Jean-Jacques, Emile Fouqueteau

1922 - 1984

Informations générales
  • Né le 13 octobre 1922 à Loudun (Vienne - France)
  • Décédé le 9 janvier 1984 à Loudun (Vienne - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 20 novembre 1975 au 2 avril 1978
Département
Vienne
Groupe
Réformateurs démocrates sociaux

Biographies

Biographie de la Ve République

FOUQUETEAU (Jean-Jacques, Emile)
Né le 13 octobre 1922 à Loudun (Vienne)
Décédé le 9 janvier 1984 à Loudun

Député de la Vienne de 1975 à 1978

Jean-Jacques Fouqueteau naît à Loudun au début des années 1920. Il grandit au contact du monde rural, son père étant éleveur et marchand de porcs, tandis que sa mère dirige une école publique. Après le collège de Loudun, il fréquente le lycée François Rabelais à Chinon, en Indre-et-Loire, et obtient ses deux baccalauréats. Lorsque que le régime de Vichy crée le Service du travail obligatoire en 1942, Jean-Jacques Fouqueteau choisit de s’y dérober et vit caché jusqu’à la Libération. Il reprend ensuite l’entreprise paternelle d’élevage et de commerce de porcs, qui prospère jusqu’à compter neuf salariés. Il entre au conseil municipal de sa commune natale en 1965 et devait y siéger pendant dix-huit années consécutives, notamment en qualité d’adjoint au maire auprès de René Monory.
Rien ne semble destiner Jean-Jacques Fouqueteau à une carrière politique au début des années 1970. C’est un concours de circonstances qui l’y conduit. A l’automne 1968, René Monory, maire de Loudun et suppléant du député de la deuxième circonscription de la Vienne, Pierre Abelin, est élu sénateur. Candidat au renouvellement de son mandat en mars 1973, le centriste Pierre Abelin choisit donc un nouveau suppléant en la personne de Robert Gourault, maire de Vézières et conseiller général des Trois-Moutiers. Lorsque Valéry Giscard d’Estaing est élu chef de l’Etat en mai 1974, Pierre Abelin, qui l’a soutenu dès le premier tour, prend le portefeuille de la Coopération au sein du gouvernement Chirac. Son suppléant Robert Gourault le remplace un an à peine sur les bancs de l’Assemblée nationale. Il meurt en effet le 30 août 1975. Les articles 23 et 25 de la Constitution de la Vème République ne prévoient pas ce cas de figure mais une loi organique précise qu’en cas de décès d’un suppléant devenu député, une élection législative partielle est organisée. Celle des 12 et 19 octobre 1975 prend figure de défi pour la majorité dans la première circonscription de la Vienne, un peu plus d’un après l’élection de Valéry Giscard d’Estaing. Pierre Abelin, ministre de la Coopération, s’y présente en effet. Maire de Châtellerault et président du Conseil général de la Vienne, il souhaite être secondé par un suppléant implanté au nord-ouest de la circonscription, comme l’étaient René Monory puis Robert Gourault. Il sollicite Jean-Jacques Fouqueteau, qui accepte. Le tandem Abelin-Fouqueteau affronte au premier tour une nouvelle candidate socialiste, l’économiste. Pierre Abelin, candidat unique de la majorité, manque de peu une élection au premier tour (49,4%). Edith Cresson réussit néanmoins une belle performance puisqu’elle améliore de plus de 7% le résultat du Parti socialiste par rapport à mars 1973 (22,5% contre 15%) ; elle devance en outre le Parti communiste (21,5%), seul présent au second tour deux ans et demi plus tôt. Le 19 octobre 1975, Pierre Abelin est certes réélu député de la Vienne face à Edith Cresson, mais avec une majorité moins nette que contre le communiste Paul Fromonteil, en mars 1973 (52,6% contre 60,8%). Il démissionne pourtant de son mandat parlementaire pour continuer à siéger au Gouvernement. Son suppléant Jean-Jacques Fouqueteau est alors proclamé député de la Vienne en novembre 1975.
Il s’inscrit au groupe des réformateurs, centristes et démocrates sociaux (RCDS) et siège à la Commission de la production et des échanges à l’Assemblée nationale. Le député de la Vienne prend la parole à trois reprises dans l’hémicycle entre l’automne 1975 et mars 1978. Il participe à la discussion qui suit la déclaration du Gouvernement sur la politique agricole au printemps 1976 : son intervention porte pour l’essentiel sur le marché du bétail et de la viande. Jean-Jacques Fouqueteau reconnaît que l’Etat a « le devoir de surveiller le marché et de définir les règles du jeu » en matière agricole mais estime que « dans un système économique libéral (…), les pouvoirs publics se doivent de faire appliquer des règles qui mettent en concurrence loyale tous les partenaires, qu’ils soient agriculteurs, commerçants, coopérateurs ou consommateurs ». L’intervention étatique doit selon lui « éviter de fausser les mécanismes naturels de régulation du marché » ou de favoriser par l’attribution d’ « aides directes (…) quelques agriculteurs privilégiés et quelques grosses coopératives tendant à monopoliser le marché du bétail et de la viande ». Il insiste également sur la nécessité d’une politique ambitieuse d’amélioration de « la qualité sanitaire du bétail et des produits de l’élevage français ». Observant que « l’application stricte des règlements communautaires en matière sanitaire peut, du jour au lendemain, fermer les marchés extérieurs à la viande et au bétail français », il souhaite que « l’éradication de la brucellose bovine » ou de la « peste procine » prennent place au rang des priorités du ministère de l’Agriculture. Il se montre en outre soucieux de la qualité des produits agricoles et redoute que « les efforts de productivité et les techniques modernes d’élevage n’entraînent une diminution des qualités physiques, chimiques et organoleptiques » de la viande française (séance du 27 avril 1976).
