Paul, Marie, Maurice Boulet

1894 - 1982

Informations générales
  • Né le 8 septembre 1894 à Marseille (Bouches-du-Rhône - France)
  • Décédé le 27 juillet 1982 à Montpellier (Hérault - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XVIe législature
Mandat
Du 3 mai 1936 au 31 mai 1942 *
Département
Hérault
Groupe
Parti de la jeune République
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Hérault
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Hérault
Groupe
Mouvement républicain populaire

* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936

Biographies

Né le 8 septembre 1894 à Marseille (Bouches-du-Rhône).

Député de l'Hérault de 1936 à 1942. Délégué de l'Assemblée Consultative provisoire de 1944 à 1945. Députe de l'Hérault à la deuxième Assemblée Nationale Constituante en 1946.

Député de l'Hérault à l'Assemblée Nationale de 1946 à 1951.

D'ascendance bretonne du côté paternel et ardennaise du côté maternel, Paul Boulet a fait ses études secondaires aux lycées de Béziers puis de Montpellier. Muni du baccalauréat, il ne fut pas attiré par la carrière militaire qu'avait choisie son père. Il s'inscrivit à la Faculté de médecine de Montpellier mais dut interrompre ses études médicales en 1915, pour répondre à l'appel de sa classe. Mobilisé comme brancardier, puis caporal-brancardier au 7e régiment de tirailleurs de la 1re division marocaine, il fut envoyé au front. Blessé en 1916, décoré de la Croix de guerre avec cinq citations, il finit par être nommé médecin militaire au 133e régiment d'infanterie. Mais il termina la campagne comme prisonnier de guerre dans un camp allemand. Rentré en France, il poursuivit ses études médicales jusques et y compris l'agrégation et fut chargé de professer à la Faculté de médecine de Montpellier, qu'il ne devait plus quitter.

Il débuta dans la politique en 1935 où il fut élu conseiller municipal et maire de Montpellier pour devenir ensuite conseiller général du canton de Saint-Martin-de-Londres. C'est en cette double qualité qu'il affronta les élections générales législatives des 26 avril et 3 mai 1936 dans la 1re circonscription de Montpellier. Il fut élu au deuxième tour de scrutin, par 8.467 voix contre 6.831 à M. de Rodez-Bénavent, député sortant. Il s'inscrivit au groupe du parti de la jeune République et appartint à la Commission de l'hygiène, à celle des boissons, à celle des pensions civiles et militaires et à celle de la santé publique. Il prit souvent la parole, notamment : sur l'institution d'un congé annuel payé dans l'industrie, le commerce, les professions libérales, les services domestiques et l'agriculture. Il désirait que l'application de la loi fût étendue à la main-d'œuvre agricole indigène en Algérie (1936) ; sur l'exécution d'un plan de grands travaux destinés à lutter contre le chômage (suppression des taudis) (1936) ; sur l'institution d'un office national interprofessionnel du blé (1936) ; sur le budget de la santé publique de l'exercice 1937 (assistance aux vieillards, infirmes et incurables, protection de l'enfance, fléaux sociaux, prostitution, suppression des taudis) et sur celui de l'agriculture (vente du lait le dimanche à Montpellier) (1936); sur le budget de la sante publique de l'exercice 1937 (péril vénérien, tuberculose, organisation des loisirs), sur celui des pensions (aliénés de guerre) (1937) ; sur la retraite des vieux travailleurs (1938) ; sur le budget de la santé publique de l'exercice 1939 (aveugles et grands infirmes ayant besoin de l'aide d'une tierce personne, taxe sur les récepteurs de T.S.F., publicités pharmaceutiques, alimentation, aération, culture physique, lutte contre le cancer, la tuberculose, la syphilis, l'alcoolisme, trafic des drogues, repopulation) et sur celui du travail (retraites des vieux, sort des chômeurs, familles nombreuses) (1938) ; sur la révision de la loi du 30 juin 1938 sur les aliénés (1939).

Il déposa en outre deux propositions de résolution, l'une concernant la lutte contre le taudis dont il fut nommé rapporteur (1936), l'autre relative à la situation des aliénés de guerre internés, qu'il fut également chargé de rapporter (1938). On lui doit également un avis au nom de la Commission des. boissons sur l'organisation de distribution réglementaire de vin chaud aux hommes de troupe pendant les périodes de grands froids (1936).

Lorsqu'éclata la guerre de 1939, il reprit volontairement du service en qualité de médecin-commandant d'un hôpital d'évacuation primaire. Sa brillante conduite lui valut d'être encore décoré de la Croix de guerre.

