Léon, Léonard, Joseph Faucher

1803 - 1854

Informations générales
  • Né le 8 septembre 1803 à Limoges (Haute-Vienne - France)
  • Décédé le 14 décembre 1854 à Marseille (Bouches-du-Rhône - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Monarchie de Juillet - Chambre des députés
Législature
VIIe législature
Mandat
Du 1er août 1846 au 24 février 1848
Département
Marne
Groupe
Centre gauche
Régime politique
Deuxième République
Législature
Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 23 avril 1848 au 26 mai 1849
Département
Marne
Groupe
Droite
Régime politique
Deuxième République
Législature
Assemblée nationale législative
Mandat
Du 13 mai 1849 au 2 décembre 1851
Département
Marne
Groupe
Droite

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député de 1846 à 1848, représentant en 1848 et en 1849, et ministre, né à Limoges (Haute-Vienne) le 8 septembre 1803, mort à Marseille (Bouches-du-Rhône) le 14 décembre 1854, il se trouva de bonne heure livré à lui-même par suite de la désunion de ses parents, qui se séparèrent. Il resta avec sa mère, sans ressources, et, pour lui venir en aide, quitta le lycée de Toulouse dès sa seconde pour entrer dans une institution comme répétiteur.

A 19 ans, il vint à Paris, donna des leçons, acheva d'étudier la littérature et l'économie politique, et fut, en 1824, précepteur des deux fils du général Delaître. En 1827, classé le premier, pour l'agrégation, il fut exclu par M. de Frayssinous, en raison de ses opinions. Il appartint aussi quelque temps à l'enseignement public, en qualité de professeur suppléant de philosophie dans un collège.

Il avait commencé plusieurs traductions d'ouvrages grecs, lorsque la révolution de 1830 l'arracha à ce qu'il appelait « le grabat de la philosophie », et le jeta dans le journalisme politique. Il prit alors la rédaction du Temps, qu'il garda jusqu'en 1833, puis la direction du Constitutionnel, et publia de nombreux articles dans la Revue des Deux Mondes, la Revue de législation, etc. En même temps il collaborait activement au Courrier français, dont il devint rédacteur en chef en 1839. Economiste de l'école de J.-B. Say, il mena plusieurs campagnes en faveur de la liberté commerciale, et réclama, en 1837, sous le titre d' Union du Midi, l'unité de tarif en France, en Belgique, en Espagne et en Suisse, afin de contrebalancer le Zollverein allemand. Il traita également les questions de finances et de chemins de fer. Admirateur de la constitution de l'Angleterre, il étudia avec un goût particulier les mœurs et les institutions de ce pays, dont il préconisait l'alliance, et leur consacra deux volumes d'Etudes où il examinait surtout les principales sources de l'industrie anglaise.

Après plusieurs tentatives infructueuses pour parvenir à la Chambre des députés, notamment à Corbeil en 1840, à Saint-Valery en 1842, et le 23 novembre 1844, dans le 1er collège électoral de la Marne (Reims), où il obtint 344 voix contre 414 à M. Chaix d'Est-Ange, élu en remplacement de M. Houzé-Muiron, décédé, Léon Faucher fut plus heureux aux élections générales du 1er août 1846 : par 401 voix (782 votants, 850 inscrits), contre 375 à M. Chaix d'Est-Ange, député sortant, il fut nommé député de Reims. Il siégea au centre gauche, et combattit le ministère Guizot; mais il s'occupa principalement des questions de finances, de douanes et de libre-échange. Peu attaché à Louis-Philippe dont il disait : « C'est un astre très bourgeois, qui tourne pour lui seul et s'use en tournant, » il s'associa à la campagne des banquets réformistes et à la demande de mise en accusation du cabinet, sans viser à la révolution du 24 février 1848; il ne se rallia qu'à contre-cœur à la forme républicaine. Le socialisme le comptait d'ailleurs parmi ses adversaires les plus obstinés, et, dès le 15 avril, il publiait une brochure sur ou plutôt contre le Droit au travail.

Elu, le 23 avril 1848, représentant de la Marne à l'Assemblée constituante le 1er sur 9, par 84,263 voix (93,164 votants, 101,527 inscrits), Léon Faucher prit place sur les bancs de la droite, et vota constamment avec les conservateurs :

- pour le rétablissement du cautionnement,
- pour les poursuites contre Louis Blanc et Caussidière,
- pour le rétablissement de la contrainte par corps,
- contre l'abolition de la peine de mort,
- contre l'amendement Grévy,
- pour la proposition Rateau,
- contre l'amnistie,
- pour l'interdiction des clubs,
- pour les crédits de l'expédition de Rome, etc.

