Joseph, Dominique Louis
1755 - 1837
- Informations générales
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- Né le 13 novembre 1755 à Toul ( - Généralité de Metz France)
- Décédé le 26 août 1837 à Bry-sur-Marne (Seine - France)
1755 - 1837
Député de 1815 à 1824, de 1827 à 1832, ministre et pair de France, né à Toul (Généralité de Metz) le 13 novembre 1755, mort à Bry-sur-Marne (Seine) le 26 août 1837, « fils de monsieur Louis, avocat au parlement, et de dame Marianne Royer », il reçut les ordres mineurs avant la Révolution, puis acheta, en 1779, une charge de conseiller-clerc au parlement de Paris, où l'on remarqua bientôt ses aptitudes en matière financière.
Membre, en 1788, de l'assemblée provinciale de l'Orléanais, il se prononça alors en faveur des réformes. Le 14 Juillet 1790, lors de la première fédération, il assista l'évêque d'Autun, en qualité de diacre, à la messe célébrée au Champ-de-Mars sur l'autel de la patrie. Bientôt après, il fut chargé par Louis XVI de diverses missions diplomatiques et particulièrement de négociations avec la Suède; désapprouvant la marche des événements, il passa en Angleterre après le 10 août 1792.
L'abbé Louis y étudia le système financier du célèbre Pitt, revint en France au lendemain du coup d'Etat de brumaire an VIII, et fut successivement nommé chef de bureau au ministère de la Guerre (1800), puis à la chancellerie de la Légion d'honneur (1806); il entra au conseil d'Etat en qualité de maître de requêtes, à la présidence du conseil de liquidation établi en Hollande (1810), enfin dans les bureaux du Trésor public sous le ministre Mollien; il était chargé du contentieux.
Baron de l'Empire du 9 décembre 1809, il présenta, le 11 mars 1813, au Corps législatif un projet de loi pour la vente des biens des communes, mesure qui valut plus tard, sous la Restauration, les plus vifs reproches au gouvernement impérial. Mais le baron Louis était alors chargé de la défendre, et il dit à ce propos : « Si quelque chose peut ajouter à la reconnaissance des Français envers le restaurateur de la monarchie, ne serait-ce pas cet ordre invariable, cette économie sévère portée dans les moindres détails de l'administration? Rien n'échappe à la vigilance de l'Empereur; rien de trop petit pour l'occuper, lorsqu'il en peut résulter un bien. Nous le voyons, comme Charlemagne, ordonner la vente des herbes inutiles des jardins, lorsque sa main distribue à ses peuples les richesses des nations vaincues... »
Ce panégyrique n'empêcha point, douze mois après, son auteur, non seulement de faire partie du gouvernement provisoire, mais encore de provoquer les événements qui amenèrent la chute de Napoléon. Son ami Talleyrand le chargea en effet, le 1er avril 1814, du portefeuille des Finances, qu'il conserva, cette fois, jusqu'au 20 mars 1815, et qu'il reprit encore, plus tard, à cinq reprises différentes.
Durant ce premier passage aux affaires, le baron Louis donna, suivant l'expression d'un biographe royaliste, les « conseils les plus énergiques », et poussa de tout son pouvoir au rétablissement de la royauté. Les services publics étaient alors sans ressources et sans direction, les départements de l'Est pressurés par l'étranger. L'abbé Louis ne trouva d'abord que 100,000 écus dans les caisses sur lesquelles le Trésor avait encore action. Confirmé dans ses fonctions de ministre des Finances par le roi Louis XVIII (3 mai 1814), il s'occupa de fonder le système auquel il doit sa réputation, et qu'il développa devant les Chambres pendant la session de 1814; ce système avait pour moyen, en présence d'un budget de dépenses pour 1815 s'élevant à 1 milliard 445 millions, de créer des bons royaux portant 8 p. 100 d'intérêt, d'aliéner les biens des communes et les bois de l'Etat.
Le 22 juillet 1814, les députés l'entendirent, non sans quelque étonnement, se livrer à une violente critique de l'administration financière de l'Empire, dont il avait fait partie. Ces attaques provoquèrent un échange de pamphlets entre lui et l'ancien ministre Gaudin, duc de Gaëte. La querelle s'échauffait, lorsque le débarquement de Napoléon vint mettre obstacle aux dispositions financières qu'avait consacrées la loi du 23 septembre 1814. De plus, le ministre avait fait maintenir, par une autre loi, la plupart des droits réunis. Pendant les Cent-jours, il suivit Louis XVIII à Gand.