Le 10 juillet 1940, à Vichy, il fut du nombre des 80 parlementaires qui refusèrent les pouvoirs constituants au maréchal Pétain ce qui lui valut le titre de membre honoraire du Parlement. Chevalier de la Légion d'honneur à titre militaire en 1920, il fut fait officier, au même titre en 1944.

Délégué parlementaire à l'Assemblée Consultative provisoire le 7 novembre 1944, il s'inscrivit au groupe de la gauche indépendante de la Chambre des députés. Il siégea à la Commission de l'éducation nationale, à celle de l'intérieur et de la santé publique, à celle du travail et des affaires sociales et à la Commission permanente de coordination. Il intervint au cours de l'examen du budget de la santé publique de l'exercice 1945 (maladies vénériennes et problème démographique) de- celui de l'agriculture (situation des viticulteurs, soufre pur importé) et de la loi de finances (alcool utilisé en pharmacie).

Aux élections générales du 21 octobre 1945 (première Assemblée Nationale-Constituante), il se présenta en tête de la liste du mouvement de libération nationale qui essuya un échee, n'ayant obtenu que 17.727 suffrages sur 211.816 votants. Mais à celles du 2 juin 1946 (deuxième Assemblée Nationale Constituante) où il occupait la 2e place sur la liste conduite par M. Paul Coste-Floret, il fut élu à la plus forte moyenne par 65.350 voix sur 222.363 votants. Inscrit au groupe du M.R.P., il appartint à la Commission de l'agriculture et à celle de la famille, de la population et de la santé publique. Au eours de la discussion d'un projet de loi portant ouverture et annulation de crédits sur l'exercice 1946, il présenta des. observations sur les cataclysmes ayant atteint la viticulture, et participa aux. débats sur les propositions de loi électorales et sur le projet de loi accordant à l'Etat un droit d'acquisiton prioritaire sur les denrées alimentaires (1946).. Réélu aux élections générales du 10 novembre 1946 (première législature de l'Assemblée Nationale), deuxième de la liste du mouvement républicain populaire, par 49.994 voix sur 214.521 votants, il resta inscrit au groupe du M.R.P. Il siégea à la Commission de l'agriculture, à celle de la famille, de la population et de la santé publique dont il devint vice-président, à la Commission des boissons et à celle chargée d'enquêter sur la production du vin, la livraison de ce vin par les producteurs au ravitaillement général et la répartition de ce vin entre les attributaires. Il fut en outre nommé juré à la Haute Cour de justice.

Ses interventions furent nombreuses ; elles portèrent notamment sur : les dispensaires d'hygiène sociale (1947) ; les achats de livres pour lectures publiques (bibliobus) (1947) ; les manœuvres s'opposant à la collecte et à la répartition des denrées rationnées (1947) ; le reclassement de la fonction publique (1948) ; les avances à la caisse de crédit agricole en faveur des viticulteurs (1948) ; les habitations à bon marché (1948) ; les loyers (1948) ; la lutte contre l'alcoolisme (1948) ; le fonds national de chômage (1948) ; les services antivénériens départementaux (1948) ; le personnel des bibliothèques municipales (1948) ; les constructions scolaires pour l'enseignement primaire (1948) ; les théâtres nationaux (1948) ; les anciens combattants et les victimes de la guerre (1948) ; l'attribution du minimum vital à tous les aveugles et grands infirmes (en qualité de rapporteur) (1948) ; l'évaluation de la taxe locale (1948) ; le taux des droits sur les vins de liqueur (1948) ; les apéritifs à base d'alcool (1948) ; la modification du statut viticole (1948) ; la dissolution de l'entr'aide française (1949) ; le fonctionnement de la sécurité sociale (1949); la ratification du pacte Atlantique (1949) ; la nationalisation de l'électricité et du gaz (1949) ; la réforme de l'auxiliariat (1949) ; la taxe locale additionnelle aux taxes sur le chiffre d'affaires (1949) ; la contribution des patentes (1950) ; les prêts aux collectivités locales (1950) ; les conventions collectives et le règlement des conflits du travail (1950) ; les stages des étudiants en médecine (1950) ; la réduction sur les transports de la région parisienne en faveur des étudiants (1950) ; l'emploi de certains produits végétaux dans les boissons non alcooliques (en qualité de rapporteur) (1950) ; les crédits de l'éducation nationale (1950) ; la situation des veuves de guerre (1950) ; les expéditions françaises à l'Himalaya (1950) ; l'organisation du service de santé scolaire (1950) ; le stockage des fromages (1950) ; l'amnistie relative aux faits de collaboration (1950); l'élection des membres de l'Assemblée Nationale (1950) ; les baux à usage commercial, industriel ou artisanal (1950) ; le programme du réarmement (1950) ; la dévolution des biens des entreprises de presse (1951) ; l'allocation aux vieux travailleurs salariés (1951) ; la révision de certaines rentes et pensions (1951) ; les prestations familiales (1951) ; la politique charbonnière du Gouvernement (1951) ; la suppression des zones de salaires (1951) ; le salaire minimum des maîtres laïques de l'ensei.gnement privé (1951) ; le fonds national de chômage (1951) ; le procès des pères blancs de Dakar (1951) ; la retraite du combattant (1951) ; la reconduction de l'allocation temporaire aux vieux (1951) ; la crise de la viticulture (1951) ; le budget annexe des prestations familiales agricoles pour 1951 (en qualité de rapporteur) (1951). Il déposa en outre un grand nombre de propositions de loi, de rapports et d'avis qui traduisaient les mêmes préoccupations que celles dont il se fit l'écho à la tribune.

