Marie, Melchior, Joseph, Théodore de Lagrené

1800 - 1862

Informations générales
  • Né le 14 mars 1800 à Amiens (Somme - France)
  • Décédé le 26 janvier 1862 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Deuxième République
Législature
Assemblée nationale législative
Mandat
Du 13 mai 1849 au 2 décembre 1851
Département
Somme
Groupe
Droite

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Pair de France, représentant en 1849, né à Amiens (Somme) le 14 mars 1800, mort à Paris le 26 avril 1862, issu d'une ancienne famille de Picardie, et « fils de Pierre-Melchior Lagrené, propriétaire, et de Louise-Françoise-Joseph Defranqueville, ses père et mère, » il fit ses classes à Paris et entra de bonne heure dans la diplomatie.

Après avoir été attaché quelque temps (1822) au ministère des Affaires étrangères sous Mathieu de Montmorency, il accompagna cet homme d'Etat au Congrès de Vérone, et fut l'année suivante envoyé auprès de M. de La Ferronnays, ambassadeur de France en Russie. Il remplit des fonctions analogues à l'ambassade de Constantinople (1825), et fut nommé, en 1826, troisième secrétaire d'ambassade à Madrid, puis, en mai 1828, deuxième secrétaire en Russie : il fut provisoirement chargé, comme tel, des affaires de l'ambassade, pendant que notre ambassadeur, le duc de Mortemart, suivait l'empereur Nicolas dans sa campagne contre la Turquie.

M. de Lagrené resta en fonctions sous le gouvernement de Louis-Philippe, et fut élevé (1831) au grade de premier secrétaire d'ambassade. Chargé d'affaires pendant le long intérim qui s'écoula entre le départ du maréchal Mortier et l'arrivée du maréchal Maison, il eut à s'occuper de plusieurs questions graves, soulevées par les événements de Pologne et de Turquie, etc. En 1834, il épousa Mlle Doubensky, demoiselle d'honneur de la grande-duchesse Marie ; puis il fut désigné pour se rendre à Darmstadt, et peu de temps après en Grèce (décembre 1835) comme ministre résident, titre qu'il échangea plus tard contre celui de ministre plénipotentiaire.

De 1836 à 1843, M. de Lagrenée resta à Athènes; mais sa mission la plus en vue fut celle qu'il accepta de remplir en Chine (1843), à la suite de graves événements dont l'Empire du milieu venait d'être le théâtre : il s'agissait de conclure un traité de commerce et de navigation qui nous assurât directement les mêmes avantages politiques et commerciaux que ceux que l'Angleterre et les Etats-Unis avaient stipulés pour eux-mêmes, et en même temps de chercher à procurer à la France, sur un des points de l'extrême Orient, la possession d'une île qui pût servir à la fois d'établissement militaire pour sa marine et d'entrepôt pour son commerce. M. de Lagrené qui s'était embarqué à Brest, le 12 décembre 1843, avec sa famille et le personnel de sa mission, choisit Macao pour siège des négociations qu'il entama dès son arrivée (13 août 1844). Le 24 octobre suivant, il signa avec le commissaire chinois Ki-in, à bord de l'Archimède, le traité de Whampoa, qui fut ratifié à Taï-Pen-Yu, près de Canton, le 25 août 1845. M. de Lagrené avait obtenu, en outre, deux édits autorisant les Chinois à pratiquer la religion chrétienne, à construire des églises, etc. Enfin une convention, grâce à ses efforts, intervint avec les principaux habitants de Bassilan, une des îles de l'archipel Soulou; ceux-ci s'engageaient à reconnaître la souveraineté de la France; d'autre part, le rajah de Soulou abandonnait pour cent ans ses droits sur Bassilan, moyennant une somme déterminée. Mais le gouvernement français renonça à prendre possession de cette île, sur laquelle l'Espagne avait des prétentions. Une longue et minutieuse exploration de Java suivi la campagne de Soulou. Le 7 janvier 1846, M. de Lagrené quitta la Chine et revint par l'Egypte à Marseille, où il débarqua à la fin de mai.

Elevé à la pairie par une ordonnance du 21 juillet, il soutint de ses votes le gouvernement de Louis-Philippe et prit une part active à la discussion sur la Banque de France, à propos de la prolongation de son privilège : on remarqua les considérations qu'il développa sur le mécanisme des établissements de crédit et les phénomènes de la circulation.

La révolution de février 1848 avait rendu M. de Lagrené à la vie privée. Mais il fut élu, le 13 mai 1849, le 9e sur 12, par 74,396 voix (106,444 votants, 169,321 inscrits) représentant de la Somme à l'Assemblée législative. Il siégea à droite, vota constamment avec la majorité conservatrice : pour l'expédition de Rome, pour la loi Falloux-Parieu sur l'enseignement, pour la loi restrictive du suffrage universel, etc. ; fit partie de la commission du budget, présida en 1850 la commission des fonds secrets, et présenta plusieurs rapports sur des traités de commerce ou des conventions postales. Il ne soutint pas, dans les derniers temps de la législature, la politique particulière de l'Elysée, et quitta définitivement les affaires au lendemain du coup d'Etat. Il fut, depuis, un des administrateurs du chemin de fer du Nord.