Fernand Bouxom
1909 - 1991
Né le 9 octobre 1909 à Wambrechies (Nord)
Décédé le 2 juillet 1991 à Argenteuil (Val d'Oise)
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale Constituante (Seine)
Député de la Seine de 1946 à 1958
Fernand Bouxom est né dans une famille modeste du Nord, de religion catholique. Son père, Jules Bouxom était employé de bureau dans une usine de tissage et sa mère, Marie Looten, d'origine flamande,
était repasseuse. Il tréquente l'école primaire de Wambrechies, Reçu au certificat d'études en 1922, il commence immédiatement à travailler. D'abord coursier, il devient employé de bureau.
En 1926, il adhère à la Confédération française des travailleurs chrétiens. Surtout, il est un des fondateurs de la Jeunesse ouvrière chrétienne la même année. Il crée la première section jociste de France à Moulins-Lille. A 19 ans, en 1929, il devient permanent de la J.O.C., et le demeure jusqu'en 1938, après avoir été élu secrétaire général en 1934. En janvier 1935, il se marie avec Renée Chabot, secrétaire de direction, dont il aura six enfants. En 1936, il est délégué de la France aux conférences internationales du Bureau international du travail à Londres et à Genève. Il participe à la création de la Ligue ouvrière chrétienne et, en 1938, du Mouvement populaire des familles.
Mobilisé en 1939, il fait la campagne de Belgique et de France. Démobilisé en juillet 1940, il continue d'assurer la liaison des différentes organisations chrétiennes entre la zone occupée et la « zone libre ». Il a une activité dans la Résistance. Il participe à la diffusion de Témoignage chrétien et aux travaux des bureaux d'études de la Résistance. A la Libération, il appartient au comité de rédaction de l'Aube, le journal de Francisque Gay. En même temps, en 1944, il est un des animateurs du Mouvement républicain populaire, appartient à sa Commission exécutive et devient vice-président et délégué à la propagande.
Il commence alors une carrière politique élective. Elu conseiller municipal d'Epinay-sur-Seine au printemps 1945, à l'automne, le 21 octobre 1945, il est tête de liste M.R.P. dans la cinquième circonscription de la Seine. Sur 408 204 électeurs inscrits et 357 050 suffrages exprimés, le Parti communiste, avec 140 153 voix, arrive largement en tête et emporte quatre sièges, le M.R.P., avec 98 338 voix, est en deuxième position et a deux élus, les deux derniers sièges vont à la S.F.I.O. qui recueille 82 263 suffrages. Fernand Bouxom est nommé membre de la Commission de la famille, de la population et de la santé publique et de la Commission des territoire d'outre-mer. Il est, en outre, nommé juré à la Haute Cour de justice. Il découvre la vie parlementaire et intervient peu.
Le 2 juin 1946, les élections à la seconde Assemblée nationale Constituante dans le cinquième secteur de la Seine voient la réapparition de la droite. Sur 417 965 électeurs inscrits et 359 016 suffrages exprimés, avec 39 101 voix, le Parti républicain de la liberté obtient un siège, avec 131 642 voix, le Parti communiste demeure en tête, mais n'a que trois sièges, le M.R.P., avec 85 684 suffrages, et la S.F.I.O. avec 76 489 suffrages, ont chacun deux sièges. Fernand Bouxom s'affirme davantage. Il retrouve sa place dans la Commission de la famille, et le 14 juin, il est proclamé vice-président de l'Assemblée nationale Constituante. Amené à intervenir, le 6 août 1946, comme rapporteur de sa commission, sur le projet de loi fixant le régime des prestations familiales, il affirme à cette occasion une conviction populationniste et un attachement à la réalité familiale qui ne se démentiront pas : « Celui qui a fait tout son devoir, déclare-t-il dans le débat, qui a charge d'enfants, ne doit pas pour autant être pénalisé, il doit avoir le même standard de vie que le célibataire (...) Si l'on veut que demain ce pays se relève, vive et rayonne à travers le monde, il faut aider la famille. C'est la condition indispensable du relèvement de la France ».
Les élections du 10 novembre 1946 à la première législature de l'Assemblée nationale dans la même circonscription de la Seine voient une avancée du Parti communiste. Sur 431875 électeurs inscrits et 352 750 suffrages exprimés, le Parti communiste, avec 137 590 voix, a cinq élus, le M.R.P. avec 79 553 voix a encore deux élus, la S.F.I.O., avec 49 965 voix et le Parti républicain de la liberté, avec 20 259 voix, ont les deux derniers sièges.
