Louis, Clair Beaupoil de Saint-Aulaire
1778 - 1854
- Informations générales
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- Né le 9 avril 1778 à Bagner-Pican ( - Généralité de Bretagne - France)
- Décédé le 12 novembre 1854 à Paris (Seine - France)
1778 - 1854
Fils de Joseph Beaupoil de Saint-Aulaire (qui fut pair de France), député de 1815 à 1816, de 1818 à 1823 et de 1827 à 1829, et pair de France, né à Baguer-Pican (Généralité de Bretagne, France), le 9 avril 1778, mort à Paris (Seine), le 12 novembre 1854. Sa mère, née de Ranconnet de Noyan, séparée de son mari, surveilla l'éducation de son fils et le plaça au collège Louis le Grand, puis au collège Mazarin ; les personnages politiques, pour la plupart royalistes du côté droit de l'Assemblée constituante qu'elle recevait dans son salon, exercèrent, dès le début de la Révolution, une décisive influence sur l'esprit et les opinions du jeune Louis de Saint-Aulaire.
Au 10 août, Mme de Saint-Aulaire, déjà ruinée par son mari, se trouvait logée dans un modeste appartement de la rue des Marais à Paris. Après avoir vu plusieurs de ses parents ou de ses amis frappés par la Révolution, elle fut elle-même atteinte (mai 1794) par le décret qui enjoignait à tous les nobles de sortir de Paris; elle se retira alors à Vaugirard, tandis que son fils terminait ses études à l'Ecole des ponts et chaussées. Garde national, il fit partie au 9 thermidor, de l'escorte qui conduisit Saint-Just de l'Hôtel de Ville aux Tuileries. Il fut admis peu après (novembre 1794) à l'Ecole centrale des travaux publics, qui devint l'Ecole polytechnique, puis entra dans le corps des ingénieurs géographes. On était alors en pleine réaction. Il se fixa à Paris avec sa mère, épousa (1798) Mlle de Soyecourt, petite-fille du prince de Nassau-Sarrbrück, qui mourut en 1808, laissant deux filles dont l'une devint la femme du comte Decazes, alors ministre de la police.
Rallié à Bonaparte après le 18 brumaire, il accepta de l'Empire d'importantes fonctions administratives. Il s'était remarié en 1809 avec Mlle du Roure. Nommé préfet de la Meuse, le 12 mars 1813, alors que la retraite de l'armée française avait rempli de malades et de blessés les hôpitaux de l'Alsace et de la Lorraine, il quitta Bar-le-Duc lors de l'occupation de cette ville par les alliés (janvier 1814), revint à Paris et se chargea de remettre à M. de Metternich une lettre particulière de l'Impératrice Marie-Louise au moment de l'abdication de Napoléon.
Non moins empressé auprès des Bourbons, il fut (octobre 1814), préfet de Louis XVIII dans la Haute-Garonne, mais il sembla désespérer de la cause royaliste, au retour de l'île d'Elbe et recommanda alors aux habitants de Toulouse de s'abstenir de toute tentative de résistance. Cette manifestation équivoque fut, pendant la seconde restauration, considérée par les légitimistes purs comme une véritable trahison qu'ils ne lui pardonnèrent pas.
Membre de la Chambre introuvable de 1815, où le collège de département de la Meuse l'envoya avec 81 voix (84 votants, 263 inscrits), il siégea dans la minorité. Puis, l'ordonnance du 5 septembre ayant rétabli les conditions d'éligibilité prescrites par la charte, Saint-Aulaire, qui n'avait que 38 ans, ne devint éligible qu'en 1818.
