autre et une proposition de résolution « sur la sauvegarde de l’enfance ». Ce thème est également abordé lors de ses premières interventions à la tribune. Le 28 septembre 1946, avec les autres membres du PRL, il vote contre le nouveau projet constitutionnel.
Louis Rollin et Frédéric Dupont conduisent de nouveau la liste du PRL pour l’élection à la première législature de la IVe République, le 10 novembre 1946. Ils rassemblent 74 270 suffrages sur 534 362 inscrits et 433 260 exprimés. En dépit de cette perte de plus de 12 000 suffrages, ils sont tous deux réélus. L. Rollin, reconduit à la commission de la Justice et de la législation, est désigné membre de la commission des pensions et, confirmé comme membre titulaire de la commission d’instruction de la Haute Cour de justice. Il est également désigné comme juge et, avec le démocrate-populaire Maurice Guérin, contribue à la réforme d'une institution discutée et connaissant de nombreux problèmes de fonctionnement liés aux absences répétées de certains juges, au mode de tirage au sort des jurés et à l'activisme des communistes. Louis Rollin dépose le 2 mai 1947 une proposition de résolution visant à modifier la composition du Jury et à instituer une proportionnalité politique réelle. Elle abouti, à l'issue d'un long débat parlementaire le 9 juillet, à l'adoption d'une réforme de la Haute Cour, appelée parfois loi Rollin. Mais la crise éclate en janvier 1948 lorsque la veuve de Gabriel Péri quitte son banc de juré lors du procès Marquet, suivie par l'ensemble des jurés communistes. L. Rollin apporte à la tribune de l'Assemblée son soutien à Louis Noguères, président démissionnaire le 30 janvier 1948 et fustige l'attitude communiste.
Après les déchirements de l’Occupation, il milite en faveur d’une large amnistie politique. Son nom figure en tête des propositions de loi visant à l'amnistie des grands mutilés des deux guerres et des mineurs de moins de 21 ans (27 décembre 1947), de la suppression de la peine d’indignité nationale (25 janvier 1949) ou à la révision des sanctions disciplinaires prononcées au titre de l'épuration administrative (23 décembre 1949).
Il reprend les textes proposés par lui durant la deuxième Constituante et présente de nombreux textes et rapports au nom de la commission de la Justice, sur la formation et les indemnisations des jurys notamment. Membre du conseil supérieur de l’administration pénitentiaire, le vieil avocat fait de nombreuses interventions à l’Assemblée en faveur de l’amélioration nécessaire du régime pénitentiaire et pour le relèvement et le reclassement des détenus et en faveur des mineurs délinquants ou en danger, atteints de déficiences physiques ou psychiques. Le 15 février 1951, il critique très vivement l’état des prisons, lors du débat sur le budget de la Justice. Mais il ne se cantonne pas au domaine judiciaire et est présent dans les débats sur d’autres questions sociales. Dans la continuité de son travail d’avant-guerre, il dépose ainsi des textes concernant les baux et les loyers.
L’ancien secrétaire de la conférence des avocats, orateur respecté, est régulièrement le porte-parole du PRL à l’Assemblée où il réalise des interpellations remarquées. Ses votes sont conformes à ceux de la majorité des élus de droite : il vote pour l’investiture de Léon Blum le 12 décembre 1946, apporte le 4 mai 1947 son soutien au gouvernement Ramadier après le départ des ministres communistes, rejette le projet de statut de l’Algérie en septembre et participe au renversement du cabinet Ramadier en octobre. En juillet 1948, il approuve le plan Marshall En septembre, il contribue au renversement du deuxième gouvernement Schuman, qui ne vit ainsi que deux jours et demi. Il dénonce à cette occasion le poids des grandes centrales syndicales, dont Force ouvrière, qu'il accuse de sortir de leur rôle de défense des intérêts professionnels et « d'avoir envahi toutes les avenues du pouvoir et le pouvoir lui-même » et qu'il compare aux congrégations que combattait Waldeck-Rousseau. En novembre, avec Legendre, il interpelle Jules Moch sur les activités des communistes, amenant le ministre de l’Intérieur à ouvrir ses dossiers dans un long discours qui marque la législature. Les incidents avec les communistes se multiplient, surtout lorsque ceux-ci reprennent leurs accusations récurrentes depuis la Libération et le présente comme un vichyste. Ironisant, le 17 novembre 1948, il rappelle qu'il était « recommandé tout particulièrement à la bienveillance de la Gestapo par le fait que j'avais été le ministre de M. Paul Reynaud (…) que je m'étais prononcé contre l'armistice (…) qu'en 1938, j'avais été à la tête du grand mouvement de protestation contre les persécutions hitlériennes à l'égard des israélites ». Et, bien sûr, il retourne les accusations en rappelant l'action du PCF entre septembre 1939 et juin 1941. S’il ne vote pas le projet de loi relatif aux conventions collectives de travail en janvier 1950, il se situe pour autant dans le camp de la troisième force et approuve la loi sur les apparentements en mai 1951. En avril 1950, une réunion s’est tenue en son honneur à la salle de la Mutualité à Paris, en présence de nombreuses personnalités politiques.
En avril 1950, une réunion est tenue en son honneur à la salle de la Mutualité à Paris, en présence de nombreuses personnalités politiques.
Pour les législatives du 17 juin 1951, Louis Rollin conduit une liste d’« Union des indépendants et des républicains nationaux ». Frédéric Dupont étant le colistier de Pierre de Gaulle sur la liste RPF, le deuxième de la liste Rollin est Jacques Rueff. Il se situe dans la logique de troisième force, dénonçant les « deux périls », à l’extrême gauche « la révolution et l’asservissement par une puissance étrangère ; à droite, l’aventure autoritaire ». Il se prononce pour le respect de toutes les libertés « et plus spécialement de la liberté effective de l’enseignement, complément nécessaire de la liberté de conscience et de pensée » et à appelle à la formation d’un gouvernement « stable, fort et courageux ». Il recueille 36 408 voix sur 490 575 inscrits et 397 358 exprimés et est élu, le seul de sa liste. Il retrouve la commission de la justice et de législation et la commission d’instruction de la Haute Cour de Justice. Il poursuit son combat en faveur de l’amnistie et intervient durant le vote de la loi le 1er juillet 1952. Parmi les textes déposés, on remarque une proposition de loi « tendant à protéger la liberté individuelle et à éviter le retour d’erreurs judiciaires provoquées par les aveux passés sous la contrainte et ensuite rétractés ». Le 3 août 1952, il s’excuse de son absence et obtient un congé. Son décès est annoncé à l’Assemblée nationale le 4 novembre suivant.
Au terme de la carrière parlementaire de Louis Rollin est retenu un riche bilan, notons la suppression des bagnes militaires de l’Afrique du Nord, une loi de pardon modifiant la loi Béranger et une part importante dans les lois d’amnistie adoptées par la IVème République.
Ses obsèques ont lieu à l’Église Saint-Jean-du-Haut-Pas le 7 novembre 1952.
Officier de la Légion d’honneur au titre militaire, Louis Rollin était titulaire de la Croix de guerre.