Joseph, Paulin Madier de Montjau

1785 - 1865

Informations générales
  • Né le 11 février 1785 à Bourg-Saint-Andéol ( - Généralité de Montpellier France)
  • Décédé le 10 mai 1865 à Le Pré-Saint-Gervais (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Monarchie de Juillet - Chambre des députés
Législature
Ire législature
Mandat
Du 23 juin 1830 au 31 mai 1831
Département
Aude
Groupe
Majorité consevatrice
Régime politique
Monarchie de Juillet - Chambre des députés
Législature
IIe législature
Mandat
Du 5 juillet 1831 au 25 mai 1834
Département
Ardèche
Groupe
Centre
Régime politique
Monarchie de Juillet - Chambre des députés
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 22 septembre 1834 au 3 octobre 1837
Département
Ardèche
Groupe
Centre

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député de 1831 à 1837, né à Bourg-Saint-Andéol (Généralité de Monpellier) le 11 février 1785, mort au Pré-Saint-Gervais (Seine) le 10 mai 1865, fils de Noël Joseph Madier de Montjau (1755-1830) qui fut député du tiers aux Etats généraux et de Catherine-Agathe Julien, il étudia le droit, fut reçu avocat en 1809, et fut nommé par Napoléon auditeur au conseil d'Etat (1810), puis inspecteur général des droits réunis (1811). En 1813, il entra à la cour impériale de Nîmes avec le titre de conseiller.

Lors de la Restauration, il dut aux opinions qu'il manifesta et surtout à celles qu'avait manifestées son père, d'être maintenu en fonctions par le gouvernement royal, et nommé (1818) chevalier de la Légion d'honneur.

En 1819, il adressa à la Chambre des députés une pétition dans laquelle il dénonçait les actes violents de la réaction dans le Midi et signalait un gouvernement occulte qui tendait à dominer l'administration pour ramener l'ancien régime. Cette initiative lui créa, dans le parti « constitutionnel », une réputation de libéralisme, d'énergie et d'intégrité. La pétition de M. Madier de Montjau eut en son temps un grand retentissement, tant à cause de la situation de son auteur qu'en raison des débats passionnés qu'elle excita dans le parlement : le magistrat fut, pour l'avoir signée, traduit devant la Cour de cassation, qui le censura parce qu'il s'était refusé à révéler les noms des individus coupables des excès dénoncés.

Candidat du parti libéral, il fut élu le 23 juin 1830, député du 1er arrondissement de l'Aude (Castelnaudary), par 273 voix (526 votants, 587 inscrits). Il ne prit part à aucune des réunions des députés, se prononça après la victoire pour l'établissement de la monarchie nouvelle, et prit place dans la majorité conservatrice.

Nommé procureur général à Lyon, il dut se représenter le 21 octobre, devant ses électeurs, qui le renommèrent député par 294 voix (403 votants, 592 inscrits), contre 76 à M. Teisseire-Dejean. Les premiers actes législatifs de M. Madier de Montjau furent de protéger le maintien du régime de la magistrature et de soutenir la proposition tendant à insérer dans la Charte que la religion catholique était professée par la majorité des Français.

Ami de Dupin, il suivit en général les inspirations de cet homme politique, fut désigné par la Chambre pour soutenir l'accusation contre les ex-ministres de Charles X, et se représenta, au renouvellement du 5 juillet 1831, dans le 4e collège de l'Ardèche (Largentière), qui le nomma par 54 voix (99 votants, 150 inscrits), contre 41 à M. Fournery. Ce 4e collège était de création récente.

M. Madier de Montjau fut appelé, la même année (décembre), aux fonctions de conseiller à la Cour de cassation, continua de se faire remarquer à la Chambre par la vivacité de ses opinions conservatrices, demanda le secret pour le vote sur l'hérédité de la pairie, et se montra favorable à l'état de siège. « Un des discours les plus remarquables de M. Madier, écrivait ironiquement la Biographie des hommes du jour, est celui qu'il prononça à l'occasion de la destitution de M. Dubois (de la Loire-Inférieure). Il monta à la tribune, courba sa tête dans ses mains jusque sur le marbre, et après être resté quelques instants immobile dans le recueillement le plus profond, se relevant de toute sa hauteur, il commença ainsi :