Aux élections générales du 17 juin 1951, il se présenta en tête d'une liste de la gauche indépendante qui n'obtint que 10.301 voix sur 215.922 votants.

Il essuya le même échec aux élections générales du 2 janvier 1956, toujours en tête de liste de la gauche indépendante qui ne recueillit que 6.012 voix sur 234.333 votants.

Il fut réélu en 1945 et en 1947 maire de Montpellier, et après avoir perdu cette magistrature fut réélu conseiller municipal en 1953 pour le rester jusqu'en 1957. Le docteur Paul Boulet est toujours professeur de. clinique médicale à- la Faculté de médecine de Montpellier. Médecin des hôpitaux de cette ville, un pavillon hospitalier porte son nom.




Né le 8 septembre 1894 à Marseille (Bouches-du-Rhône)

Décédé le 27 juillet 1982 à Montpellier (Hérault)

Député de l'Hérault de 1936 à 1942

Membre de la seconde Assemblée nationale constituante (Hérault)

Député de l'Hérault de 1946 à 1951

(Voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, tome II, p. 713)

Le 10 juillet 1940, Paul Boulet est parmi les 80 députés qui refusent de donner les pouvoirs constituants au Maréchal Pétain. Il est délégué parlementaire à l'Assemblée Consultative provisoire à partir du 7 novembre 1944 et il y intervient sur les problèmes médicaux et viticoles.

En 1945, Paul Boulet est élu maire de Montpellier. De 1953 à 1957, il n'est plus que conseiller municipal de cette ville.

Le 21 octobre 1945, il se présente aux élections à l'Assemblée nationale constituante à la tête d'une liste du Mouvement de libération nationale mais il n'est pas élu, sa liste ne recueillant que 17 727 suffrages sur 211 816 votants. Le 2 juin 1946, Paul Boulet figure cette fois en seconde position sur la liste du M.R.P. conduite par Paul Coste-Floret. Passant de 48 511 suffrages à 63 350 suffrages, cette liste a deux députés. L'Hérault élit aussi deux communistes (67 376 voix), un socialiste, Jules Moch (51 134 voix) et un membre du R.G.R., Vincent Badie (36 130 voix). Le nouvel élu est nommé membre de la Commission de l'agriculture et de celle de la famille, de la population et de la santé publique. Il défend les viticulteurs victimes de calamités naturelles et il participe au débat sur le ravitaillement et sur les propositions de loi électorale.

Le 10 novembre 1946 le mécontentement des électeurs et la présence d'une liste de rassemblement gaulliste (14 502 voix) font perdre des voix à toutes les listes sauf à celle des communistes - en progrès - qui ont deux élus pour 71 482 voix. Les députés sortants sont réélus, Paul Coste-Floret et Paul Boulet pour le M.R.P. (49 994 voix), Vincent Badie pour le R.G.R. (32 162 voix) et Jules Moch pour la S.F.I.O. (43 616 voix). Paul Boulet retrouve la Commission de l'agriculture et celle de la famille, de la population et de la santé publique dont il est élu vice-président en décembre 1946. Il est en 1947 nommé membre de la Commission chargée d'enquêter sur la production du vin, sa livraison au ravitaillement et sa répartition. En 1949, il entre dans la Commission des boissons. Il est aussi juré à la Haute Cour de Justice.

L'activité parlementaire de ce médecin préoccupé de progrès, aussi riche que sous la IIIe République, déborde désormais le seul domaine social qui avait sa préférence.

