Clément Bourne

1902 - 1984

Informations générales
  • Né le 10 janvier 1902 à Jarcieu (Isère - France)
  • Décédé le 15 octobre 1984 à Jarcieu (Isère - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Isère
Groupe
Indépendants et paysans d'action sociale

Biographies

Biographie de la Ve République

BOURNE (Clément)
Né le 10 janvier 1902 à Jarcieu (Isère)
Décédé le 15 octobre 1984 à Jarcieu

Député de l’Isère de 1958 à 1962

Pépiniériste, à la tête des Pépinières Guillot-Bourne, que lui a léguées ainsi qu’à sa femme Germaine, son beau-père en 1935, Clément Bourne est conseiller général du canton de Saint-Marcellin depuis 1955 et président du syndicat des horticulteurs et pépiniériste de l’Isère, lorsqu’il décide de se présenter aux premières élections législatives de la Ve République sous l’étiquette des Indépendants et paysans afin de combattre « l’étatisme, le dirigisme d’Etat sous toutes ses formes, le collectivisme paralysant et ruineux ».

Neuf candidats se disputent le siège de la 4ème circonscription du Cher, marquée par une forte présence du communisme et du poujadisme en 1956. Au premier tour, les électeurs placent le maire socialiste de Voiron, Raymond Tézier, en première place avec 24,7 % des suffrages. Ce dernier est suivi par Clément Bourne (21,9 %) et par le communiste Raymond Perinetti (16,6 %). Seuls ces trois candidats se maintiennent au second tour, contrairement aux autres notamment le représentant du MRP Fréjus Michon (14,6 %), le candidat de Défense des libertés républicaines et professionnelles, Ferdinand Brun (8,5 %) et les deux gaullistes (Gaston Guiboud-Ribaud pour l’Union pour la nouvelle République avec 3,6 % et Henri Fagot pour le Soutien pour la Ve République avec 4,4 %). Clément Bourne a obtenu 38% des suffrages dans son canton de Saint-Marcellin, canton le plus favorable au candidat des Indépendants Paysans. Au second tour, dans le cadre d’une triangulaire, Clément Bourne obtient 48,8 % des suffrages contre 34,7 % pour Raymond Tézier et 17,2 % pour le candidat communiste.

A l'Assemblée nationale, le député de l’Isère s’inscrit au groupe des Indépendants et paysans d'action sociale (IPAS). Il est membre de la Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République jusqu’à la fin de la législature. Clément Bourne est membre en 1961 de la Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi relatif au droit de préemption dans les zones à urbaniser en priorité et dans les zones d'aménagement différé.
Clément Bourne se montre critique vis-à-vis du gouvernement. Dès le 23 juillet 1959, dans le cadre de l’examen en deuxième lecture du projet de loi de programme relatif à l’équipement économique général et à propos de l’achat d’uranium enrichi aux Etats-Unis dont les Français ont été informés par la presse, Clément Bourne entend faire part « du malaise croissant qui règne sur divers bancs de cette Assemblée » Le député ajoute : « Ce malaise règne parce que les méthodes du gouvernement sont autoritaires ». Le 9 mai 1961, lors de l’examen du projet de loi relatif à l’équipement sportif et socio-éducatif, il défend le développement d’une « sorte de civisme mondial chez les jeunes », notamment par l’aide au tiers-monde. Le 5 mai 1960, le député de l’Isère vote la motion de censure déposée par les socialistes et les radicaux pour s’opposer au refus du gouvernement de convoquer le Parlement en session extraordinaire. A la tribune, il explique ainsi son vote : « Après les événements du 13 mai, l'Etat, nous a-t-on dit, devait être de caractère parlementaire, sous les réformes nécessaires. La Constitution a déterminé le jeu des institutions. La convocation que 287 députés avaient demandée en vertu de cette Constitution a été rejetée. La sanction, la seule à laquelle puisse recourir le Parlement, était la motion de censure. Je la voterai donc ». Celle-ci ne recueillant que 122 voix est rejetée. Clément Bourne s’associe à la motion de censure du 12 juillet 1962 sur la force de frappe, déposée à la suite de l’engagement de responsabilité du gouvernement sur le projet de loi de finances rectificative pour 1962. Il dénonce à nouveau la gestion des relations entre l’exécutif et le législatif. S’exprimant au nom de son groupe, il explique les raisons de son vote : « Venus au Parlement, souvent pour la première fois, dans le dessein d’apporter une aide loyale au gouvernement pour des tâches clairement définies, nous avons été les témoins stupéfaits d'une dégradation permanente des institutions, cadre de la vie française. Je sais bien qu'il faut être de son temps ; mais on ne nous avait pas prévenu que le seul acte demandé aux députés serait d'incliner le chef dans le sens d'une approbation permanente ! » Toutefois, l’activité de Clément Bourne à l’Assemblée ne se limite pas à la critique des méthodes du gouvernement. Le 23 juin 1961, le député de l’Isère pose une question avec débat relative à la situation de l’industrie du textile cardé à Jean-Marcel Jeanneney, ministre de l’Industrie. A l’occasion de la discussion d’un projet de loi relative au droit de préemption dans les zones à urbaniser en priorité et dans les zones d’aménagement différé, il s’inquiète, le 19 juillet 1961, de la défense insuffisante des exploitants agricoles et de leur patrimoine essentiellement constitué de la terre qu’ils possèdent. Il souligne aussi, le 16 mai 1962, lors de la discussion du projet de loi instituant une servitude sur les fonds privés pour la pose de canalisations publiques, la nécessité de prendre en compte dans les plans d’urbanisme les canalisations se trouvant dans les cours et les jardins.

