Reinhold, Oscar d'Adelsward
1811 - 1898
Représentant du peuple à l’Assemblée constituante de 1848 et à la Législative de 1849, il était né à Longwy (Meurthe), le 18 décembre 1811, d'un père suédois et d'une mère française. Après de bonnes études faites au collège Louis-le-Grand, il fut admis à l'Ecole militaire de Saint-Cyr, d'où il sortit en 1836 officier d'Etat major.
Détaché au camp de Compiègne en 1837, et au camp de cavalerie de Lunéville en 1838, il fit, en 1841, comme capitaine aide de camp du maréchal Baraguey d'Hilliers, la campagne d'Afrique, fut grièvement blessé dans un engagement et obtint, le 17 août, la croix de la Légion d'honneur. Le 1er décembre de la même année, il fut décoré de l'ordre militaire de l'Epée de Suède. Mis en disponibilité par décision ministérielle du 31 mars 1842, il rentra en France, devint (1843) aide de camp du général commandant la 1re brigade d'infanterie à Lyon, et quitta enfin le service en 1844. Il s'établit alors à Nancy, et y passa conseiller municipal et administrateur du bureau de bienfaisance.
Bien qu'il se fût déclaré, sous le gouvernement de Juillet, en faveur de l'opposition démocratique, et qu'il eût été élu à l'Assemblée constituante, le 23 avril 1848, sur une liste républicaine, par 42,123 voix sur 100,120 votants, en compagnie de Liouville, Laflize, Viox, de Ludre, etc., il prit place sur les bancs de la droite, et vota avec elle :
- le 28 juillet 1848, pour le décret contre les clubs ;
- les 9 et 26 août, pour les poursuites contre Louis Blanc et Caussidière en raison des événements du 15 mai;
- le 1er septembre, pour le rétablissement de la contrainte par corps;
- le 25 septembre, pour l'impôt proportionnel préféré à l'impôt progressif;
- le 30 novembre, pour l'ordre du jour sur l'expédition de Civita-Vecchia;
- le 12 janvier 1849, pour la proposition Rateau;
- le 2 mai, contre l'amnistie des transportés.
L'un des promoteurs de la réunion de la rue de Poitiers, il prit part à tous ses travaux. Il s'y montra surtout le partisan de Cavaignac et fut des premiers à poser la candidature du général aux fonctions de chef du pouvoir exécutif.
Il protesta à la tribune, le 15 mai 1848, contre l'envahissement de l'Assemblée nationale et contre les paroles prononcées par Raspail au Palais-Bourbon; appuya, le 26 mai, le projet de décret de bannissement de la famille d'Orléans, tout en opinant de préférence pour le bannissement à temps, et combattit, le 12 juin, en termes très vifs, le projet de décret tendant à ouvrir à la Commission exécutive un crédit de confiance de 100,000 francs par mois. Il faisait partie, à la Constituante, du comité de l'Algérie et des colonies.
Réélu à la Législative, le 13 mai 1849, le 2e sur une liste conservatrice de 9 candidats, par 46,443 voix sur 122,416 inscrits et 85,081 votants, il s'associa le plus souvent, jusqu'au coup d'Etat, à la politique de la droite. Toutefois, il vota, avec la gauche, le 15 mars 1850, contre la loi sur l'enseignement (loi Falloux-Parieu).
Il proposa : le 21 juin 1849 à la suite des interpellations sur les affaires d'Italie et l'expédition romaine, un ordre du jour ainsi conçu : « L'Assemblée législative, persévérant dans la politique tracée par l'Assemblée constituante, invite le ministère à s'y conformer. » (L'ordre du jour pur et simple fut adopté.). Il appuya, le 5 novembre, la proposition du général Baraguey d'Hilliers, contre la gratuité des Ecoles polytechnique et militaire; combattit, le 14 novembre, celle du général Fabvier pour la création d'un comité supérieur consultatif et permanent de la guerre.
Le 29 novembre, il déposa une proposition de loi tendant à prélever un impôt sur le produit des capitaux engagés dans la banque et dans les opérations industrielles et commerciales (il la développa et la défendit, sans succès, dans la séance du 19 juin 1850).
Le 22 décembre 1849, il combattit le projet de décret tendant à autoriser la Banque de France à émettre de nouveaux billets jusqu'à concurrence de 73 millions. Jaloux des prérogatives de l'Assemblée, il demanda, le 25 janvier 1851, à interpeller le ministre de la Guerre au sujet du droit de réquisition de la force publique par le président de l'Assemblée ; cette demande ayant été renvoyée à six mois, il déposa, le 30 du même mois, une proposition ainsi conçue : « Les dispositions militaires extérieures à prendre pour la sécurité de l'Assemblée nationale sont du ressort du pouvoir exécutif. Toutefois, le président de l'Assemblée a le droit, dans les cas extraordinaires et d'urgence dont il reste le seul juge, de requérir directement la force armée et toutes les autorités dont il juge le concours nécessaire. » Cette proposition n'était autre que celle qui fut présentée onze mois plus tard, le 6 novembre, par les questeurs de l'Assemblée.
Au 2 Décembre, il fut incarcéré à Mazas pendant quelques jours, puis il renonça à la vie politique jusqu'en 1863; il se présenta alors, le 1er juin, comme candidat de l'opposition dans la 2e circonscription de la Meurthe, où il échoua avec 9,024 voix sur 36,273 inscrits et 29,080 votants, contre le candidat officiel, M. Buquet, qui fut élu par 19,606 voix.
M. d'Adelsward a publié en 1861, La Liberté de conscience en Suède, et en 1862, Considérations sur la réformation et les lois de 1860 en Suède. Il s'attache dans ces ouvrages à prouver que les lois sur les cultes, promulguées par le gouvernement suédois en 1860, ont donné une satisfaction suffisante à la doctrine du libre examen.