Victor, Ambroise Lanjuinais
1802 - 1869
Député de 1838 à 1848, représentant en 1848 et 1849, ministre, député au Corps législatif de 1863 à 1869, né à Paris le 5 novembre 1802, mort à Paris le 1er janvier 1869, frère de Paul-Eugène de Lanjuinais (1799-1812), pair de France, Victor-Ambroise de Lanjuinais étudia le droit et fut reçu avocat.
Elu, le 17 février 1838, par 182 voix (363 votants) député du 3e collège de la Loire-Inférieure (Pont-Rousseau), en remplacement de M. Billault, qui avait opté pour Ancenis, il siégea au centre gauche et opina généralement avec le tiers-parti.
Il fut successivement réélu :
- le 2 mars 1839, par 231 voix (424 votants) ;
- le 9 juillet 1842, par 241 voix (444 votants, 529 inscrits), contre 193 à M. Betting de Lancastel;
- et le 1er août 1846, par 263 voix (332 votants, 508 inscrits), contre 46 au même concurrent.
Il combattit modérément la politique de Guizot et, dans la session de 1847, vota pour la proposition de réforme électorale, mais refusa de s'associer à la campagne des banquets.
Après la révolution de février, il fut élu par les conservateurs, le 23 avril 1848, représentant de la Loire-Inférieure à l'Assemblée constituante, le 1er sur 13, par 113,074 voix (124,699 votants, 153,494 inscrits). M. Lanjuinais vota avec la droite :
- pour les poursuites contre Louis Blanc et Caussidière,
- pour le rétablissement de la contrainte par corps,
- contre l'amendement Grévy,
- contre le droit au travail,
- pour la proposition Rateau,
- contre l'amnistie,
- pour l'interdiction des clubs,
- pour l'expédition de Rome,
- contre l'abolition de l'impôt des boissons, etc.
Membre et secrétaire du comité des finances, il combattit de tout son pouvoir le socialisme, préconisa les solutions économiques de l'école du laisser-faire, se montra l'adversaire du papier-monnaie et proposa de parer au déficit par la consolidation des bons du Trésor et des livrets de caisse d'épargne et par l'émission d'un emprunt de deux cents millions en rente sur l'Etat. Après de vifs débats, où elle fut appuyée par M. J. de Lasteyrie et par Berryer, l'opinion de M. Lanjuinais l'emporta devant le comité , puis devant l'Assemblée, non sans avoir obtenu le suffrage du gouverneur de la Banque de France et du syndic des agents de change. M. Lanjuinais fut ensuite chargé de plusieurs rapports importants sur diverses matières de finances ; il fit aussi partie de la commission d'enquête relative aux événements du 15 mai et du 23 juin 1848; il opina, avec la majorité de ses collègues, dans le sens de la répression. Lorsque le représentant Rateau demanda, au nom de la droite, la dissolution de la Constituante, il signa avec lui la motion qui prévalut, et qui tendait à une dissolution volontaire de l'Assemblée après le vote de la loi électorale.
Les royalistes purs lui ayant retiré leur appui dans la Loire-Inférieure aux élections générales pour la Législative, M. Lanjuinais ne fut pas réélu ; il s'était retiré à la campagne, lorsqu'il apprit (2 juin 1849) qu'il était appelé, comme ministre du Commerce et de l'Agriculture, à faire partie du cabinet présidé par Odilon Barrot. Il ne tarda pas d'ailleurs à rentrer au parlement : le 8 juillet suivant, onze réélections ayant eu lieu à Paris par suite d'options ou de démissions, M. Lanjuinais, candidat conservateur, fut élu, le premier de la liste, représentant de la Seine, avec 127 556 voix sur 234 588 votants et 373 800 inscrits. Comme ministre du commerce, il eut part à la suppression du système des quarantaines du Levant ; il voulut aussi mettre fin au monopole de la boulangerie parisienne ; mais cette décision ne fut point confirmée par son successeur. Chargé pendant trois mois de l'intérim du ministère de l'Instruction publique et des Cultes, il obtint du pouvoir exécutif l'autorisation collective des synodes provinciaux qui seraient tenus pendant le cours de l'année 1849, en réservant à l'autorité civile les droits stipulés par le Concordat. Soutenu par la majorité de droite, le cabinet, dont M. Lanjuinais faisait partie, fut révoqué le 31 octobre. Le représentant de la Loire-Inférieure refusa d'entrer dans les combinaisons ultérieures et prit part encore dans l'Assemblée aux travaux de plusieurs commissions importantes, telles que la commission d'enquête de la marine et celle des boissons ; il fut en outre président et rapporteur de la commission d'enquête sur la production et la consommation de la viande de boucherie.
Adversaire du coup d'Etat du 2 décembre, il protesta contre cet acte à la mairie du Xe arrondissement, subit une courte détention à Vincennes, rentra dans la vie privée, refusa en 1857 la candidature au Corps législatif, et reparut au parlement, le 1er Juin 1863, comme candidat indépendant de la 2e circonscription de la Loire-Inférieure, élu par 12 248 voix (24 048 votants, 38 717 inscrits). M. Lanjuinais siégea dans le tiers-parti orléaniste, se sépara de la gauche au sujet de la loi de 1864 sur les coalitions qu'il vota avec M. Ollivier, parla (session de 1867) sur le budget de la justice, pour blâmer l'intervention des Juges de paix dans la politique, un certain nombre de ces magistrats ayant été obligés d'envoyer aux parquets un rapport trimestriel sur l'attitude des partis, et mourut avant la fin de la législature.
On a de lui :
- Notice sur la vie et les ouvrages de son père (1832) ;
- Nouvelles recherches sur la question de l'or (1863), dans la Revue des Deux-Mondes.