Robert Gourault
1914 - 1975
- Informations générales
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- Né le 1er avril 1914 à Vézières (Vienne - France)
- Décédé le 30 août 1975 à Poitiers (Vienne - France)
1914 - 1975
GOURAULT (Robert, Auguste)
Né le 1er avril 1914 à Vézières (Vienne)
Décédé le 30 août 1975 à Poitiers (Vienne)
Député de la Vienne de 1974 à 1975
Robert Gourault naît quelques mois avant le début de la première guerre mondiale. Après avoir obtenu son baccalauréat, il entre au service de l’Etat comme commis à l’administration du Trésor. C’est dans le département des Ardennes qu’il se marie, en février 1938. Robert Gourault saisit ensuite la possibilité qui lui est offerte de réorienter sa carrière en devenant fonctionnaire de l’équipement. Il s’y distingue rapidement, jusqu’à accéder à des fonctions de responsabilité : directeur des services départementaux de l’équipement dans l’Ardèche, il obtient ensuite de se rapprocher de sa région d’origine. Il est en effet nommé directeur départemental de l’équipement en Charente, puis adjoint au chef du service régional de l’équipement pour le Poitou et les Charentes. Robert Gourault ne s’engage en politique qu’à l’âge mûr, dans la deuxième moitié des années 1960. Il accède en effet à la mairie de sa commune natale en 1967.
En 1971, une élection cantonale partielle est organisée dans le canton des Trois-Moutiers après la démission du radical Gustave Hardré, maire de Saix. Candidat, Robert Gourault obtient la confiance des électeurs au second tour de scrutin et fait son entrée au Conseil général de la Vienne. Sa sensibilité le rapproche dès cette époque de ces centristes qui, contrairement à Jacques Duhamel ou René Pleven, n’ont pas rallié la majorité à la faveur de l’élection présidentielle de 1969. Au nombre de ces partisans d’un centrisme de conviction figure Pierre Abelin, député de la 2ème circonscription de la Vienne depuis 1962, qui avait déjà appartenu au Parlement sous la IVème République. L’homme fort des centristes du Poitou s’affirme comme un opposant résolu du gaullisme puis du pompidolisme dans les années 1960 et au début des années 1970. Après avoir participé aux négociations autour de Gaston Defferre en 1965, en vue d’aboutir à une candidature commune des socialistes et des démocrates chrétiens, il soutient Jean Lecanuet à l’élection présidentielle de décembre 1965. Leur atlantisme, leur attachement à la construction européenne, à la décentralisation et au régime parlementaire éloignent Pierre Abelin et les centristes du gaullisme de 1962 à 1974.
Les élections législatives des 4 et 11 mars 1973 offrent une occasion à Robert Gourault de faire un premier pas en direction de la politique nationale. Il accepte à cette occasion de devenir le suppléant du député sortant Pierre Abelin, candidat investi par le Mouvement Réformateur de Jean-Jacques Servan-Schreiber et Jean Lecanuet dans la deuxième circonscription de la Vienne. Depuis 1962, Pierre Abelin avait pour suppléant le maire et conseiller général de Loudun, René Monory. Cet autodidacte promis à une brillante carrière politique ayant été élu sénateur en 1968, Pierre Abelin s’est vu contraint de chercher un nouveau remplaçant en la personne de Robert Gourault. Les deux hommes se côtoient en effet à l’assemblée départementale de la Vienne, que préside Pierre Abelin. Dans sa profession de foi électorale, ce dernier parle de son suppléant comme d’un « démocrate courageux et sincère (…), estimé et apprécié de tous ». Cet « administrateur très compétent et écouté » représente en outre la partie rurale de la circonscription, quand Pierre Abelin est maire de Châtellerault, principale ville du secteur. Les candidats réformateurs dressent un bilan très sévère du gaullisme au pouvoir en déclarant aux électeurs que « l’UDR a manqué à ses devoirs ». La majorité sortante a péché, selon eux, par excès de centralisme, manque de concertation et surdité aux revendications sociales. Pierre Abelin et Robert Gourault dénoncent en outre les « scandales » et « compromissions » dont l’exécutif se serait rendu coupable. Le début des années 1970 a en effet vu l’émergence d’ « affaires », autour du député gaulliste André Rives-Henrys, un proche de Jacques Chaban-Delmas, par exemple. Les candidats centristes cherchent enfin à se distinguer de la gauche du Programme commun en appelant à un « changement dans le calme ».
