Georges, Jacques, Pierre Bouctot
1855 - 1929
Né à Rouen le 29 juin 1855, mort à Paris le 27 février 1929.
Députe de la Seine-Inférieure de 1898 à 1919. Sénateur de la seine-Inférieure de 1920 à 1927.
Député de la Seine-Inférieure de 1928 à 1929.
Georges Bouctot était le petit-fils d'un négociant philanthrope de souche rouennaise. Après avoir fait ses études classiques à Rouen et ses études juridiques à Paris, il se fit inscrire comme avocat au barreau de Paris et débuta au Palais de Justice en qualité de secrétaire de M. Léon Renault.
Maire de Saint-Martin-Osmonville, il fut élu, en 1895, conseiller général du canton de Saint-Saëns que son père avait représenté pendant 37 ans. A ce poste il exposait chaque année la situation des archives départementales et des musées départementaux, présentait divers rapports notamment sur les P.T.T., les routes et les chemins de fer.
Pendant trente ans, il représenta la Seine-Inférieure tour à tour à la Chambre des Députés et au Sénat.
Elu, pour la première fois, député de Neufchâtel-en-Bray, au deuxième tour de scrutin, aux élections générales des 8 et 22 mai 1898, par 9.033 voix sur 17.487 votants, il fut réélu aux élections générales des 27 avril 1902, par 10.563 voix contre 6.370 à M. Beaumont; du 6 mai 1906, par 11.567 voix contre 269 à M. Delaunay ; du 24 avril 1910, par 8.808 voix contre 205 à M. Delaunay ; et du 26 avril 1914, par 11.113 voix contre 624 à M. Delaville, au premier tour de scrutin et avec des majorités accrues. Il siégea à la Chambre parmi les républicains progressistes, puis au groupe de l'Union républicaine dont il fut le vice-président.
Au cours de ces quatre législatures, il déploya une grande activité dans les Commissions et en séance publique. Il appartint à diverses Commissions spéciales (impôt sur le revenu, amnistie, patentes, enquête sur l'affaire Humbert, révision de la loi de 1853 sur les pensions civiles, usines hydrauliques, fête de Jeanne d'Arc, décrets, réorganisation économique, contrôle des questions et projets se rattachant au ravitaillement et aux réquisitions, enquête sur la métallurgie) ainsi qu'à des Commissions permanentes (assistance et prévoyance sociales, budget de 1902 à 1906, douanes de 1906 à 1910, agriculture, P.T.T., pensions civiles de 1910 à 1914, administration générale départementale et communale, douanes de 1914 à 1919).
Il déposa plusieurs rapports importants : sur une convention monétaire additionnelle (1902), sur le budget des Monnaies et Médailles (1902), sur des conventions radiotélégraphiques internationales (1910), sur l'échange des rentes 3 % appartenant aux départements et communes (1915), sur le commerce des marchandises de première nécessité vendues aux troupes (1916), sur la résiliation des baux à ferme et de métayage (1916), sur la destruction des denrées alimentaires (1917) et présenta au nom de la Commission des P.T.T., un avis sur l'établissement d'un réseau intercolonial de télégraphie sans fil (1910).
Il prit une large part aux discussions qui s'ouvrirent sur : le contrat et le droit d'association (1901), la liberté et le secret du vote (1901), le recrutement de l'armée (1904), la séparation des Eglises et de l'Etat (1905), la répression des fraudes dans le commerce du beurre et la fabrication de la margarine (1905), les warrants et les sociétés coopératives agricoles (1905), l'impôt sur le revenu (1908), l'émission d'obligations des chemins de fer de l'Etat (1912).
Il participa à la plupart des discussions budgétaires, notamment sur les chapitres de crédits consacrés à l'agriculture, à celles des lois de finances et des lois relatives aux contributions directes et taxes assimilés.
Au lendemain de la guerre de 1914-1918, quand le scrutin de liste fut rétabli pour les élections générales du 16 novembre 1919, il s'effaça devant un grand blessé de guerre : Robert Thoumyre, mais il était, quelques semaines après, le 11 janvier 1920, envoyé au Sénat (au deuxième tour de scrutin par 718 voix sur 1.445 votants) où il devait montrer la même activité parlementaire qu'à la Chambre, parlant sur le projet de loi relatif aux écoles d'agriculture (1920), dans la discussion du projet de loi relatif à l'approvisionnement en céréales et farines (1925), déposant un avis sur le régime des chemins de fer (1921), des rapports et des avis sur le nouveau régime instauré dans les départements recouvrés du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et de la Moselle (1921), sur le budget de 1925 (imprimerie nationale) et intervenant aussi maintes fois dans les discussions du budget et de la loi de finances. Non réélu au renouvellement du Sénat du 9 janvier 1927, il retrouva son siège à la Chambre des Députés, au premier tour de scrutin, des élections générales du 22 avril 1928 par 13.029 voix sur 15.215 votants.
Membre de la Commission de l'administration générale, départementale et communale et de la Commission des boissons, il déposa un rapport sur les renouvellements triennaux des conseils généraux et des conseils d'arrondissements (1928) intervint notamment dans la discussion du projet de loi monétaire (1928), dans la discussion du projet de loi sur les habitations à bon marché (1928) et dans la discussion de la loi de finances (1929).
Grand rural, possédant de vastes domaines, il contribua à la prospérité de la belle région de Bray. Aussi prit-il, dans ses professions de foi, le titre de « candidat des ruraux » inscrivant dans son programme agricole le dégrèvement des impôts fonciers, la répression des fraudes et une solide protection douanière.
Passionné d'art, érudit, il avait rassemblé des documents et œuvres artistiques dans sa propriété d'Osmonville. Libéral de principe, adversaire irréductible des doctrines collectivistes, il a collaboré au dictionnaire d'Economie politique de Léon Say et Chailley, a présenté une thèse de doctorat en droit sur le droit municipal dans laquelle il se déclarait partisan d'une large décentralisation administrative, a publié le premier tome d'une histoire du communisme et du socialisme (1889) et a collaboré à la rédaction de La Revue de jurisprudence et de droit civil.
Décédé en cours de mandat, le 27 février 1929, son éloge funèbre fut prononcé à la deuxième séance du 28 février 1929 par le Président Fernand Bouisson qui évoqua la longue et fructueuse carrière du disparu qui « pendant trente années, sauf pendant quelques mois, ne cessa de représenter la belle et curieuse région du Bray. »
Ses obsèques solennelles furent célébrées le 4 mars suivant, à la cathédrale de Rouen.