Jean-Marie Bouvier O'Cottereau

1896 - 1964

Informations générales
  • Né le 7 décembre 1896 à Laval (Mayenne - France)
  • Décédé le 30 mai 1964 à Cannes (Alpes-Maritimes - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Mayenne
Groupe
Parti républicain de la liberté
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Mayenne
Groupe
Parti républicain de la liberté
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Mayenne
Groupe
Parti républicain de la liberté
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Mayenne
Groupe
Rassemblement du peuple français

Fonds d'archives

Un fonds Jean-Marie Bouvier O’Cottereau est conservé aux Archives de l’Assemblée nationale sous la cote 11 J. Il représente 17 centimètres linéaires. Ce fonds se compose en majeure partie de documents liés à l'activité militaire de Jean-Marie Bouvier O'Cottereau durant la Seconde Guerre mondiale, et, dans une moindre part, de documents liés à son activité politique ainsi que des documents personnels. On y trouve de nombreuses photographies et cartes postales qui illustrent notamment la carrière militaire de Jean-Marie Bouvier O’Cottereau et qui témoignent de son intérêt pour les pays d'Afrique du Nord. Le fonds d'archives a probablement été donné par Jeanne Bouvier O'Cottereau, sa veuve, à la fin des années 1970. Les documents étaient vraisemblablement conservés au domicile familial à Paris avant leur entrée à la division des Archives de l’Assemblée nationale. Les documents sont communicables sous réserve des délais fixés par l’Instruction générale du Bureau de l’Assemblée nationale.

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 7 décembre 1896 à Laval (Mayenne)

Décédé le 30 mai 1964 à Cannes (Alpes-Maritimes)

Membre de la première et de la seconde Assemblée Nationale Constituante (Mayenne)

Député de la Mayenne de 1946 à 1955

Jean-Marie Bouvier O'Cottereau, fils de Stanislas Bouvier et de Jeanne Robleu, s'engage à l'âge de 20 ans, en 1916, sans achever ses études secondaires. Reçu à l'Ecole de Saint-Maixent, il devient aspirant sur le front de Champagne (1917) puis sous-lieutenant la même année. Il termine la guerre comme lieutenant en 1919, titulaire de trois citations et de la croix de guerre. Après la démobilisation, il s'installe comme agriculteur au Maroc où il gère de vastes propriétés (900 ha) sur lesquelles il cultive les primeurs, les céréales et fait de l'élevage. Il devient président de l'Association des colons de la Chaouïa et membre de la Chambre d'agriculture de Casablanca. Très actif, il crée de nombreuses mutuelles ou coopératives agricoles dont il est administrateur délégué à titre bénévole. Cela lui vaut d'être fait chevalier du Mérite agricole en 1931, chevalier de la Légion d'honneur la même année et chevalier du Ouissam Alaouite en 1932.

Mobilisé en 1939, comme capitaine adjudant major, il est deux fois cité en 1939-40, blessé en Belgique et fait prisonnier. Il parvient à s'évader fin 1940 et rejoint les Forces françaises libres à Londres. Breveté parachutiste en 1941 et nommé commandant, Jean-Marie Bouvier O'Cottereau est affecté au Liban, puis à la 1re DFL comme adjoint du général Kœnig. À ce titre, il participe aux combats d'El Alamein, de Bir Hakeim et de la ligne Mareth. Créateur du 3e bataillon de parachutistes, il effectue des missions spéciales et prend part, avec la Première Armée, aux combats de la Libération. Sa conduite pendant la campagne d'Alsace lui vaut une promotion au grade d'officier de la Légion d'honneur. Il traverse le Rhin à Gœmersheim avec la pointe d'avant-garde de la Première Armée, poursuit la Wehrmacht jusqu'à l'Enz et, lors de l'arrêt de la contre-attaque allemande de Wilberg, est de nouveau blessé. Il termine la guerre comme lieutenant-colonel avec trois citations et la croix de guerre 1939-45.

