Cécile, Stanislas, Xavier, Louis de Girardin
1762 - 1827
Député en 1791, membre du Tribunat, député au Corps législatif, représentant à la Chambre des Cent-Jours, et député de 1819 à 1827, né à Lunéville (Duché de Lorraine, généralité de Nancy) le 20 janvier 1762, mort à Paris ( Seine) le 26 février 1827, fils du marquis René-Louis de Girardin (1735-1808), il eut pour parrain le roi Stanislas et pour précepteur Jean-Jacques-Rousseau.
Ayant embrassé la carrière des armes, il arriva, tout jeune encore, capitaine au régiment de Chartres. Très enthousiaste de la Révolution, il rédigea les cahiers du bailliage de Senlis, devint président du département de l'Oise en 1790, et, le 1er septembre 1791, fut élu député à l'Assemblée législative par ce même département, le 2e sur 12, avec 394 voix et 463 votants. Il siégea d'abord à l'extrême gauche, puis se rapprocha du groupe constitutionnel. Ce fut la stricte observation des lois constitutionnelles qui lui fit dénoncer Lecointre, comme ayant outrepassé ses droits, et demander sa mise en accusation. Il s'inclina cependant devant les résistances de ses collègues et écrivit, à ce propos, la lettre suivante :
« Ce 21 mai 1792, l'an 4e de la liberté.
« J'ai proposé, monsieur, à l'Assemblée nationale de décréter d'accusation M. Laurent Lecointre, député du département de Seine-et-Oise, pour avoir signé un ordre arbitraire, parce que j'étais alors intimement convaincu qu'en sa qualité de membre du Corps législatif, il ne pouvait être poursuivi pour le délit dont il me paraissait s'être rendu coupable, que par-devant la Haute Cour nationale ; mais, après les observations qui ont été faites, j'ai relu attentivement l'article VIII de la section V de l'acte constitutionnel, j'ai vu que je m'étais trompé.
« Ma conscience m'impose le devoir de défendre les principes de la constitution, indépendamment de toute espèce de considération, et elle m'ordonne non moins impérieusement de reconnaître que je m'en suis écarté dans cette occasion. Je vous prie donc, monsieur, de donner à cet aveu la plus grande publicité, en faisant imprimer ma lettre.
« Convenir d'une erreur n'est pas la réparer, je le sais ; mais c'est annoncer du moins le regret de l'avoir commise, et prouver la pureté de ses intentions.
« LOUIS-STANISLAS GIRARDIN. »
Le 2 juin 1792, il vota contre la fédération et contre le projet de formation d'un camp près de Paris. Président de l'Assemblée, le 24 juin suivant, il reçut, en cette qualité, le 7 juillet, le roi qui venait assister à la séance où les députés prêtèrent le serment de fidélité à la monarchie constitutionnelle. Son attitude en cette circonstance lui valut, le 10 août, les insultes et les menaces des vainqueurs.
Après la Législative, il obtint, par l'entremise de Marat, qu'il avait autrefois défendu, une mission en Angleterre, qui ne put aboutir en raison de l'hostilité du gouvernement britannique.
Rentré à Paris, le 21 janvier 1793, il se cacha chez un de ses oncles, à Sézanne ; mais, bientôt découvert, il fut jeté en prison, où il resta jusqu'au 9 thermidor et où, fidèle aux enseignements de Rousseau, il apprit le métier de menuisier.
Nommé, en 1797, administrateur de l'Oise, puis destitué quelques mois après comme suspect de royalisme, il retourna à Sézanne et se lia avec son voisin de campagne, Joseph Bonaparte, qui venait d'acheter le château de Mortefontaine. Le 4 nivôse an VIII, le frère de ce voisin de campagne le nomma membre du Tribunat, et le chargea de défendre au Corps législatif le projet de création de la Légion d'honneur.
Président du Tribunat le 22 mars 1802, il fut réintégré dans l'année avec le grade de capitaine en avril 1804, et versé au 4e régiment de ligne alors sous les ordres de Joseph Bonaparte. Ce prince l'emmena avec lui quand il partit pour Naples, le nomma chef de bataillon, puis colonel pour sa belle conduite au siège de Gaëte, et finalement l'attacha à sa personne, comme premier écuyer, quand il devint roi d'Espagne.
Nommé, peu après, général de brigade par l'Empereur, M. de Girardin se brouilla avec Joseph, auquel il reprochait une liaison espagnole.
Il entra au Corps législatif en 1809, fut créé comte de l'Empire le 29 janvier 1810, et nommé, en 1812, préfet de la Seine-Inférieure, où il resta jusqu'aux Cent-Jours, Louis XVIII l'ayant maintenu à ce poste.
En 1815, Napoléon l'appela à la préfecture de Seine-et-Oise, et, le 24 mai, M. de Girardin fut élu représentant à la Chambre des Cent-Jours, pour l'arrondissement du Havre, par 26 voix sur 46 votants, contre 15 à M. Cocherel.
Révoqué comme préfet à la seconde Restauration, il ne resta pas longtemps en disgrâce, devint, en 1819, inspecteur des haras et préfet de la Côte-d'Or, et fut élu, le 11 septembre 1819, député du collège de département de la Seine-Inférieure, par 1 435 voix sur 2 473 votants et 4 812 inscrits. Il siégea au côté gauche de l'Assemblée, combattit énergiquement le rétablissement de la censure et fut destitué par le cabinet qui remplaça le ministère Decazes.
Réélu député le 25 février 1824, dans le 1er arrondissement électoral de la Seine-Inférieure (Rouen), par 803 voix sur 1 382 votants, contre 426 voix à M. Eudes, il siégea jusqu'à sa mort dans l'opposition libérale.
On a de lui un assez grand nombre de brochures, dont la plus curieuse est un violent pamphlet politique intitulé : Lettre du vicomte d'Ermenonville à M*** (1789).
Chevalier de la Légion d'honneur au 26 novembre 1803, il en était devenu « l'un des commandants » le 11 juin 1804.
Date de mise à jour: septembre 2015