La seconde Restauration lui rendit son portefeuille le 9 juillet 1815; il le céda à Corvetto le 15 septembre de la même année. Dans l'intervalle, il fut élu, le 22 août 1815, député de la Meurthe (au grand collège), par 128 voix (193 votants, 276 inscrits), et le même jour, député de la Seine, par 102 voix (190 votants, 231 inscrits). La situation financière était plus délicate que jamais. On a dit que l'abbé Louis réussit à soustraire à l'avidité des généraux alliés les encaisses cachées par quelques comptables dévoués, et qu'il obtint, dans ce moment critique, des secours du commerce et des receveurs généraux. Il imagina aussi un emprunt forcé, dont le prélèvement ne fut pas exempt de difficultés; mais il n'hésita pas à prendre des mesures de rigueur et à menacer les récalcitrants de vendre leurs meubles; l'emprunt fut d'ailleurs exactement remboursé plus tard à tous les réclamants.
Après avoir concédé au parti des ultras un grand nombre de destitutions, Louis refusa de marcher d'accord sur tous les points avec la majorité de la Chambre introuvable, et quitta le pouvoir en septembre. Réélu député, le 4 octobre 1816, par le grand collège de la Meurthe, avec 113 voix (194 votants, 271 inscrits), il prit place au centre gauche et opina avec les royalistes « modérés ». Il se mêla surtout aux discussions financières, combattit les idées de M. de Villèle, et entra à maintes reprises dans des détails techniques qu'il possédait à fond, mais qu'il exprimait mal, n'étant pas doué au point de vue oratoire.
Le ministère Decazes, auquel il s'était montré constamment favorable, le rappela aux affaires, en lui confiant pour la 3e fois (30 décembre 1818), le département des Finances. Le poids des dépenses publiques était encore lourd à supporter. Louis provoqua, de la part des receveurs généraux, par certaines combinaisons de banque, de nouvelles avances de fonds, en leur donnant un intérêt direct dans les bénéfices qu'ils procuraient au Trésor. Il fit établir dans chaque département des livres auxiliaires du Grand-livre de la dette publique, destinés à recevoir les fonds des habitants des provinces. Cette mesure fut vivement attaquée par l'opposition d'extrême droite comme pouvant avoir pour effet de propager par toute la France les Jeux de bourse et l'agiotage. Pendant la session de 1818-19, en proposant un projet de loi relatif au monopole des tabacs, il fit un pompeux éloge de la régie, « dont les formes, dit-il, s'adoucissent de jour en jour, et avec laquelle les habitués se familiarisent de plus en plus. » Un murmure général accueillit ces paroles. Lors de la discussion de la loi de finances pour 1819, un député, M. Roy, ayant représenté au baron Louis que l'article concernant la dette flottante ne pouvait être réuni à un autre projet de loi parce que la proposition royale devait être mise en délibération telle qu'elle avait été présentée à la Chambre : « Eh bien! nous la changerons!» s'écria le ministre, et cette boutade excita l'hilarité générale. Louis se déclara partisan de l'augmentation de la dette consolidée de 42 millions de rente. Lorsque le ministère se trouva partagé en deux fractions dont l'une voulait le maintien de la loi des élections et de ses conséquences « libérales », Louis, qui était de cet avis, et qui représentait au pouvoir les royalistes constitutionnels, dut résigner son portefeuille le 19 novembre 1819, en même temps que Dessolle et Gouvion Saint-Cyr. Toutefois il resta ministre d'Etat et membre du conseil privé jusqu'à l'avènement du cabinet Villèle, c'est-à-dire jusqu'au 21 décembre 1821.
Réélu député le 1er octobre de cette année, par le 1er arrondissement de la Meurthe (Nancy), avec 227 voix sur 403 votants et 482 inscrits, en même temps que par le 1er arrondissement du Puy de dôme (Clermont-Ferrand), avec 231 voix (441 votants, 540 inscrits), contre 190 à M. André d'Aubiéres, il opta pour Nancy, fut remplacé à Clermont-Ferrand le 24 janvier 1822, par M. de Trenquelay, et reprit sa place au centre gauche de la Chambre.