Après avoir repris ses activités économiques au Maroc, c'est dans son département de naissance que Jean-Marie Bouvier O'Cottereau conduit une liste d'entente républicaine pour les élections à la Première Assemblée nationale Constituante. Elle recueille 39641 suffrages et arrive en tête devant la liste d'union républicaine (gaulliste) de Jacques Soustelle (25 022 voix), la liste MRP de Robert Buron (22 381 voix) et la liste socialo-communiste (19 993 voix). Les chefs de chacune de ces listes sont élus tandis que la liste radicale-socialiste (17 072 suffrages) n'a pas de député. Le nouvel élu est nommé membre de la Commission de l'équipement national et de la production. Il dépose une proposition de loi tendant à la suppression des comités d'organisation et à l'organisation de l'économie (20 décembre 1945) et une proposition de résolution tendant à inviter le Gouvernement à prévoir, dans la réorganisation de l'armée, une organisation spéciale regroupant les anciens agents parachutistes de missions. Membre de la minorité de droite d'une assemblée dominée par le tripartisme, Jean-Marie Bouvier O'Cottereau consacre son activité de parlementaire à la présentation de nombreux amendements sur les grandes réformes votées, notamment la nationalisation du gaz et de l'électricité, celle des sociétés d'assurances et celle de l'industrie des combustibles minéraux. Mais il ne peut s'agir que d'un combat de retardement face aux majorités massives qui leur sont acquises.

Aux élections pour la seconde Constituante de juin 1946, Jean-Marie Bouvier O'Cottereau se présente sous les couleurs du Parti républicain de la liberté (P.R.L.), récemment créé. Sa liste est devancée cette fois par le MRP (41 719 contre 35699 voix) et connaît un léger tassement, mais le député de la Mayenne est réélu. Outre les fonctions qu'il retrouve à la Commission de l'équipement national, il siège à la Commission de la défense nationale et à la Commission de la comptabilité. Il concentre cependant son activité parlementaire sur les travaux écrits, conscient des limites de l'action de la droite dans une assemblée orientée à gauche. Il dépose donc de nombreuses propositions de résolution ou de loi portant sur des mesures concrètes visant à faciliter la vie des Français pendant une période difficile de reconstruction : revalorisation des pensions et retraites des mutilés, anciens combattants, veuves, ascendants et orphelins de guerre, unification du ravitaillement des Français non producteurs des villes et des campagnes, allocation d'attente à tous les Français et Françaises de plus de 65 ans ne bénéficiant pas de l'allocation aux vieux travailleurs non salariés, indemnisation des agriculteurs pour les pertes subies du fait des actes de l'ennemi ou des troupes alliées pendant la guerre 1939-1945, rétablissement de la liberté de l'industrie et du commerce de la mégisserie, prêts spéciaux aux prisonniers déportés et FFL anciens combattants, mise à la disposition des municipalités des villes sinistrées des locaux militaires vacants, unification du prix des pommes de terre livrées en 1945, etc. En séance, il présente quelques amendements lors de la discussion du budget de 1946.

Aux élections législatives de novembre 1946, Jean-Marie Bouvier O'Cottereau a élargi sa liste aux gaullistes et à l'Entente paysanne. Mais il rassemble moins de voix que six mois plus tôt : 30 480. Les grands vainqueurs du scrutin sont les candidats du MRP qui ont trois députés contre deux à la liste SFIO et un pour la liste du PRL. L'expérience de ses deux précédents mandats vaut à Jean-Marie Bouvier O'Cottereau de siéger à la Commission de la défense nationale, à celle de la production industrielle (dont il élu secrétaire le 21 décembre), et à celle de la comptabilité (dont il est également le secrétaire). En outre, à partir du 15 mars 1950, il est désigné par ses pairs pour la sous-commission chargée de suivre et d'apprécier la gestion des entreprises nationalisées et des sociétés d'économie mixte. Il profite de son nouveau mandat pour redéposer ses propositions qui n'avaient pas été discutées par la précédente assemblée. Il en ajoute de nouvelles : ainsi, le 24 février 1948, une proposition de loi tendant à faire bénéficier le Maroc et la Tunisie des facilités de financement accordées par les lois des 23 mars 1941 et 21 février 1942 aux entreprises fabriquant les produits nécessaires aux besoins du pays, le 5 juillet 1948, une autre portant institution d'un permis de chasse unique et, le 21 juin 1950, une troisième tendant au rétablissement des anciennes limites d'âge des officiers de l'armée de terre abaissées par la loi du 2 août 1940. Très actif également en séance, il participe régulièrement aux discussions du budget de la défense nationale, aux débats sur les entreprises nationales aéronautiques ou sur la situation au Maroc. Ainsi lors de la séance du 22 juin 1948, il critique sévèrement et longuement la gestion de la SNECMA et s'en prend nommément à l'ancien ministre de l'air, Charles Tillon, coupable, selon lui, d'avoir maintenu des sureffectifs et passé des marchés douteux. Il émet pour conclure une hypothèse : « Nous avons aussi le droit de penser et le devoir de dire qu'à travers l'intérêt que certains manifestent pour l'aviation, ce qui guidait surtout, ce qui guide encore certains dirigeants de la classe ouvrière, c'est la volonté de maintenir facilement mobilisables, pour des buts que nous devinons, d'immenses forces pouvant être au besoin motorisées et armées par le moyen d'usines afin de pouvoir les jeter dans des mouvements de rues ou d'insurrection ».

