Jules Bastide

1800 - 1879

Informations générales
  • Né le 21 novembre 1800 à Paris (Seine - France)
  • Décédé le 2 mars 1879 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Deuxième République
Législature
Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 23 avril 1848 au 26 mai 1849
Département
Seine-et-Marne
Groupe
Cavaignac

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Représentant du peuple à l’Assemblée constituante de 1848, et ministre, né à Paris, le 21 novembre 1800, mort à Paris, le 2 mars 1879, il était le fils d'un agent d'affaires. Il fut élevé au lycée Henri IV, suivit les cours de l'école de droit, et s'occupa quelque temps de commerce. Libéral ardent sous la Restauration, affilié aux sociétés secrètes, notamment à celle des carbonari, il fit une guerre opiniâtre au gouvernement de Charles X et contribua de sa personne au renversement de la royauté. Il passe pour avoir été le premier qui arbora, en juillet 1830, le drapeau tricolore au faîte des Tuileries.

Après la reconstitution de la monarchie au profit de Louis-Philippe, Bastide, partisan de la République, resta dans l'opposition, se fit élire commandant en chef de la Légion de l'artillerie de la garde nationale, où étaient entrés avec lui plusieurs personnages marquants du parti démocratique, et conspira activement contre le pouvoir. Impliqué dans le mouvement insurrectionnel de Grenoble, en 1832, il passa en justice et fut acquitté par le jury ; mais l'émeute des funérailles du général Lamarque, à laquelle il avait pris part, le 5 juin de la même année, le fit condamner à mort. Il parvint à s'échapper de sa prison et à se réfugier à Londres. Au bout de deux ans d'exil, il revint à Paris, se présenter devant ses juges, qui l'acquittèrent.

Rédacteur du National, il dirigea quelque temps ce journal, après la mort d'Armand Carrel ; mais des dissentiments philosophiques avec la plupart de ses collaborateurs, par exemple avec Armand Marrast, voltairien décidé, rendirent bientôt sa situation délicate ; en 1846, il prit le parti de se retirer. Jules Bastide était demeuré attaché aux principes du christianisme ; il appartenait même à la petite école néo-catholique dont Buchez était alors un des principaux représentants. Avec lui, Bastide collabora (1817) à la Revue nationale, où ces doctrines particulières étaient émises et commentées. Il y signa plusieurs articles sur la politique extérieure, sur l'Angleterre et la Chine, l'Italie, l'Autriche, etc. Dans une étude intitulée : Le pape et le clergé français, il s'exprimait ainsi : « Aujourd'hui, l'on peut, sans se mettre en désaccord avec le chef de l'église, manifester sa sympathie en faveur des principes populaires. Il y a plus, le chef même de l'église souffre pour ces principes. Le pape nouvellement élu, a, dès son avènement, commencé l'œuvre hardie d'une réforme politique, difficile partout, plus difficile encore dans un pays désorganisé par un despotisme séculaire. Il est superflu d'énumérer ici les diverses tentatives faites par Pie IX pour régénérer le centre de l'Italie. Tout le monde les connaît, tout les peuples savent gré au pape de ce qu'il fait et surtout de ce qu'il veut faire. » (Revue Nationale, août 1847).

À la même époque, et avec le même collaborateur, il entreprenait de réviser, pour une édition nouvelle, l'Histoire parlementaire de la Révolution française, histoire qui a pour objet essentiel le développement de cette proposition : « La Révolution est la conséquence dernière et la plus avancée de la civilisation moderne, et la civilisation moderne est sortie tout entière de l'Evangile. » Bastide s'était chargé principalement de « revoir et de parfaire », disait la préface, « tout ce qui est relatif à l'histoire des cabinets étrangers et des chambres anglaises pendant la Révolution. »
En 1848, les hommes du National qui tenaient la majorité du gouvernement provisoire, firent une place parmi eux à Jules Bastide ; Armand Marrast solda, en cette circonstance, les rancunes d'autrefois par ce mot, qui a plusieurs fois servi depuis : « Bastide est étranger aux affaires, plaçons-le aux affaires étrangères. » Il fut nommé en effet, le 28 février, secrétaire général du ministère des affaires étrangères. Lorsque la Commission exécutive eut remplacé le gouvernement provisoire, Bastide devint titulaire du même ministère (11 mai).

Il avait été élu, le 23 avril, représentant du peuple à l'Assemblée constituante dans les départements de :
- la Seine, le 30e sur 34, avec 110 228 voix (267 888 votants, 339 191 inscrits.)
- Saône-et-Loire, le 12e sur 14, avec 70 163 voix (131 092 votants, 136 000 inscrits.)
- Seine-et-Marne, le 7e sur 9, avec 35 020 voix (81 011 votants, 96 947 inscrits).
Il opta pour le département de Seine-et-Marne, et conforma ses actes, comme ministre et comme représentant, à ceux du parti républicain modéré. Le 23 juin, dans la séance où fut décidée la mise en état de siège de Paris, Bastide pressa instamment l'Assemblée d'en finir : « Citoyens, je vous supplie de mettre un terme à vos délibérations, et de voter le plus tôt possible : dans une heure peut-être l'Hôtel de ville sera pris. » Le décret de mise en état de siège fut adopté par assis et levé à une très grande majorité.

Confirmé le 28 juin dans ses fonctions de ministre des affaires étrangères par le général Cavaignac, président du Conseil, chargé du pouvoir exécutif, Bastide échangea, le lendemain, son portefeuille contre celui de la marine. Puis il reprit les affaires étrangères, qu'il conserva jusqu'au 20 décembre 1848. Il fut alors remplacé par M. Drouyn de Lhuys. Après avoir pris part à la répression de l'insurrection de juin, il continua d'appuyer la politique de Cavaignac, et vota :

- le 26 août, pour les poursuites contre Louis Blanc et Caussidière ;
- le 7 octobre, contre l'amendement Grévy sur la présidence ;
- le 25 novembre, pour l'ordre du jour en l'honneur de Cavaignac ;
- le 12 janvier 1849, contre la proposition Rateau ;
- le 1er février, contre l'amnistie ;
- le 16 avril, contre l'expédition de Rome.
Toutefois, il ne s'associa pas, le 11 mai, à la demande d'accusation contre le prince président et ses ministres. Dans la séance du 23 mai 1849, il déposa, avec M. Joly, un ordre du jour motivé, ainsi conçu : « L'Assemblée nationale, considérant que le principe de l'indépendance des nations de l'Europe et la sécurité même de la République française sont menacés par les manifestes et les mouvements de troupes des puissances étrangères, invite le pouvoir exécutif à prendre immédiatement les mesures les plus énergiques pour faire respecter l'honneur et les intérêts de la République, en même temps que l'indépendance et la nationalité des peuples, et passe à l'ordre du jour. »
Il se rallia, d'ailleurs, à un ordre du jour analogue, présenté par Cavaignac et qui fut voté.
Non réélu à la Législative, il se tint à l'écart de la politique jusqu'en 1857 ; il tenta alors de se faire élire au Corps législatif dans le 7e arrondissement de Paris et obtint 3 607 voix comme candidat de l'opposition, contre 10 609 données au candidat officiel, M. Lanquetin, et 6 826 à un autre opposant, M. Darimon.

Outre sa collaboration à divers journaux et revues, on a de Jules Bastide :
- un travail intitulé De l'éducation publique en France (1847) ;
- le tome 1er d'une Histoire de la Législative (1847) restée inachevée ;
- la République française et l'Italie (1858) ;
- et une Histoire des guerres religieuses en France (1859).