Laurent, Antoine Pagnerre
1805 - 1854
Représentant en 1848, né à Saint-Ouen-l'Aumône (Seine-et-Oise) le 25 octobre 1805, mort à Saint-Ouen-l’Aumône le 29 septembre 1834, fils d'un aubergiste, d'autres disent d'un marchand de porcs, il fut d'abord clerc de notaire, puis clerc d'avoué, vint à Paris, en 1824, dans une maison d'imagerie, et, après avoir quelque temps cherché sa voie, s'établit libraire : l'édition des pamphlets de Cormenin, dont ce dernier faisait d'ailleurs les frais, et qui se vendaient à grand nombre, le mirent en vue.
Combattant de juillet 1830, il fut de ceux qui pressèrent vainement La Fayette de proclamer la République et de convoquer une Assemblée constituante. Lorsque Louis-Philippe se rendit avec des intentions toutes différentes, à l'Hôtel de Ville, Pagnerre saisit la bride de son cheval, essaya même de lui faire rebrousser chemin, devint bientôt, sous la monarchie constitutionnelle, le libraire et l'éditeur attitré des écrivains du parti démocratique, collabora lui-même à un ouvrage qui fit un certain bruit: Paris révolutionnaire, et publia l'Histoire de Dix ans, de Louis Blanc, les pamphlets de La Mennais, les recueils de biographies parlementaires rédigés sous les auspices de la gauche dynastique, etc. A plusieurs reprises, il fut poursuivi et condamné pour les écrits qu'il éditait; mais il ne cessa de se mêler très activement aux luttes de l'opposition, fut membre de la Société Aide-toi, le Ciel t'aidera, président de la Société républicaine pour l'éducation du peuple, commissaire de diverses sections de la Société des Droits de l'homme, secrétaire de l'Association la liberté de la presse, et organisateur (1845) du comité central des électeurs de la Seine, puis de la plupart des banquets réformistes : c'est à lui qu'est due la fondation du Comptoir d'Escompte et du Cercle de la Librairie.
En relation avec les principaux membres du parti républicain, surtout avec les hommes du National, dont il partageait les idées, il fut, au lendemain de la révolution de février 1848, nommé adjoint au maire de Paris par son ami, Garnier Pagès, puis maire du 10e arrondissement, et (1er mars) secrétaire général du gouvernement provisoire. Il contresigna en cette qualité plusieurs décrets importants du gouvernement. Le 9 mars, il fut placé à la tête du Comptoir national d'escompte, dont il resta jusqu'à sa mort un des administrateurs.
Les élections du 23 avril 1848 envoyèrent M. Pagnerre à l'Assemblée constituante, comme l'élu de deux départements: la Seine, qui le nomma, le 16e sur 34, par 136,117 voix (267,888 votants, 399,191 inscrits), et Seine-et-Oise, qui le désigna, le 9e sur 12, avec 55,612 voix. Il opta pour Seine-et-Oise, prit place au centre parmi les républicains modérés, devint secrétaire général de la Commission exécutive, contribua à la répression de l'insurrection de juin, et vota :
- contre le rétablissement du cautionnement,
- pour l'abolition de la peine de mort,
- contre l'amendement Grévy,
- contre l'abolition du remplacement militaire,
- contre le droit au travail,
- pour la proposition Rateau,
- pour l'interdiction des clubs,
- pour les crédits de l'expédition romaine,
- contre la mise en accusation du président et des ministres.
Il ne fit qu'une opposition réservée à la politique présidentielle de L.-N. Bonaparte. Rentré dans la vie privée, après avoir refusé les fonctions de directeur de l'Imprimerie nationale, il reprit la direction de sa librairie.