Paul, Elisée Bourely
1867 - 1919
Né le 8 décembre 1867 à Vallon (Ardèche), mort le 11 novembre 1919 à Neuilly-sur-Seine.
Député de l'Ardèche de 1905 à 1919. Sous-secrétaire d'Etat aux Finances en 1913 et en 1917.
Issu d'une famille de cultivateurs de l'Ardèche, Paul Bourely fit ses études classiques à Tournon. Il dut les interrompre pour des raisons familiales, se fit recevoir instituteur en 1884 et les poursuivit à ce poste, en toute indépendance. Pourvu du baccalauréat, il se destina à la théologie protestante, s'inscrivit à la Faculté de Montauban, puis à l'Université de Genève, enfin à la Faculté de Paris. Mais il abandonna la carrière de pasteur pour entreprendre des études supérieures de lettres et de droit à Paris, et s'inscrire au barreau.
Orateur éloquent et disert, il fut appelé à donner de nombreuses conférences, à Paris et en province sur des questions politiques et sociales. Il fut un des fondateurs du comité radical de la rue Tiquetonne, siégeait à la ligue de l'enseignement et faisait partie de la société républicaine des conférences populaires.
Chef du Cabinet civil du Ministre de la guerre Berteaux en 1904 et 1905, il fréquenta les milieux politiques de premier plan et fut ainsi amené à se présenter à une élection législative partielle qui eut lieu dans la 1re circonscription de Privas le 22 octobre 1905, pour pourvoir au remplacement d'Albert-le-Roy décédé le 18 août. Il fut élu par 6.154 voix contre 2.815 à M. Fombarlet, au premier tour de scrutin.
Inscrit au groupe de la gauche radicale-socialiste, il n'appartint à aucune commission, la législature touchant à sa fin. Mais il eut l'occasion d'intervenir à la tribune sur les rapports commerciaux entre la France et la Suisse (1905), sur le tarif des douanes (1905), sur les primes à la sériculture (1906), et sur l'exemption des frais d'études dans les cours secondaires de jeunes fillles (1906).
Il fut réélu aux élections générales du 6 mai 1906, au premier tour de scrutin, par 8.920 voix sur 10.736 votants, sans concurrent.
Il entra à la Commission des douanes, à celle de l'armée, à la Commission du budget pour les exercices 1907, 1908 et 1910, et à la Commission chargée d'examiner les documents saisis à la nonciature. Son activité fut intense. Il participa à la discussion des budgets des exercices 1908, 1909 et 1910 et rapporta, en 1908, le budget du Ministère du Commerce. Il se fit également entendre sur la grève des électriciens (1907), le recrutement de l'armée (en qualité de rapporteur) (1908), les sociétés de secours mutuels des armées de terre et de mer (en qualité de rapporteur) (1909), les encouragements à donner à la sériciculture (en qualité de rapporteur) (1909), la modification du tarif général des douanes, (1910), la liquidation des congrégations religieuses (en qualité de rapporteur) (1910).
Réélu aux élections générales du 24 avril 1910, au premier tour de scrutin par 6.872 voix contre 5.569 au docteur Roche, sur 12.645 votants, il appartint à la Commission des crédits, à celle de l'administration, des cultes et de la décentralisation et à celle du budget pour les exercices 1911, 1912 et 1913, et fut nommé rapporteur du budget des finances pour les exercices 1912 et 1913. Ces fonctions lui valurent d'être choisi comme sous-secrétaire d'Etat aux finances dans le troisième Cabinet Briand du 21 janvier 1913, puis dans le quatrième Cabinet Briand du 18 février 1913, enfin dans le Cabinet Barthou du 22 mars 1913. En cette qualité, il soutint les budgets de l'imprimerie nationale, des finances et certains articles de la loi de finances de l'exercice 1913 ainsi que le vote de la loi modifiant la durée du service militaire (1913). La démission du Cabinet Barthou, le 2 décembre 1913 le renvoya à son banc de député, d'où il prit part à la discussion du budget de l'agriculture de l'exercice 1914 pour traiter la question de la météorologie agricole.
Il retrouva son siège aux élections générales du 26 avril 1914, toujours au premier tour de scrutin, par 6.322 voix contre 4.244 au docteur Roche, sur 12.058 votants. Il entra à la Commission de l'armée, à la Commission de contrôle des questions et projets se rattachant au ravitaillement et aux réquisitions, et, en 1919, à la Commission chargée d'examiner les divers traités de paix.
Il eut l'occasion d'intervenir à maintes reprises sur : l'organisation du contrôle aux armées (1916), l'attribution aux agents des chemins de fer d'allocations complémentaires (1916), l'établissement d'une carte de poudre de chasse (1917). Le 12 septembre 1917, Painlevé lui confia le portefeuille de sous-secrétaire d'Etat aux finances dans son premier Cabinet qui dut démissionner le 13 novembre pour laisser la place à Clemenceau.
En qualité de député, il s'intéressa à la discussion du projet de loi tendant à modifier la législation des pensions des armées de terre et de mer, dans le cas de blessures reçues, de maladies contractées ou de décès survenus par suite de la guerre (1917) ; du projet de loi portant ouverture de crédits additionnels sur l'exercice 1918, au sujet des indemnités de combat et de la constitution du pécule (1918) et enfin à la réforme de la loi électorale (1919).
Il devait mourir quelques semaines plus tard, le 11 novembre 1919 à Neuilly, de façon inattendue alors qu'il n'avait que 52 ans.
Il avait pris la tête d'une liste d'Union et de concentration républicaine en vue des élections générales qui devaient se dérouler cinq jours plus tard, le 16 novembre. Pour lui manifester leur fidélité, et peut-être aussi, parce que la nouvelle de sa mort n'était pas parvenue dans toutes les communes de la circonscription de Privas, ses anciens électeurs votèrent pour lui et il obtint autant de voix que les autres membres de sa liste.
Auteur d'ouvrages historiques et philosophiques, tels que : Fondement de la Morale sociale et L'Amiral de Coligny couronnés par l'Université de Genève, il avait collaboré à de multiples journaux et revues : La Démocratie de l'Ardéche, l'Avenir des Cévennes dont il fut le rédacteur en chef ; Le Journal de Marseille qui était dirigé par M. Rostand, père d'Edmond Rostand; Le National qui avait à sa tête M. Gervais, ancien président du conseil général de la Seine où il publia une série d'articles remarqués, sous le titre : L'oeuvre sociale de la troisième République ; L'Echo de la Semaine, La Nouvelle Revue où il fit paraître une étude sur L'Evolution morale et contemporaine ; Le Français quotidien où il fut rédacteur parlementaire ; Le Voltaire où à partir de 1896 il rédigea le bulletin politique.
On lui doit en outre un volume de vers : Un Cœur de poète qui parut sous le pseudonyme de Luc de Bechland, préfacé par André Theuriet.
Il était Chevalier de la Légion d'honneur, Officier d'Académie et avait obtenu une Médaille d'honneur de l'Union des femmes de France.