L’Union des Républicains de Progrès, qui rassemble les gaullistes de l’UDR et les Républicains indépendants, a investi un candidat dans la deuxième circonscription de la Vienne pour y défendre les couleurs de la majorité face à Pierre Abelin. Il s’agit de Michel Montenay, chargé de mission auprès de Jean Charbonnel, ministre du Développement industriel et scientifique. Le 4 mars 1973, Pierre Abelin rassemble un peu plus d’un tiers des voix sur son nom (36,9%), contre 24,9% pour son adversaire gaulliste. C’est dans le canton des Trois-Moutiers dont Robert Gourault est l’élu que les centristes réalisent leur meilleur résultat, avec 42,3% des suffrages exprimés. Le retrait de Michel Montenay permet à Pierre Abelin d’affronter le seul candidat communiste au second tour de scrutin. Le maire de Châtellerault est facilement réélu député de la Vienne le 11 mars 1973.
Après la mort de Georges Pompidou le 2 avril 1974, les élections présidentielles organisées en mai conduisent à une courte victoire de Valéry Giscard d’Estaing sur François Mitterrand. Les Réformateurs comme Jean-Jacques Servan-Schreiber, Jean Lecanuet ou Pierre Abelin ont soutenu le candidat victorieux dès le premier tour. Ils en sont récompensés au moment de la formation du gouvernement de Jacques Chirac. La nomination de Pierre Abelin au ministère de la coopération entraîne sa démission de l’Assemblée nationale. Son suppléant Robert Gourault, réélu conseiller général en septembre 1973, le remplace au Palais-Bourbon.
Le nouveau député de la Vienne s’inscrit au groupe des réformateurs démocrates sociaux, qui prend le nom de groupe des réformateurs, des centristes et des démocrates sociaux en juillet 1974. Il siège d’abord à la Commission de la défense et des forces armées, puis rejoint celle de la production et des échanges en avril 1975. La progression de sa maladie ne lui permet pas de donner toute sa mesure à l’Assemblée nationale. Il n’intervient pas devant ses collègues en séance publique et ne dépose pas de proposition de loi sur le bureau de l’Assemblée nationale. Le député de la Vienne soutient l’exécutif en 1974-1975 : il approuve les réformes « libérales » voulues par le président Giscard d’Estaing, en soutenant l’extension du droit de saisine du Conseil constitutionnel (10 octobre 1974) comme la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse (28 novembre 1974). Il se prononce également en faveur du divorce par consentement mutuel (4 juin 1975).
Le 30 août 1975, Robert Gourault s’éteint dans son département de naissance et d’élection, âgé de soixante-et-un ans. Il était chevalier de la Légion d’honneur et officier dans l’Ordre national du Mérite. Edgar Faure, président de l’Assemblée nationale, prononce son éloge funèbre à l’ouverture de la session parlementaire, le 2 octobre 1975. C’est l’occasion pour lui de saluer en Robert Gourault « un homme modeste, réservé, d’une grande simplicité d’abord, aimé de tous ceux qui l’ont connu », qui se faisait une très haute idée du service public.
La disparition du maire de Vézières provoque une élection partielle dans la deuxième circonscription de la Vienne. Ce scrutin prend l’allure d’une épreuve de vérité pour la majorité, puisque Pierre Abelin, qui se porte candidat, appartient au gouvernement. Il affronte la socialiste Edith Cresson qui, défaite au second tour à cette occasion, était néanmoins promise à une importante carrière politique.