L’examen du budget de l’agriculture pour 1977 lui offre l’occasion de redire son inquiétude : il constate en effet que « des masses importantes de crédits vont aux actions de soutien des marchés agricoles au détriment de la création ou de l’amélioration des équipements nécessaires au développement de l’agriculture ». Si la comparaison avec 1976 fait apparaître une augmentation de 18% du budget de l’agriculture, le député de la Vienne déplore que « les dépenses d’équipement et d’investissement stagnent voire, dans certains cas, diminuent ». Jean-Jacques Fouqueteau juge que « le soutien aux marchés agricoles doit rester l’exception » sous peine de conduire à une « agriculture assistée ». Il voit dans la « rentabilité » le principe sur lequel l’industrie et le commerce des produits agricoles doivent reposer. Jean-Jacques Fouqueteau salue ensuite « le courage et la détermination » du ministre de l’Agriculture Christian Bonnet et l’appelle à « réviser certaines orientations de la politique agricole (…) qui, du fait des habitudes et du poids du passé, se sont petit à petit écartées de leur chemin initial ». Ce discours courageux, qui critique les « pesanteurs parfois démagogiques » de la politique agricole, est applaudi par l’ensemble des élus de la majorité (4 novembre 1976). Le 2 avril 1977, Jean-Jacques Fouqueteau est élu secrétaire de l’Assemblée nationale et conserve cette fonction jusqu’à la fin de la législature.
Le 4 novembre 1977, le député de la Vienne participe au débat sur le budget du commerce extérieur pour 1978. Il se réjouit que la part du commerce extérieur par rapport à l’activité économique globale ne cesse de s’accroître ; en 1971, les exportations représentaient 14,7% du produit intérieur brut français, contre 18,6% en 1976. Il observe cependant qu’ « en 1975, plus de 80% des exportations françaises étaient assurées par moins de 1400 entreprises ». Pour « raffermir la jeune vocation exportatrice de la France », il convient d’après lui d’aider les petites et moyennes entreprises dans leur accès au marché international. Il dresse une liste des mesures prises en ce sens depuis le début des années 1970, qu’il s’agisse « de la réorganisation du centre français du commerce extérieur » ou « de la déconcentration des procédures d’aide au commerce extérieur » par exemple. Jean-Jacques Fouqueteau espère surtout en une transformation des « mentalités des entrepreneurs français à l’égard du commerce extérieur » afin que les petites et moyennes entreprises considèrent l’exportation comme « un débouché normal » et non plus seulement comme « un moyen d’écouler des surplus ».
L’élu de Loudun soutient l’action de l’exécutif jusqu’à la fin de cinquième législature. Il approuve le programme du gouvernement Barre le 28 avril 1977 et se prononce en faveur de l’élection des membres du Parlement européen au suffrage universel (21 juin 1977).
Pierre Abelin a quitté le ministère de la Coopération dès janvier 1976, soit quelques semaines à peine après que Jean-Jacques Fouqueteau a commencé à siéger à sa place sur les bancs de l’Assemblée nationale. Figure importante du centrisme depuis les années 1950, il ne demande pas à son suppléant de démissionner pour provoquer une nouvelle élection partielle et retrouver ainsi son mandat de député. Le 23 mai 1977, Pierre Abelin meurt à Poitiers. Son fils Jean-Pierre entend dès lors être candidat aux élections législatives dans la deuxième circonscription de la Vienne. Il obtient l’aval de Jean-Jacques Fouqueteau, député sortant, qui accepte de devenir le suppléant du fils après l’avoir été du père. Le 12 mars 1978, c’est Jean-Pierre Abelin qui arrive en tête du premier tour avec 37,8% des suffrages exprimés, malgré la candidature du RPR Michel Montenay (13,3%). La socialiste Edith Cresson, qui a été élue maire de Thuré en 1977, devance largement Paul Fromonteil, candidat du PCF (25,9% contre 18%), qui se désiste en sa faveur. Jean-Pierre Abelin est élu député de la Vienne une semaine plus tard grâce au soutien de 52,1% des électeurs.
L’expérience parlementaire de Jean-Jacques Fouqueteau se clôt avec ce passage de relais générationnel –Jean-Pierre Abelin a alors 28 ans- et familial. En juin 1979, l’ancien député est fait chevalier dans l’ordre national du Mérite. Il seconde à nouveau Jean-Pierre Abelin pour les élections législatives de juin 1981, au lendemain de la victoire de François Mitterrand à l’élection présidentielle. Jean-Pierre Abelin est devancé dès le premier tour par Edith Cresson (41,2% contre 43,2%), qui a été nommée ministre de l’Agriculture dans le premier gouvernement de Pierre Mauroy. Le canton de Loudun, où Jean-Jacques Fouqueteau est implanté, accorde un excellent résultat au tandem qu’il forme avec Jean-Pierre Abelin (51,3%). Le soutien des cantons urbains et la poussée de la gauche permettent cependant à Edith Cresson de l’emporter aisément (57,5%) le 21 juin 1981.
Jean-Jacques Fouqueteau décède dans sa commune natale à l’âge de 61 ans.