Madeleine, Henriette Boutard
1913 - 1984
Née le 16 décembre 1913 à Vouvray (Indre-et-Loire)
Décédée le 18 août 1984 à Vermou-sur-Brenne (Indre-et-Loire)
Député de l'Indre-et-Loire de 1946 à 1951 et de 1956 à 1958
Madeleine Péan est née le 16 décembre 1913 à Vouvray (Indre-et-Loire) où son père, Victor Eugène Péan était vigneron et sa mère, Stéphanie Thérèse Anne Dumont, cuisinière. Le 2 mars 1935, elle épouse à Vouvray René Boutard, né à Paris le 5 février 1909, et également viticulteur-exploitant, dont elle aura une fille, et l'assiste dès lors dans son travail.
Madeleine Boutard, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, s'oriente vers la vie politique et, adhérente du Parti communiste, devient membre du Secrétariat fédéral de l'Indre-et-Loire. Elle n'est cependant pas candidate aux élections du 21 octobre 1945 pour la première Assemblée nationale constituante, mais figure en seconde place sur la « liste communiste et d'union républicaine et résistante », dans l'Indre-et-Loire, aux élections du 2 juin 1946 pour la seconde Assemblée nationale constituante. Avec 38 748 suffrages sur 219 792 inscrits et 170 395 votants, la liste n'obtient cependant qu'un seul élu sur les cinq sièges à pourvoir, et Madeleine Boutard n'est donc pas élue.
Elle est à nouveau candidate, en seconde position sur la liste du Parti communiste dans l'Indre-et-Loire, aux élections législatives du 10 novembre 1946. La liste communiste, avec 41 151 voix sur 221 376 électeurs et 161 084 suffrages exprimés, remporte alors deux des cinq sièges à pourvoir dans le département, et Madeleine Boutard devient donc député de l'Indre-et-Loire.
A l'Assemblée, Madeleine Boutard, inscrite au groupe communiste, est nommée membre de la Commission de l'agriculture (1946, 1948-1951) et de celle des boissons (1949-1951) et nommée en outre juge suppléant à la Haute Cour de justice (1947). Elle apparaît comme un député particulièrement actif, déposant, au cours de cette législature, un grand nombre de textes : plusieurs de ses propositions de loi ou de résolution ont trait à l'indemnisation des agriculteurs de Touraine lésés par la grêle ou les intempéries, et à divers aménagements financiers relatifs à la situation des agriculteurs.
Le nouveau député intervient fréquemment dans les discussions, notamment lorsque celles-ci viennent sur des problèmes relatifs au monde rural, demandant par exemple, le 25 mai 1948, une aide matérielle importante pour les agriculteurs victimes de la grêle : « en l'occurrence, la nature effectue assez de prélèvements pour que le Gouvernement s'abstienne d'en opérer d'autres ».
En mai et juin 1950, Madeleine Boutard intervient également, à plusieurs reprises, à propos de l'arrestation de Ray-monde Dien, opposée à la guerre d'Indochine, et accusée de « s'être couchée sur les voies en gare de Saint-Pierre-des-Corps, le 23 février, afin d'empêcher de départ (sic) d'un train de matériel de guerre destiné, pensait-elle, à la guerre du Viet-Nam ». Elle dépose, le 11 mai, une demande d'interpellation sur ces événements, les conditions dans lesquelles se déroula l'arrestation, le transfert nocturne de la prisonnière à Bordeaux et sa condamnation à un an de prison.
L'Assemblée se prononce par scrutin contre la discussion de l'interpellation en tête de l'ordre du jour de la séance suivante.
Enfin, le 29 juillet 1950, Madeleine Boutard présente, au nom de la Commission de l'agriculture, le rapport sur la modification du régime des prestations sociales agricoles.
Suivant les consignes de vote de son parti, Madeleine Boutard vote pour la candidature de Léon Blum comme président du Gouvernement provisoire de la République (12 décembre 1946), contre la question de confiance (4 mai 1947), vote à la suite duquel Paul Ramadier se séparera de ses ministres communistes, et elle s'abstient volontairement lors du scrutin du 27 août 1947 sur le statut de l'Algérie.
Le 17 juin 1951, Madeleine Boutard figure à nouveau en seconde place sur la liste communiste qui recueille 22,6 % des suffrages dans l'Indre-et-Loire, mais le système des apparentements, auquel elle ne participe pas, lui retire toute possibilité d'avoir un élu. Madeleine Boutard, avec 36 618 voix sur 162 486 suffrages exprimés, n'est donc pas réélue.
Elle se présente à nouveau, aux élections du 2 janvier 1956, en tête de la liste du Parti communiste français dans l'Indre-et-Loire. Ses engagements électoraux insistent sur le poids de la « réaction cléricale antiouvrière » dans le département, et sur le rôle néfaste des apparentements de sorte que la responsabilité de l'échec prévisible serait à rejeter sur le parti socialiste qui a refusé, en Indre-et-Loire, un apparentement entre communistes, socialistes et radicaux de gauche. Il s'agit, pour elle, de revenir sur la « politique de démission nationale inaugurée en 1947 par l'éviction des communistes du Gouvernement »
La profession de foi communiste rappelle les principaux votes des candidats non communistes du département depuis une législature, leur opposition au mouvement en faveur de la laïcité, etc., pour conclure en ces termes : « Voilà pourquoi vous ne pouvez plus faire confiance à ces députés sortants (...) Voter encore pour eux le 2 janvier serait voter contre vos intérêts et ceux de votre pays ».
Madeleine Boutard obtient 43 832 voix sur 192 652 votants et 184 444 suffrages exprimés, et est réélue député d'Indre-et-Loire pour la troisième législature. A l'Assemblée, elle est à nouveau nommée membre de la Commission de l'agriculture (1956,1957), et de celle des boissons (1956, 1957), et élue secrétaire de cette dernière (1956, 1957).
Madeleine Boutard ne présente, au cours de cette brève législature, pas moins de six textes, dont plusieurs sont relatifs à des problèmes locaux (grêle, crue des rivières de la Gâtine tourangelle, etc.) et elle intervient en outre à plusieurs reprises, notamment lorsque les discussions portent sur des questions agricoles.
Au cours de la séance du 25 juillet 1956, Madeleine Boutard prend prétexte du vote d'une partie du budget des forces armées, pour revenir sur l'internement, à Fresnes ou au Fort du Hâ à Bordeaux, de manifestants opposés à la guerre d'Algérie.
Suivant les consignes de vote du Parti communiste, Madeleine Boutard s'abstient volontairement lors du scrutin du 5 juin 1956 sur la politique générale du gouvernement Guy Mollet et la situation en Algérie, en Tunisie et au Maroc, mais elle vote contre la question de confiance posée, le 25 octobre suivant, sur les mêmes sujets, contre la confiance à Maurice Bourgès-Maunoury (12 juin 1957), contre l'adoption des traités sur la C.E.E. et l'Euratom (9 juillet 1957) et contre la loi-cadre sur l'Algérie (30 septembre 1957), scrutin à la suite duquel le gouvernement Bourgès-Maunoury doit présenter sa démission.
En 1958, Madeleine Boutard s'abstient volontairement lors du vote de confiance à Pierre Pflimlin (13 mai), vote pour l'état d'urgence sur le territoire métropolitain (16 mai), et pour la révision de certains articles de la Constitution (27 mai). Elle vote contre la confiance au Général de Gaulle (1" juin) et contre la révision constitutionnelle (2 juin).