Ferdinand Bougère
1868 - 1933
Né à Angers le 26 Juillet 1868, mort à Angers le 25 octobre 1933.
Député du Maine-et-Loire de 1898 à 1932.
Sénateur du Maine-et-Loire en 1932 et 1933.
Fils cadet de Laurent Bougère banquier et conseiller municipal d'Angers, Ferdinand Bougère fit ses études au lycée et à la Faculté de droit catholique d'Angers. Ayant obtenu sa licence, il s'employa dans la banque paternelle et se consacra aux œuvres de bienfaisance. Agé de 30 ans il se présenta à la députation dans la 2e circonscription d'Angers (élections générales du 8 mai 1898) pour remplacer le député monarchiste sortant, de Soland, qui ne se représentait pas. Il obtenait au premier tour de scrutin 10.322 voix contre 7.670 à son adversaire Beclard, républicain, qui fut battu. Conservateur, il ne s'inscrivit à aucun groupe et s'intéressa principalement au régime des boissons (1900 et 1905) - il écrira en 1910 un ouvrage intitulé Bouilleurs de cru - aux accidents du travail (1899) et aux retraites ouvrières (1906), mais s'abstint au moment du vote final de ce projet. En 1906 il s'opposa à la réintégration du capitaine Dreyfus et du commandant Picquart dans l'armée.
Réélu aux élections générales des 27 avril 1902, par 12.469 voix contre 142 à M. Henry et 6 mai 1906, par 12.750 voix contre 137 à M. Dezaire, chaque fois au premier tour de scrutin, il n'obtint le 24 avril 1910 qu'une majorité plus réduite (9.086 voix contre 8.837 à M. Boutin).
Membre de la Commission de l'enseignement, il s'opposa à l'établissement d'une école laïque dans chaque commune. A la Commission des postes il fut un des premiers à réclamer le timbre à deux sous.
Aux élections générales du 26 avril 1914, malgré sa prise de position en faveur de la loi de 3 ans il accrut sa majorité de 800 voix (il obtint 9.478 suffrages contre 8.438 à son même adversaire M. Boutin). Membre de la Commission des travaux publics, il proposa l'établissement d'une monographie pour chaque rivière du bassin de la Loire, dans le but d'aider à la lutte contre les inondations et se déclara hostile aux travaux envisagés sur le cours inférieur de la Loire. Il prit part, notamment, à la discussion des projets de loi concernant : l'impôt sur le revenu (1914), l'impôt sur les bénéfices de guerre (1916), la taxation des denrées (1916), l'application du Traité de Versailles (1919).
À la mort de son frère Laurent, en 1918, il lui succéda à la direction de la banque paternelle.
Au scrutin de liste du 16 novembre 1919, il fut réélu par 23.831 voix sur 54.580 votants. Sa liste d'Union nationale ne venait toutefois qu'en seconde position, mais elle vint largement en tête lors des élections générales du 11 mai 1924 où il obtint personnellement 31.014 voix sur 57.207 votants.
Pendant cette période il fit partie de la Commission des travaux publics et de celle des mines. Il prit une part active à la discussion des projets concernant la contribution extraordinaire sur les bénéfices de guerre, la création de nouvelles ressources fiscales (1920) et l'institution d'une taxe sur le chiffre d'affaires (1921), s'efforçant de préserver les bénéfices agricoles. Il s'intéressa également au projet de loi relatif à l'éducation physique et à la préparation militaire obligatoires. Au cours de la discussion de la loi de finances de 1923 il intervint à diverses reprises à propos de l'impôt sur le revenu des sociétés en nom collectif ; l'année suivante il se fit le défenseur du régime du forfait applicable aux petits commerçants et industriels.
En 1926 il demanda que la proposition tendant à augmenter l'indemnité parlementaire fût soumise à l'avis des conseils généraux.
Aux élections générales des 22 et 29 avril 1928 il fut mis pour la première fois en ballottage mais au second tour de scrutin il triompha de son adversaire Boutin-Desvignes par 11.196 voix contre 9.014. Il s'intéressa à l'électrification des campagnes (1929) et s'indigna à l'idée que le revenu des bénéficiaires puisse être pris pour référence de l'octroi de la gratuité des études secondaires.
Le 20 mars 1932 il fut élu sénateur à une élection partielle, succédant à Dominique Delahaye, décédé le 10 janvier. II obtint au deuxième tour de scrutin 554 voix sur 938 votants.
Il conserva ce siège lors des élections du 16 octobre 1932 (renouvellement du 10 janvier 1933). Il recueillit 477 suffrages sur 944 votants, au premier tour de scrutin. Il fit partie de la Commission de l'administration générale et de celle du commerce et de l'industrie, mais il mourut aprè 18 mois de mandat. Il n'avait que 65 ans.
Le Président Jules Jeanneney, dans son éloge funèbre, se plut à exalter la vigilance et la chaleur, voire la fougue qu'il avait mises à servir ses convictions politiques, sa foi religieuse et les causes de son pays angevin, au cours de ses trente-six années de mandat et à l'occasion de trois cent vingt-trois interventions à la tribune : « Plus que les grâces de la Renaissance, Ferdinand Bougère incarna le tempérament valeureux des féodaux de son pays ... ».