Joseph, Ignace Guillotin
1738 - 1814
Député en 1789, né à Saintes (Généralité de La Rochelle, France), le 28 mai 1738, mort à Paris (Seine), le 26 mars 1814, il entra dans la congrégation des jésuites, et professa, en cette qualité, au collège des Irlandais de Bordeaux. Poussé par une vocation irrésistible, il vint étudier la médecine à Paris, fut reçu docteur et se fit connaître par quelques travaux.
En 1789, il publia la Pétition des six corps des marchands de Paris, demandant de concourir à l'élection des députés aux états généraux, et réclamant pour le tiers état un nombre de députés égal à celui des deux autres ordres réunis. Mandé pour cette hardiesse à la barre du parlement, il se défendit habilement, et, à la sortie, fut vivement applaudi par le peuple. Nommé électeur de Paris, puis secrétaire de l'Assemblée électorale, il fut élu, le 15 mai 1789, député du tiers aux états généraux pour la ville de Paris, par 143 voix.
Quand le roi fit occuper par des troupes la salle des états, ce fut lui qui proposa à l'Assemblée de se réunir au vieux Versailles, dans la salle du Jeu de paume. Médecin de « Monsieur », membre de la commission sanitaire de Paris, président de la commission d'organisation des écoles de médecine et de pharmacie, il se préoccupa de la salubrité de la salle des séances de l'Assemblée, et proposa (11 juillet 1789) « de la disposer en amphithéâtre écliptique, avec des bancs à dossiers, etc. ».
Le 13, il déposa, au nom des électeurs de la ville de Paris, une pétition demandant le rétablissement de la garde bourgeoise, « unique moyen de faire cesser les troubles qui déchirent cette capitale ».
Le 11 septembre, il parla sur la sanction royale et posa les questions suivantes :
« Le roi peut-il refuser son consentement à la Constitution ?
« Le roi peut-il refuser son consentement au pouvoir législatif ?
« Dans le cas où le roi refusera son consentement, ce refus sera-t-il suspensif ou indéfini ?
Dans le cas où le refus du roi serait suspensif, pendant combien de temps pourra-t-il durer ? Sera-ce pendant une ou plusieurs législatures ? »
La motion, qui devait donner à son nom sa célébrité particulière, fut faite par lui au cours de la discussion de l'ancien système pénal : le 1er décembre 1789, il lut un travail sur la matière, travail dans lequel, après avoir établi que la loi doit être égale pour tous, quand elle punit comme quand elle protège, il demanda l'abolition des peines infamantes.
Le 20 janvier 1790, il proposa, par humanité, l'exécution de la peine de mort par la décapitation, jusque-là réservée aux nobles, au moyen d'une machine depuis longtemps en usage en Italie. Cette proposition fut acclamée. Un modèle fut construit ; le docteur Louis, secrétaire perpétuel de l'Académie de chirurgie, fit un rapport favorable, et la motion de Guillotin fut convertie en décret par l'Assemblée.
« Le supplice que j'ai inventé est si doux, disait le docteur Guillotin, s'il faut en croire M. de Bourrienne, qu'il n'y a vraiment que l'idée de la mort qui puisse le rendre désagréable. Aussi, si l'on ne s'attendait pas à mourir, on croirait n'avoir senti sur le cou qu'une légère et agréable fraîcheur. » Le peuple appela d'abord cette machine la « Louison », du nom du docteur Louis ; puis les journaux satiriques et notamment une chanson des Actes des Apôtres (décembre 1789), la baptisèrent la guillotine, appellation qui causa de tout temps une peine très vive à son initiateur.
M. Guillotin fut élu secrétaire de l'Assemblée, fit décréter (29 juillet) l'évacuation du couvent des Capucins de la rue Saint-Honoré, et fit une motion (12 septembre) pour la régénération de la médecine.
La guillotine servit pour la première fois, le 25 avril 1792, sur Nicolas Pelletier, voleur ; le premier condamné politique qui y fut exécuté fut Collenot d'Angremont, le 21 août suivant.
Le docteur Guillotin faillit lui-même en faire l'épreuve ; devenu suspect sous la Terreur, il fut jeté en prison et ne dut la vie et la liberté qu'au 9 thermidor.
Il se consacra dès lors exclusivement à sa profession de médecin, fut l'un des champions les plus convaincus de la vaccine, et fonda une Société des premiers médecins de Paris qui devient plus tard l'Académie de médecine.