Amédée-Pierre,Marie, Auguste, Ennemond Bovier-Lapierre
1837 - 1899
Député de 1881 à 1889, né à Grenoble (Isère), le 27 mars 1837, avocat au barreau de cette ville et conseiller général de l'Isère pour le canton de Pont-de-Beauvoisin, il se présenta comme candidat républicain à la Chambre des députés.
Il échoua d'abord à une élection partielle (19 décembre 1880), ayant obtenu dans l'arrondissement de la Tour du pin, en remplacement de M. Raymond, décédé, 6,998 voix radicales contre 7,208 à l'élu opportuniste, M. A. Dubost.
Il prit sa revanche le 21 août 1881, et l'emporta dans la 2e circonscription de Grenoble avec 12,283 voix (15,198 votants. 23,373 inscrits), sur 2,640 accordées à M. Rossi. M. Bovier-Lapierre prit place à la gauche radicale, vota contre le ministère Ferry, repoussa les crédits du Tonkin, opina:
- 7 mars 1882, pour la proposition Boysset tendant à l'abrogation du Concordat;
- 29 janvier 1883, pour le principe de l'élection de la magistrature ;
- 1er février, pour le projet de loi tendant à l'expulsion des princes ;
- 6 mars, contre l'ordre du jour de confiance accordé au ministère Ferry.
M. Bovier-Lapierre se prononça encore contre la loi sur les récidivistes, contre le maintien de l'ambassade auprès du pape, etc. Il combattit vivement à la tribune, dans la discussion générale, un projet de loi de M. Lelièvre, adopté par le gouvernement et la commission, et destiné dans la pensée de M. Waldeck-Rousseau, ministre de l'Intérieur, à « combler les vides laissés dans le droit pénal par la loi de 1881 sur la presse. » Il s'agissait de créer une nouvelle catégorie de délits de presse et d'opinion et de les rendre justiciables de la police correctionnelle. M. Bovier-Lapierre s'attacha à prouver que la législation actuelle, la loi de 1881 sur la presse et celle de 1848 sur les attroupements, donnaient au gouvernement des armes plus que suffisantes pour réprimer les désordres sans porter atteinte à la liberté. Le projet gouvernemental, après avoir subi plusieurs modifications, finit par tomber dans l'oubli.
M. Bovier-Lapierre prit encore plusieurs fois la parole, notamment au cours des débats sur le budget de 1886 : il obtint de la Chambre, à la majorité de 295 voix contre 128, la suppression de l'impôt sur le papier. Pour remplacer les 15 millions que cet impôt procurait au Trésor, le député de l'Isère proposait une majoration de 10 0/0 sur les tabacs de luxe. Mais comme cette majoration ne pouvait procurer plus de 3 millions, la commission du budget imagina de ne faire courir le dégrèvement du papier qu'à compter du 1er décembre 1886. La Chambre se rallia à ce système.
Porté, le 4 octobre 1885, sur la liste de concentration républicaine, dans le département de l'Isère, M. Bovier-Lapierre a été réélu, le 7e sur 9, par 59,524 voix (112,659 votants, 162,975 inscrits.) Il a voté avec la gauche radicale :
- 27 novembre 1886, contre le maintien de l'ambassade du Vatican ;
- 2 décembre, contre l'amendement Colfavru, portant suppression des sous-préfets;
- 19 novembre 1887, pour la discussion immédiate de l'interpellation Clemenceau (chute du ministère Rouvier) ;
- 31 mars 1888, pour l'urgence de la proposition de révision (chute du ministère Tirard).
Dans la dernière session, il s'est prononcé:
- pour le rétablissement du scrutin uninominal (11 février 1889),
- contre l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution (14 février),
- pour les poursuites contre trois députés membre de la Ligue des patriotes (14 mars),
- pour les poursuites contre le général Boulanger (4 avril) ;
il s'est abstenu (2 avril), sur le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse.
Né le 27 mars 1837 à Grenoble (Isère), mort le 25 décembre 1899 à Montferrat (Isère). Député de l'Isère de 1881 à 1899. (Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET CouGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. 1, p. 462.)
Il fut réélu par la 2e circonscription de La Tour-du-Pin aux élections générales du 22 septembre 1889, au premier tour de scrutin, par 8.388 voix contre 3.262 à M. Paviot. Nommé membre de diverses commissions et de la Commission d'enquête sur l'affaire de Panama, il fit preuve d'une grande activité, participant à tous les débats juridiques et sociaux, parmi lesquels nous citerons : les syndicats professionnels de patrons et d'ouvriers (1890, 1891 et 1892), le régime pénitentiaire aux colonies (1890), la compétence des juges de paix, l'assistance judiciaire devant les justices de paix, la taxe des frais de justice (1891), les victimes d'erreurs judiciaires (1892), la liquidation de la compagnie universelle du canal de Panama, la modification de la loi sur la presse (1893).
Réélu au premier tour de scrutin aux élections générales du 20 août 1893, par 8.497 voix contre 2.555 à M. Burlet, il fut nommé membre de la Commission du travail dont il devait ensuite devenir le président ; manifestant toujours le même zèle, il se fit entendre dans de nombreux débats portant notamment sur : la suppression de la publicité des exécutions capitales, la création des syndicats professionnels, le budget de la Légion d'honneur de l'exercice 1895 (1894), le budget des services pénitentiaires du même exercice, les obligations militaires des étudiants en médecine, en pharmacie et en doctorat juridique (1895) ; les sociétés de secours mutuels, l'exposition universelle de 1900, le travail des enfants, des filles mineures et des femmes dans les établissements industriels, les budgets de l'intérieur et du commerce et de l'industrie de l'exercice 1897 (1896) ; la procédure de secret dans l'instruction des affaires criminelles, le placement des employés et ouvriers, le budget des finances de l'exercice 1898 (1897).
Il conserva son siège au premier tour de scrutin aux élections générales du 8 mai 1898 par 8.027 voix contre 5.130 à M. Diederichs. Membre de la Commission du travail et de la Commission de législation criminelle, il fut confirmé dans ses fonctions de président de la Commission du travail. Il s'intéressa à ce titre au payement des salaires des ouvriers (1898) et participa à la discussion des budgets du commerce et de l'industrie, de l'agriculture et de la justice (1899).
Il devait mourir à Montferrat (Isère) le 25 décembre 1899 à 62 ans, pendant l'intersession ce qui le priva de l'éloge funèbre d'usage. Il présidait le groupe de la gauche radicale.
Il est resté conseiller général du canton du Pont de Beauvoisin du 8 octobre 1871 jusqu'à sa mort.