Le 2 août suivant, fort de son expérience d'exploitant agricole au Maroc, il critique le dirigisme excessif de la politique de ravitaillement des années précédentes, notamment à l'égard des pays de l'Union française. Au cours de la séance du 9 mai 1950, en tant que rapporteur pour avis du budget de la défense nationale, Jean-Marie Bouvier O'Cottereau dresse un tableau pessimiste de la situation matérielle de l'armée, faute de stocks, et de crédits pour le matériel et les soldes. Il conclut en dénonçant les attaques émanant de l'extrême-gauche contre l'effort de la défense nationale. Il y revient à plusieurs reprises dans les années suivantes, s'inquiétant, compte-tenu de l'aggravation de la situation internationale, de la lenteur du réarmement français et de la crise morale de l'encadrement d'une armée qui se sent mal aimée.

C'est sous les couleurs du RPF, que Jean-Marie Bouvier O'Cottereau se représente dans la Mayenne aux élections du 17 juin 1951. Il améliore son score nettement, gagnant plus de 8000 suffrages au détriment, non du MRP qui conforte son avance (48 953 suffrages contre 42 956 en 1946), mais des socialistes qui perdent 10 000 voix. Dans la nouvelle législature, le député de la Mayenne retrouve ses fonctions dans les mêmes commissions. Il dépose quatre propositions de loi : le 4 avril 1952 sur les biens, droits et intérêts sarrois mis sous séquestre en France, le 18 juin 1952 sur l'article 19 relatif au droit de reprise de la loi de 1948 sur les loyers, complétée par une autre, le 16 juin 1953, sur les conditions dans lesquelles les propriétaires peuvent demander le remboursement de la consommation d'eau à leurs locataires et enfin, le 28 novembre 1953, une modification des lois réglementant la profession d'opticien lunetier.

Comme lors de la précédente législature, ses interventions en séance se concentrent sur le budget de la défense, dont il est régulièrement rapporteur pour avis, sur les entreprises nationalisées et, sujet nouveau lié à l'actualité de ces année-là et à ses intérêts personnels, sur la situation au Maroc. Le 10 juin 1952 comme le 25 janvier 1953, il renouvelle ses remarques pessimistes sur l'organisation de la mobilisation en cas de guerre : manque de cadres, manque de matériel, dépendances des commandes étrangères, poids des dépenses en Indochine qui restreignent le dispositif de défense métropolitaine. À propos du Maroc, il défend le bilan de la présence française, souligne les possibilités d'un accord avec les forces marocaines modérées, plaide pour des réformes limitées mais allant dans le sens de l'indépendance dans l'interdépendance, tout en dénonçant le terrorisme et son exploitation par les communistes ou certaines incohérences de la politique gouvernementale qui risquent d'aliéner les amis marocains de la France.

Aux élections du 2 janvier 1956, Jean-Marie Bouvier O'Cottereau ne sollicite pas le renouvellement de son mandat et rentre dans la vie privée.