François de Bonal
1734 - 1800
Député à l'Assemblée constituante de 1789, né au château de Bonal, commune de Penne-d'Agenais (Généralité de Bordeaux), le 9 mai 1734, mort à Munich (Electorat de Bavière, Allemagne), le 2 septembre 1800, il se destina à l'état ecclésiastique, assista, comme député du deuxième ordre, à l'assemblée du clergé de 1758, et devint successivement grand-vicaire et grand-archidiacre de Chalon-sur-Saône, directeur général des Carmélites, et évêque de Clermont en 1776.
Avant la révolution de 1789, ce prélat s'était déjà fait connaître par des mandements où il s'élevait contre la « licence de la presse », et prophétisait, en quelque sorte, la ruine de la royauté. Le clergé du bailliage de Clermont-Ferraud l'élut, le 29 mars 1789, député aux Etats généraux. Il siégea à droite, et se distingua parmi les plus ardents opposants aux idées nouvelles.
Luttant de tout son pouvoir contre chaque décision de l'Assemblée, il commença par protester, le 1er juillet, contre la réunion des trois ordres. Le Moniteur officiel se borne à noter que « plusieurs membres du clergé, entre autres MM. l'évêque de Clermont, l'évêque de Couserans, etc., etc., remirent sur le bureau des déclarations signées d'eux, par lesquelles ils faisaient des réserves et des protestations relatives à leur comparution à l'Assemblée ». Voici le texte authentique de la protestation de François de Bonal ; nous l'empruntons aux Archives nationales :
« L'article quarante-quatrième du cahier d'instruction remis au député de la sénéchaussée de Clermont-Ferrand aux Etats généraux porte en termes exprès, ce qui suit : que l'ancienne forme de constitution soit gardée et qu'en conséquence, on ne puisse y voter que par ordre et non par tête.
« D'après une expression si formelle et si impérative, M. l'évêque de Clermont croit devoir à sa conscience et à son honneur de faire aux trois ordres actuellement réunis dans la salle commune des Etats généraux la déclaration suivante et en demander acte pour sa justification vis-à-vis de ses commettants :
« 1° Qu'il ne s'est décidé à passer avec son ordre dans la salle commune que pour donner au roi, qui a désiré avec ardeur cette démarche pour accélérer le bien de la nation, une preuve de sa déférence, de son respect, de son amour et de sa fidélité ;
« 2° Qu'en remettant ses pouvoirs sur le bureau de cette salle commune, il n'a prétendu, ni pu prétendre les soumettre à une vérification nouvelle ; mais seulement en donner aux deux autres ordres une communication qui leur avait toujours été offerte ;
« 3° Qu'il ne croit pas pouvoir se permettre de voter en commun dans l'assemblée générale, jusqu'à ce que ses commettants, s'ils jugent à propos de l'honorer ultérieurement de leur confiance, lui aient donné pleine liberté de voter par tête ; et qu'en attendant, il est décidé à se restreindre à la voix consultative : le tout, sous les réserves de droit.
«À Versailles, ce premier juillet mil sept cent quatre-vingt-neuf.
« † François, évêque de Clermont. »
Sa conduite, à dater de ce jour, resta invariablement conforme à ses sentiments religieux et monarchiques. La discussion sur la suppression des ordres monastiques, le 11 février 1790, l'amena à la tribune :
« Je suis chargé par mon cahier de demander, non seulement que les ordres ne soient pas supprimés, mais encore qu'ils reprennent leur ancienne splendeur. Je dois à une mission aussi formelle de combattre l'avis du comité; sans elle je le devrais à ma conscience. »
Il refusa le serment civique le 9 juillet suivant, demanda, le 11 octobre, la suspension des décrets jusqu'à ce que le roi eût reçu une réponse de Rome et réclama un concile, le 26 novembre.
Il apporta à la tribune les protestations du haut clergé, à propos de la religion d'Etat (19 avril 1790), sur la captivité du roi (29 juin 1791), sur la révision des décrets (31 août 1791), sur l'administration. des finances (29 septembre).
Quand la constitution civile du clergé eut été votée, il protesta encore par une Lettre, du 1er février 1791, aux électeurs du Puy de dôme, et s'efforça de les détourner de prendre part au « schisme », par une élection anti-canonique ; il multiplia ensuite les ordonnances et les lettres pastorales pour condamner la nomination de l'évêque constitutionnel, Perrier.
Interrogé par Louis XVI sur le point de savoir si le roi pouvait aller faire ses pâques dans une église occupée par le nouveau clergé, il répondit négativement.
Enfin, après avoir signé avec 25 autres évêques et 115 ecclésiastiques une sorte de compte rendu de leur mandat, il dut quitter la France, passa en Flandre, et de là en Hollande. Arrêté par les Français en 1795 au Texel, il fut jugé à Bréda et condamné à la déportation. Il se rendit alors à Altona, puis habita, diverses parties de l'Allemagne.
Il mourut à Munich, laissant à son diocèse, sous le titre de Testament spirituel, ses dernières instructions.
Date de mise à jour: juillet 2018