Le collège électoral de département du Gard lui confia, le 21 octobre de cette année, un nouveau mandat législatif. Ce département qui avait été le théâtre d'une impitoyable réaction, avait alors pour préfet le comte d'Argout. Lorsque M. de Villèle attaqua la validité et la sincérité des opérations électorales, Saint-Aulaire lui répondit que, en 1815, treize protestants avaient été égorgés dans les rues de Nimes, la veille de l'élection, tandis qu'en 1818, les électeurs de cette religion avaient pu voter sans courir risque de la vie. Il parla dans plusieurs autres débats intéressants, souleva un incident le 15 février 1819, en répondant à Clausel de Coussergues , qui accusait le ministre Decazes de complicité dans l'assassinat du duc de Berry : « Je déclare à M. Clausel de Coussergues qu'il est un calomniateur », vota avec la droite (10 mars) le projet de loi suspensif de la liberté individuelle, mais refusa de s'associer, le 22 mai, à l'adoption de la nouvelle loi sur les élections ; il soutint, à ce sujet, que la loi détruisait les libertés publiques, avilissait la Chambre, anéantissait le gouvernement représentatif. « On nous promet, dit-il en substance, que la féodalité ne reviendra pas. C'est nous supposer absurdes. Quand nous parlons de l'effroi qu'on a du retour de l'aristocratie, nous ne parlons pas de l'aristocratie purement féodale. Nous savons bien qu'il ne s'agit pas d'aller à ses affaires, le casque en tête et la rondache en main ; aucun des membres du côté droit n'a encore décoré sa maison de créneaux et de mâchicoulis. Mais si c'est une aristocratie moins burlesque, elle sera peut-être plus dangereuse et plus puissante. »
Royaliste constitutionnel, il tint la même ligne de conduite aux législatures suivantes ; réélu le 13 novembre 1822, par le 2e arrondissement du Gard (Alais) et le 17 novembre 1827, par le 4e arrondissement de la Gironde (Libourne) en même temps que par le 2e arrondissement de la Meuse (Verdun), il combattit le triumvirat Villèle Corbière Peyronnet, se fit remarquer dans la discussion de la loi sur la presse, demanda, à propos du procès du général Berton, que le procureur général de la cour de Poitiers eût à répondre devant la Chambre, des insinuations dirigées par lui contre certains députés de l'opposition, et prit la parole dans la séance où fut votée l'exclusion de Manuel: « On vous demande, s'écria-t-il, d'appliquer à M. Manuel la peine la plus sévère que vous ayez non pas le droit mais la puissance de prononcer, l'exclusion de la Chambre, c'est-à-dire l'interdiction des droits civils, peine classée parmi les peines infamantes... Si votre jugement n'obtient pas l'approbation de la France, le sentiment d'indignation et d'horreur que vous prétendez attacher à sa personne retombera sur vous. On vous accusera avec raison d'avoir violé les droits du département qui l'a élu et les principes consacrés par la charte pour satisfaire votre haine. »
Non réélu dans le Gard aux élections suivantes en attendant la double élection qui devait le ramener à la Chambre, Beaupoil de Saint-Aulaire s'occupa activement de littérature, traduisit Lessing, Goethe, et écrivit une Histoire de La Fronde (1827), qui eut un succès marqué.
Favorable au ministère Martignac, il devint à la session de 1829, vice-président de la Chambre; mais il entra presque aussitôt à la Chambre des pairs, par suite de la mort de son père. Au moment de la Révolution de juillet 1830, il était en voyage à Amsterdam ; il revint en hâte à Paris; après quelques hésitations, il adhéra au gouvernement nouveau, reçut du général Sébastiani, alors ministre des affaires étrangères, l'ambassade de Rome, où il eut à défendre l'autorité spirituelle et temporelle du pape, menacée par de graves insurrections, puis celle de Vienne (1833), où il se trouva aux prises avec la question d'Orient, enfin celle de Londres, qu'il occupa de 1841 à 1847.
Il avait succédé, le 7 janvier 1841, comme membre de l'Académie française, à M. de Pastoret. La Révolution de 1848, et la proclamation de la République n'étaient pas pour lui plaire ; elles mirent fin à sa carrière parlementaire et diplomatique. Il a eu pour successeur, à l'Académie française, le duc de Broglie. Il était Grand croix de la Légion d'honneur.
Date de mise à jour : mars 2015