Il fit partie du comité dit de la « rue de Poitiers », se lia avec le prince Louis Napoléon, et, après l'élection présidentielle, fut appelé (20 décembre 1848) au ministère des Travaux publics, qu'il échangea, le 30 du même mois, pour celui de l'Intérieur. Léon Faucher montra, une fois au pouvoir, l'intolérance qu'il avait tant reprochée au ministre Guizot; il fit détruire les arbres de la liberté et fermer les clubs, adressa aux préfets des circulaires très hostiles au parti républicain, ainsi que des dépêches qui n'obtinrent pas toujours l'approbation de l'Assemblée, et où il annonçait des complots et des insurrections toujours sur le point d'éclater.

Le 20 avril 1849, il demanda, au nom du gouvernement, la prorogation pour trois mois d'un précédent décret de l'Assemblée, établissant momentanément le cautionnement des journaux. « Vous avez eu, dit-il, ce régime des journaux paraissant sans cautionnement. Qu'a-t-il amené? Messieurs, vous le savez; vous savez à quel point la licence de la presse s'était emportée; vous savez que cette licence de la presse est une des causes qui ont amené les journées de juin (Réclamations à gauche). Eh bien, quant à nous, Messieurs, nous voulons éviter que la société se retrouve en face de cette nécessité terrible, ou de tolérer une licence qui la mette en péril, ou de réprimer cette licence, quand les conséquences s'en sont déjà fait sentir aux dépens de la liberté. » Un amendement déposé par Ledru-Rollin et Félix Pyat, tendant à « l'abolition du cautionnement des journaux ou écrits périodiques », fut repoussé par la majorité de 423 voix contre 226, et Léon Faucher eut gain de cause.

Le 2 mai, le ministre combattit, « comme inopportune, » la proposition d'amnistie des transportés, et l'Assemblée se rangea encore à son avis. Mais le 14 mai, il encourut le blâme des représentants pour une dépêche envoyée par lui, le 12, aux préfets, relativement à la discussion récente sur les affaires de Rome. Rendant compte du vote de l'Assemblée en faveur du gouvernement, Léon Faucher avait cru devoir ajouter: « Ce vote consolide la paix publique. Les agitateurs n'attendaient plus qu'un vote de l'Assemblée, hostile au ministère, pour courir aux barricades et pour renouveler les journées de juin. » En même temps il signalait nominativement à chaque préfet les députés qui avaient voté pour ou contre. M. Millard (de l'Aube) dénonça à la tribune la dépêche du ministre comme une manœuvre électorale (les élections de la Législative devaient avoir lieu le lendemain, 13 mai), et demanda des explications. Le ministre se contenta de répondre qu'il avait cru de son devoir de rassurer les départements effrayés. Mais les représentants Lagrange et Guichard, de la gauche, et la Rochejacquelein, de la droite, s'élevèrent contre les procédés de Léon Faucher, et 519 voix contre 5 adoptèrent un ordre du jour blâmant formellement la dépêche du 12 mai. Le ministre de l'Intérieur dut se retirer.

Réélu (13 mai 1849) représentant de la Marne à la Législative, la 2e sur 8, par 55,302 voix (78,836 votants, 105,296 inscrits), il devint l'un des vice-présidents de l'Assemblée nouvelle, appartint à un grand nombre de commissions, et suivit la même politique que précédemment. Il contribua au rétablissement de l'impôt sur les boissons, fut le rapporteur de la loi du 31 mai qui limitait l'exercice du suffrage universel, poussa les conseils généraux à demander la réélection du président, et fit tous ses efforts pour rentrer au pouvoir. Il y parvint le 10 avril 1851, reprit le portefeuille de l'Intérieur, et signala ce second passage aux affaires par une nouvelle série de répressions qui contribuèrent à la préparation du coup d'Etat de décembre. Toutefois il ne s'associa point aux derniers actes de L.-N. Bonaparte, et quand le président manifesta la résolution de proposer l'abrogation de la loi du 31 mai, Léon Faucher quitta définitivement le ministère (octobre 1851). Le dénouement approchait. Au lendemain du 2 décembre, son nom fut inscrit d'office sur la liste des membres de la Commission consultative. Il protesta contre ce choix par une lettre au président, en date du 3, qui ne put paraître alors que dans quelques journaux étrangers. « Je ne pensais pas, lui disait-il, vous avoir donné le droit de me faire cette injure. » Toutefois, il ne fut nullement inquiété, et le gouvernement lui laissa reprendre en paix ses travaux de finances et d'économie politique.

Depuis 1849, il était membre de l'Académie des sciences morales et politiques. Il fit, à cette époque, un voyage en Hollande, publia une Etude sur la démonétisation de l'or, concourut avec son beau-frère, M. L. Wolowski, à la fondation du Crédit Foncier, entra dans l'administration des chemins de fer du Midi, et écrivit, à la veille de la guerre d'Orient, un intéressant travail (les Finances de la guerre), où les ressources financières de la Russie étaient pour la première fois analysées. Il mourut peu de temps après à Marseille, comme il faisait route pour l'Italie, dont les médecins lui avaient ordonné le séjour.