Clément Bourne évolue donc progressivement vers l’opposition par hostilité à la gestion gaullienne de la décolonisation. Il approuve le programme du gouvernement de Michel Debré le 16 janvier 1959, comme le nouveau règlement de l’Assemblée nationale qui introduit des procédures de parlementarisme rationalisé, le 3 juin 1959, ou la déclaration de politique générale du Premier ministre, prononcée après que le général de Gaulle a parlé d’autodétermination de l’Algérie (15 octobre 1959). Il soutient la loi Debré, le 23 décembre 1959, sur les rapports entre l’Etat et les établissements d’enseignement privé et accorde les pleins pouvoirs au gouvernement pour ramener l’ordre en Algérie au lendemain de la semaine des barricades (2 février 1960). En revanche, il s’oppose au programme du gouvernement de Georges Pompidou, le 27 avril 1962, se prononce contre la levée de l’immunité parlementaire de l’ancien président du Conseil Georges Bidault, le 5 juillet 1962, et vote la motion de censure qui renverse le gouvernement le 4 octobre 1962.

En 1962, le député de l’Isère sollicite le renouvellement de son mandat aux électeurs de la 4e circonscription de l’Isère. A l’issue du premier tour, les cinq candidats en lice recueillent respectivement 33,6% pour le gaulliste Alban Fagot ; 21% pour Clément Bourne sous l’étiquette des Indépendants paysans et Républicains nationaux ; 20,2% pour le socialiste Raymond Tézier ; 18% pour le communiste Raymond Perinetti et 6,9% pour le PSU Arnaud Mante. Le canton de Saint-Marcellin a encore apporté plus de voix au député sortant que les autres cantons (34,1%) même si son score y est inférieur à celui de 1958. Mais au second tour, la triangulaire est défavorable à Clément Bourne qui recueille moins de 14% des suffrages contre 41,3% pour Raymond Tézier et 44,8% pour le gaulliste. Dans ces conditions, l’ancien député de l’Isère choisit de ne pas se représenter en 1967. Clément Bourne continue d’exercer son activité professionnelle de pépiniériste. Il enrichit sa production, ouvre l’entreprise familiale à la création et à la réalisation d’espaces verts. En 1963, il fonde l’UNEP, organisation professionnelle de défense des entreprises du paysage. Il s’éteint, le 15 octobre 1984, à l’âge 82 ans.