Il intervient pour que les habitants de l'Hérault victimes de tornades en 1949 et 1950 et des gelées de 1951, soient exonérés d'impôts fonciers et il se préoccupe, devant la crise viticole menaçante en 1951, du stockage des excédents de vin. Membre de l'association des médecins amis du vin, il reconnaît le bien-fondé de la politique de lutte contre l'alcoolisme. Il dénonce le projet de loi autorisant et réglementant la fabrication des apéritifs anisés et la publicité pour les autres apéritifs qui venait de rallier, par une habile présentation, la Commission de la famille. Lui-même dit préférer à un dirigisme qui réglemente « l'empoisonnement » la lutte contre l'empoisonnement lui-même.

Ce professeur de médecine demande que les médecins aient priorité pour l'achat des rares automobiles et que soit facilité leur équipement en appareils radiologiques. Il intervient aussi pour que soient augmentés les stocks de streptomycine mis à la disposition des médecins hospitaliers. En 1948, il montre l'intérêt économique de maintenir les crédits de dépistage de la syphilis et il souhaite que l'Etat prenne en charge les établissements de rééducation et de réinsertion des prostituées. Il voudrait que la politique antivénérienne soit étendue à l'outre-mer. Il s'intéresse à la situation des étudiants en demandant d'insérer un stage pratique dans la formation des médecins, et il interpelle le ministre de la santé sur la Sécurité sociale des étudiants. Son souci des victimes de handicaps et des faibles l'amène à déposer un projet de loi donnant aux tuberculeux une priorité dans les transports et à prévoir un minimum vital pour les aveugles. Il demande une revalorisation des pensions de guerre et une politique du logement qui ne défavorise pas les personnes âgées. En 1949, en un pathétique appel à la générosité, il défend la Sécurité sociale dont la gestion était critiquée. Il est le très favorable rapporteur de la Commission de la famille sur la ratification de la Convention créant l'Organisation mondiale de la santé.

Le professeur Boulet joue un rôle important dans « l'affaire du coca-cola » qui, en 1949, mobilise des hygiénistes et plus encore des parlementaires d'extrême gauche contre une entreprise américaine accusée d'impérialisme économique et de mépris de la législation française : le fabricant invoquant le secret des affaires ne prétendait-il pas échapper à l'obligation de rendre publique la composition de son produit ? Dans son rapport du 1" décembre 1949, Paul Boulet suggère que l'avis du Conseil supérieur d'hygiène publique et celui de l'Académie de médecine soient requis par le ministre pour réglementer l'emploi des produits d'origine végétale dans les boissons non alcoolisées. Or, le Conseil de la République rejette l'avis le 6 juin 1950. Paul Boulet défend sans faiblir ses premières conclusions.

Le député de l'Hérault est un homme de fortes convictions. Il se déclare un jour, à la tribune, « indépendant intégral » et il se lance dans des campagnes que son parti est loin d'approuver. Il se prononce pour l'amnistie en faveur des faits de collaboration. Le 6 juin 1947, il propose une loi tendant à abolir la peine de mort. Justifiant son attitude par les leçons qu'il tire des horreurs du dernier conflit mondial, il se montre un pacifiste convaincu. Il souhaite un statut des objecteurs de conscience (1949). Hostile à l'armement nucléaire, il voudrait le désarmement ; aussi prend-il position contre le Pacte atlantique qui renoue avec le système des alliances et favorisera, pense-t-il, la « course aux armements », génératrice de guerre. Il considère aussi que le Pacte atlantique prive les parlementaires français de leur droit d'autoriser la guerre. La France devrait proclamer sa neutralité et réunir à Paris un vaste congrès de la paix. Lorsque éclate le conflit de Corée, Paul Boulet souhaite que le gouvernement français favorise le rétablissement de la paix et évite de s'aligner sur la politique américaine. Ces prises de position sont en contradiction avec la politique du M.R.P. qui prononce finalement son exclusion. Aussi les élections de 1951 se présentent-elles pour lui dans des conditions particulièrement difficiles. Il forme une liste de la gauche indépendante avec de modestes candidats et il affronte - isolé comme les communistes et les gaullistes - les quatre listes S.F.I.O., R.G.R., M.R.P. et U.I.P.R.N. qui ont conclu un apparentement. Obtenant la majorité absolue (109 217 voix) les listes apparentées ont les 6 sièges. Les communistes ont recueilli 69 433 suffrages, le R.P.F. 21 256 et la liste de Paul Boulet seulement 10 301. En 1956, il tente sans succès de revenir au Parlement à la tête d'une liste de la gauche indépendante, non apparentée qui n'obtient que 6 012 suffrages.