Elu à plusieurs reprises vice-président de l'Assemblée nationale, le 3 décembre 1946, le 14 janvier 1947, le 14 janvier 1948, le 3 mars 1950 et le 11 janvier 1951, Fernand Bouxom est membre de plusieurs Commissions, de celles de la famille, de la population et de la santé publique, du suffrage universel, du règlement et des pétitions, du travail et de la Sécurité sociale. Le 13 mars 1951, il est désigné par la Commission du travail et de la Sécurité sociale pour faire partie de la commission chargée de procéder à une étude d'ensemble des divers régimes de prestations familiales. Cette législature lui donne l'occasion de développer une importante activité parlementaire. Il s'affirme comme un des meilleurs experts du M.R.P. pour toutes les questions touchant la famille et le droit social. Il défend particulièrement l'idée d'un minimum vital familial. « La justice sociale, déclare-t-il dans un débat du 15 décembre 1949 sur les conventions collectives, réclame que ce minimum vital s'étende entièrement aux enfants comme aux adultes ». Il présente plus d'une cinquantaine de rapports, de propositions de loi et de résolution. En janvier 1952, il est nommé membre de la Commission supérieure des allocations familiales. Mais, il se montre aussi sous les traits d'un redoutable polémiste dans les débats particulièrement houleux des années de guerre froide, à la fois à l'encontre du Parti, communiste, à qui il conteste « le monopole de la classe ouvrière », mais aussi du Rassemblement du peuple français, au moment du vote du projet de loi sur les apparentements. Il dénonce, notamment le 21 mars 1951, le côté hétéroclite « d'un rassemblement qui prend le caractère d'un parti unique ». Européen, il prend part aux initiatives auxquelles est associé le M.R.P. Il est notamment secrétaire général du conseil parlementaire du mouvement européen. A ce titre, il participe aux congrès européens de Vienne, Milan et Rome.
Pour les élections législatives du 17 juin 1951, Fernand Bouxom qui conduit la liste M.R.P. dans la même circonscription, défend vigoureusement le bilan de la majorité de la « troisième force ». « Vous le savez, écrit-il dans sa profession de foi électorale, les extrêmes s'appellent et se renforcent. Dans la réalité, ils aboutissent au même résultat, c'est-à-dire aux luttes entre Français, au désordre et à la misère (...). L'union est plus que jamais nécessaire. Elle doit se réaliser entre hommes libres et non sur la sommation d'un seul ». Sur 425 394 électeurs inscrits et 341 217 suffrages exprimés, le Parti communiste, avec 120 620 voix, ne garde que trois sièges, le Rassemblement du peuple français, avec 97 235 voix, en conquiert trois, les trois derniers échoient respectivement à la S.F.I.O. avec 39 955 voix, au M.R.P. qui avec 28 455 voix, perd plus de la moitié de ses voix par rapport à 1951, enfin au Rassemblement des gauches républicaines avec 20 019 voix.
Fernand Bouxom est à nouveau nommé membre de la Commission du travail et de la Sécurité sociale. Le 19 janvier 1954, il est nommé membre de la Commission du suffrage universel, des lois constitutionnelles, du règlement et des pétitions. Il est, à nouveau, élu vice-président de l'Assemblée nationale, les 11 juillet 1951, 9 janvier 1952 et 14 janvier 1953. Il déploie toujours la même activité. Il dépose près d'une quarantaine de propositions de loi et de résolution et présente une dizaine de rapports sur les questions familiales et sociales. Il vote contre l'adoption de la question préalable du général Aumeran le 30 août 1954 qui entraîne le rejet de la C.E.D. Avec son groupe, le 4 février 1955, il marque son opposition au gouvernement de Pierre Mendès-France lors du vote de la question de confiance sur la situation en Afrique du Nord qui entraîne la chute du gouvernement. Il soutient la politique menée par le gouvernement Edgar Faure en Algérie, mais il se préoccupe des conditions de la guerre. Le 13 octobre 1955, dans une interpellation au gouvernement, il déclare : « Il serait abominable que la France puisse ainsi, parce qu'elle se trouve momentanément en difficulté en Afrique du Nord, user de représailles massives ». Toutefois, l'essentiel de son travail de parlementaire continue de porter sur la politique sociale.
Aux élections du 2 janvier 1956, neuf sièges sont à pourvoir pour 12 listes en présence dans la cinquième circonscription de la Seine. Sur 505 806 électeurs inscrits et 422 225 suffrages exprimés, le Parti communiste, avec 151 272 voix, conserve ses trois sièges, le Parti radical, avec 64 051 voix, devance les Indépendants et paysans, avec 52 144 voix et la S.F.I.O. avec 50 113 voix, qui ont chacun un élu. Les trois derniers sièges vont respectivement à la liste poujadiste, d'Union et de fraternité française, avec 32 660 voix, au M.R.P., avec 23 903 voix et aux Républicains sociaux, avec 19 253 voix.
Le 31 janvier, Fernand Bouxom est nommé membre de la Commission du suffrage universel, des lois constitutionnelles, du règlement et des pétitions dont il est élu vice-président le 18 octobre 1957, de la Commission du travail et de la Sécurité sociale, de la Commission de la comptabilité. Le 27 février 1958, il est élu président de la Commission chargée d'enquêter sur les opérations électorales du département de la Réunion. Son activité d'expert des questions sociales ne se dément pas : ses soixante deux propositions de loi et de résolution en témoignent. Ses interventions de politique générale sont plus rares. Le 1er juin 1958, il vote la confiance au général de Gaulle, le 2 juin, il accorde les pleins pouvoirs et vote pour la révision constitutionnelle. il quitte la vie politique active à l'automne 1958 et devient l'un des directeurs fondateurs des assurances chômage (Assedic).