Urbain, Jean, Joseph Le Verrier
1811 - 1877
- Informations générales
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- Né le 11 mars 1811 à Saint-lo (Manche - France)
- Décédé le 23 septembre 1877 à Paris (Seine - France)
1811 - 1877
Représentant du peuple en 1849, sénateur du second empire, né à Saint-Lô (Manche) le 11 mars 1811, mort à Paris le 23 septembre 1877, il fit ses études à Saint-Lô, à Caen et au collège Louis-le-Grand à Paris, puis entra à l'Ecole polytechnique, en sortit dans les premiers et choisit l'administration des tabacs.
Mais il s'adonna principalement à la chimie, étudia les combinaisons du phosphore, et découvrit un mode de préparation de l'oxyde de phosphore pur. Il s'occupa en même temps de mathématiques transcendantes, et obtint une place de répétiteur à l'Ecole polytechnique pour le cours de géodésie, cours dont il devint titulaire en 1839, après la mort de Savary. Les leçons qu'il professait confinaient à la mécanique céleste, et il se préoccupa des inégalités séculaires des révolutions des planètes. En 1839, il présenta deux mémoires à l'Académie des sciences sur les éléments astronomiques et les conditions de stabilité de notre système; ces mémoires fixèrent l'attention du monde savant et spécialement d'Arago, qui conseilla au jeune mathématicien d'appliquer ses calculs et ses méthodes à la détermination de l'orbite de Mercure, encore mal définie. Le Verrier exécuta ce travail avec une grande habileté, et, l'année suivante, il présenta une théorie nouvelle des comètes périodiques de 1770 et 1843. Cette théorie devait plus tard être complétée par M. Schiaparelli. Ces différents travaux lui ouvrirent les portes de l'Académie des sciences où il fut élu, le 19 janvier 1846, en remplacement du comte Cassini.
Cette même année, Le Verrier fit la découverte qui le rendit surtout célèbre. Etudiant les inégalités de la planète Uranus, il conclut, de ses calculs, que les éléments astronomiques connus ne pouvaient en expliquer l'amplitude et que, par conséquent, il devait exister, dans une région du ciel qu'il détermina, un corps encore à découvrir qui influençait la marche d'Uranus. Il put calculer d'avance la masse, l'orbite et les positions de ce corps céleste, et annonça, le 1er juin 1846, à l'Académie des sciences, le point du ciel où on le rencontrerait au premier janvier de l'année suivante. Le 23 septembre, M. Galle, astronome allemand, découvrit la nouvelle planète à la place indiquée et lui donna le nom de Neptune. Cette découverte fit beaucoup de bruit. Les sociétés savantes étrangères inscrivirent M. Le Verrier au nombre de leurs membres ; M. de Salvandy, ministre de l'instruction publique, commanda son buste, rêvant, comme Il le disait aussi, de faire la conquête politique d'un savant aussi illustre, et le roi Louis-Philippe envoya à l'astronome la croix d'officier de la Légion d'honneur, le titre d'astronome adjoint au Bureau des longitudes, et fit créer pour lui une chaire d'astronomie à la Sorbonne. Pourtant une polémique assez vive ne tarda pas à s'engager sur la priorité de la découverte ; un mathématicien anglais, M. Adams rappela qu'en 1841 il avait publié de longs calculs sur la cause des perturbations d'Uranus, calculs dont M. Le Verrier s'était servi. Malgré cette réclamation, on fut assez unanime à reconnaître que la plus grande partie sinon toute la gloire de la découverte de Neptune devait revenir à notre compatriote qui avait déterminé les éléments astronomiques de la nouvelle planète. Un travail complet sur cette nouvelle planète quelque temps appelée planète Le Verrier, parut dans la Connaissance des temps (1849).