« À la première nouvelle de l'événement (On rit) qui a mis l'agitation dans toute la Chambre, je me suis imposé la loi de dire mon opinion; mais comme j'ai craint les dangers de l'improvisation, je viens vous demander la permission de lire un discours écrit. » (Rire universel.)
« Il tira alors de sa poche un fort épais manuscrit et continua : « Une opposition obstinée est toujours déplacée; elle est coupable chez un fonctionnaire... L'opposition des fonctionnaires publics doit être secrète. (Vive interruption.) Laissez-moi continuer la lecture de mon manuscrit. Les fonctionnaires peuvent combattre les ministres dans leurs votes, mais non à la tribune. (Oh ! oh !) Je soutiens qu'un député fonctionnaire ne doit jamais se trouver parmi les orateurs du gouvernement. (Rumeur.) Laissez-moi continuer la lecture de mon manuscrit. »
Les rires et les interruptions furent si énergiques que Madier descendit de la tribune sans pouvoir terminer la lecture de son manuscrit. L'hilarité fut telle qu'il fallut longtemps pour rétablir le calme. »
Lors de la loi sur les associations, il combattit les amendements de l'opposition; puis il parla sur les pensions militaires. M. Madier de Montjau, à qui les journaux du temps reprochaient vivement de négliger ses fonctions de conseiller à la Cour de cassation, au point que le président de la section des requêtes avait dû dénoncer au garde des sceaux les absences de son subordonné, montrait plus de zèle, à en croire le biographe cité plus haut, dans l'accomplissement de « négociations diplomatiques, fort difficiles et d'un genre tout à fait relevé. On cite entre autres la glorieuse mission dont il fut chargé par M. Thiers, ministre de l'Intérieur, auprès du père de l'excellence lilliputienne. Ce bon M. Thiers père avait fait trembler son fils par son indécente prétention de vouloir assister aux noces du ministre avec la belle demoiselle Dosne, sinon il refusait son autorisation. Aux grands maux les grands remèdes. M. Madier de Montjau fut appelé, et négocia l'acquisition de cette autorisation avec un talent et une adresse dignes de M. de Talleyrand : aussi fut-il une seconde fois chargé d'éloigner le digne M. Thiers de Paris. Cette fois, il en coûta un peu plus cher ; mais il y a des circonstances où il faut savoir faire des sacrifices, et pour le ministre de l'Intérieur, il n'y en a pas de pire que la présence de son cher papa à Paris. »

M. Madier de Montjau se représenta sans succès aux élections générales de 1834. Mais son concurrent heureux, M. Mathieu, retenu par la maladie, ne s'étant pas rendu assez vite à son poste, la Chambre lui accorda un délai pour justifier de son éligibilité, et le surlendemain, avant d'avoir pu connaître la réponse de l'intéressé, elle annula l'élection. Cette mesure permit à M. Madier de Montjau de se représenter, le 22 septembre, dans le même collège: il fut alors élu, sans contestation, par 84 voix (89 votants, 165 inscrits). Il reprit sa place au centre et vota comme précédemment avec le ministère, tout en se montrant peu assidu aux séances de la Chambre. « Le jour d'un vote important, le ministère, craignant la paresse de son fidèle, lui fit écrire par M. Fulchiron pour l'engager à être plus exact. M. Madier de Montjau se trouva fort heureux de ce billet, il s'empressa de l'adresser au président de la cour de Cassation pour se dispenser de siéger, et il répondit à M. Fulchiron que ses occupations au palais l'empêcheraient de se rendre à la Chambre avant quatre heures. La chronique dit que M. Madier de Montjau ne se leva ce jour-là qu'à trois heures et demie. » (Biographie des hommes du jour.)

Lors de la discussion de la loi de 1835 contre la presse, le député de Largentière prit le premier la parole. Il attaqua Lamartine, éleva la voix contre les « carlistes » et les républicains, fit l'éloge de la Chambre des pairs comme juridiction politique et donna son assentiment aux mesures préventives préparées.

Il quitta en 1837 la vie parlementaire, mais non la politique. Converti subitement à l'opposition, il prit la plume en 1841, pour signaler au pays les tendances réactionnaires du pouvoir, déclarant qu'il se repentait de les avoir encouragées par ses votes ; il pencha alors vers le parti légitimiste, et qualifia le gouvernement de Juillet « d'épouvantable abus de pouvoir. » Rédacteur de l'Esprit public (1846), organe des oppositions réunies, il attaqua jusqu'en 1848 le gouvernement de Louis-Philippe, ne se rallia pas à la République en février, et, pour protester contre les atteintes portées par le gouvernement provisoire au principe de l'inamovibilité des juges, se démit avec éclat de sa charge de conseiller à la cour suprême. Dès lors il vécut dans la retraite.

En 1849, il adressa au Mémorial Bordelais une lettre dans laquelle il regrettait la part qu'il avait prise à l'établissement de la royauté de Juillet. Arrêté un moment à la suite du coup d'Etat, il fut presque aussitôt relâché. Il se fixa alors auprès de Paris et mourut en 1865.

On a de lui :
- Pétition adressée à la Chambre des députés par Madier de Montjau, suivie de considérations constitutionnelles par A. Jay (1820) ;
- Réponse de M. Madier aux insultes de la Quotidienne ;
- Lettre de M. Madier de Montjau à M. le comte de Portalis, ministre de la Justice (1820) ;
- Lettre à M. Lainé (1820) ;
- Lettre à M. Pasquier, ministre des Affaires étrangères (1820) ;
- Du gouvernement occulte, de ses agents et de ses actes (1820) ;
- Plaidoyer et réplique de M. Madier de Montjau, suivis des conclusions et de l'arrêt (1820).