« M. Louis, écrivait un biographe parlementaire, n'est point de ces financiers vulgaires qui pensent qu'un Etat puisse faire fortune comme un particulier. Sully n'était, en finance, qu'un fesse-mathieu, et il ne s'est fait qu'une réputation d'économies de bouts de chandelles; mais M. Louis a bien une autre portée. Il est impossible de développer plus de fécondité dans la science de l'impôt, plus de fini dans le talent des recouvrements, plus de grâce et de moelleux dans l'art du garnisaire. Ses rivaux se sont traînés sur des routines. M. Louis a toujours créé des moyens inconnus; il a fait jaillir de la douane des pensées neuves; la direction des droits réunis lui a fourni des tours imprévus, et le Grand-livre des conceptions originales. Il a trouvé le secret d'être brillant dans la sommation et sublime dans la contrainte... » Et plus loin : « Il s'est toujours montré vif, entêté, tranchant, irascible. Il querellait naguère un conseiller d'Etat dans son salon comme autrefois un garçon de bureau dans les corridors de la rue de Varennes. Livrée à ces fréquents moments d'impatience, Son Excellence jette sa tête dans ses deux mains insuffisantes pour dérober un nez qui a plus que la longueur ordinaire. Sa voix devient alors perçante et rude; elle atteint au fa des pianos les plus élevés... »
Le baron Louis se prononça contre les lois d'exception et contre le ministère Villèle, qui parvint à faire échouer sa candidature à Nancy, le 25 février 1824, avec 112 voix contre 322 à l'élu, M. Dubois de Riocourt. Il se retira alors à Bercy, où il possédait de vastes terrains et des constructions, et fut renvoyé à la Chambre, le 17 novembre 1827, par le 2e arrondissement de la Meurthe (Lunéville), avec 110 voix (145 votants, 174 inscrits), contre 33 au baron Saladin. Le même jour, il échouait à Château-Salins (même département) avec 80 voix, contre 83 à l'élu, M. Jankowicz, député sortant ; mais il obtenait d'autre part, dans le 8e arrondissement de Paris, 254 voix (496 votants), contre 229 au baron Leroy. Il opta pour Paris, siégea à la Chambre parmi les adversaires du cabinet Polignac, fut des 221, et, après avoir été réélu, le 23 juin 1830, député de Château-Salins par 125 voix (189 votants, 202 inscrits), contre 60 au député sortant, M. Jankowicz, il prit une part active au renversement de Charles X et à l'établissement de la monarchie de Louis-Philippe.
Le 30 juillet, il fut rappelé au ministère des Finances. La commission municipale, puis le roi Louis-Philippe, ayant ratifié ce titre, le baron Louis eut à recommencer la pénible carrière qu'il avait déjà parcourue; mais l'âge n'avait pas plus amorti en lui l'activité que l'ambition. Ses efforts furent couronnés de succès; la marche des rentrées ne fut point interrompue, le service des dépenses ne souffrit aucun retard. Soumis à réélection en raison de la loi du 12 septembre, il fut réélu au mois d'octobre par le collège de Château-Salins.
Ministre du 30 juillet au 10 août, puis du 11 août au 1er novembre 1830, il dut s'éloigner momentanément avec Guizot, de Broglie et Molé, parce que sa politique avait été jugée trop rétrograde par les partisans du « mouvement », mais il occupa encore le pouvoir, pour la dernière fois, du 13 mars 1831 au 10 octobre 1832. Il se déclara contre le séquestre des biens de Charles X et de sa famille, approuva (1832) l'état de siège, et après s'être fait réélire comme député, le 23 septembre 1831, par le 4e collège de la Marne (Sézanne), en remplacement de Casimir Périer optant pour Paris, avec 170 voix (242 votants, 342 inscrits), contre 60 à M. de Guéhenneuc, il fut appelé par Louis-Philippe à la Chambre des pairs, le 11 octobre 1832. Il y siégea jusqu'à sa mort, y soutint constamment les mesures les plus conservatrices, et parla plusieurs fois sur les questions de finances.
Il avait été fait par Louis XVIII grand-croix de la Légion d'honneur.
Date de mise à jour: octobre 2015