M. Le Verrier, devenu célèbre, entra dans la politique. Il se mêla au mouvement de 1848, dans le parti démocratique, et fut élu, le 13 mai 1849; représentant de la Manche à l'Assemblée législative, le 13e et dernier, par 56,674 voix (94,481 votants, 163,192 inscrits). Il prit place à droite, soutint la politique du prince-président et s'occupa principalement des questions d'enseignement. En 1850, il fut chargé du rapport sur l'établissement des nouvelles lignes télégraphiques électriques, et du rapport sur la réorganisation des écoles militaires, et demanda, en cette qualité, la suppression du décret du 19 juillet 1848, qui en établissait la gratuité. Il prit part à la discussion sur la réorganisation de l'Ecole polytechnique, et proposa de l'installer à Meudon pour « en fermer l'accès aux passions politiques ». L'assemblée se contenta de voter la gratuité. Membre de la commission chargée de rédiger le programme de l'enseignement professionnel, il acquit, dans ces discussions, une véritable autorité sur l'assemblée.
Partisan du coup d'Etat, il fut nommé sénateur le 26 janvier et, peu après, devint inspecteur général de l'enseignement supérieur. Il tenta de réformer l'instruction dans un sens pratique et proposa un plan de réforme de l'Ecole polytechnique, dont il était membre du conseil de surveillance ; mais ses projets rencontrèrent une résistance sérieuse chez ses collègues, particulièrement chez Arago. D'un caractère difficile l'un et l'autre, ils eurent ensemble de vives discussions ; c'est alors que M. Le Verrier fonda grâce à ses relations avec les savants de l'Europe, une association scientifique dont il devint le centre et qui lui permit de recueillir les indications astronomiques utiles à ses travaux.
Malgré ses occupations politiques, il ne les avait pas délaissés, et, de 1849 à 1853, il publia plusieurs mémoires sur les irrégularités planétaires, sur le mouvement apparent du soleil et sur l'ensemble du système des astéroïdes entre Mars et Jupiter. A la mort d'Arago, il devint astronome titulaire du Bureau des longitudes, et, dans la nouvelle organisation, dont il était le promoteur, fut nommé directeur de fait de l'Observatoire, le 30 janvier 1854. Des difficultés ne tardèrent pas à s'élever entre lui et ses collaborateurs, difficultés causées par son caractère despotique. De toutes parts, des plaintes s'élevèrent; on parla du « monopole de l'astronomie », et, en 1867, M. Duruy, ministre de l'Instruction publique, dut nommer une commission d'enquête. La situation ne s'améliora pas et la polémique qu'eut M. Le verrier avec le directeur du Temps, M. Nefftzer (mars 1868), est restée célèbre et n'est peut-être pas toute à l'honneur du journaliste, qui cherchait à atteindre le bonapartiste beaucoup plus que le savant. Après les séances orageuses de l'Institut provoquées par les travaux de Foucault, séances au cours desquelles les académiciens se départirent de leur courtoisie habituelle, le gouvernement se décida à révoquer M. Le Verrier, le 5 février 1870.
Au Sénat, M. Le Verrier avait soutenu le gouvernement impérial, et pris part, le 6 mars 1861, à la discussion de l'adresse, en s'associant à l'amendement du duc de Padoue en faveur du pouvoir temporel du pape. Après sa révocation comme directeur de Observatoire, il reprit son cours d'astronomie à la Sorbonne, et, à la mort de M. Delaunay, fut renommé, le 13 février 1873, directeur de l'Observatoire, où un comité de surveillance, composé de 6 membres de l'Académie, fut chargé de tempérer ses prétentions autoritaires. Cette nomination ne souleva chez les républicains aucune protestation, parce que M. Le Verrier, tour à tour orléaniste, républicain, bonapartiste, ne leur semblait pas incapable d'une nouvelle évolution. Il acheva, en 1873, son grand travail sur la théorie des planètes et reçut, en 1875, de la Société royale de Londres, la médaille d'or.
Commandeur de la Légion d'honneur du 14 août 1863, il fut membre et président du conseil général de la Manche. Après sa mort, ses admirateurs songèrent à lui élever un monument; mais le conseil municipal de Paris, en refusant le terrain demandé, empêcha la réalisation de ce projet.
On a de lui : Mémoire sur la détermination des inégalités séculaires des planètes (1841); Théorie du mouvement de Mercure (1845); Recherches sur les mouvements de la planète Herschel (Uranus) (1846); Mémoires sur les variations séculaires des orbites pour les sept planètes principales (1867) ; Annales de l'Observatoire de Paris : Mémoires (1856-1869) ; Observations (1858-1869).