Yvon Briant

1954 - 1992

Informations générales
  • Né le 5 mai 1954 à Lesneven (Finistère - France)
  • Décédé le 13 août 1992 à Calenzana (Haute-Corse - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIIIe législature
Mandat
Du 2 avril 1986 au 14 mai 1988
Département
Val-d'Oise
Groupe
Front national

Biographies

Biographie de la Ve République

Briant (Yvon)
Né le 5 mai 1954 à Lesneven (Finistère)
Décédé le 13 août 1992 au col de Marsolino près de Calvi (Haute-Corse)

Député du Val-d’Oise de 1986 à 1988

Fils d’un modeste ouvrier breton, aîné de six enfants, Yvon Briant doit à son éducation au Prytanée militaire de la Flèche puis à l’Ecole des enfants de troupe d’Issoire, un attachement viscéral à la nation. Patriote et athlétique, il sert au 1er régiment de chasseurs parachutiste de Pau puis à la base des nageurs de combat d’Aspretto. Ayant opté pour la vie civile à 24 ans, il fonde une entreprise de travaux publics sous-marins à Dunkerque. Sept ans plus tard, il est président de France Protection, société spécialisée dans la surveillance, le gardiennage et la sécurité.
Son parcours politique est louvoyant. En 1978, Yvon Briant adhère au RPR. L’année suivante, il devient membre du club de l’Horloge, cercle de réflexion libéral et conservateur puis directeur de Contrepoint, revue notamment fondée par Patrick Devedjian et rachetée par le club de l’Horloge. Après les municipales de 1983, Yvon Briand quitte le RPR car il considère que le mouvement chiraquien est trop mou face à la gauche. Deux ans plus tard, par solidarité avec son ami Alain Maffart impliqué dans l’affaire du Rainbow Warrior et soutenu par le CNIP, il rejoint le Centre national des indépendants et paysans dont il devient le secrétaire général adjoint. Son ambition est de redynamiser ce vieux parti fondé en 1949 par René Coty et Roger Duchet.
Cependant, c’est sous les couleurs du Front national qu’Yvon Briant, âgé de 32 ans, remporte un siège de député du Val d’Oise en 1986. Sa liste a en effet recueilli 12,5% des suffrages, derrière les socialistes conduits par Michel Coffineau (31,3% des voix et 3 élus), le RPR avec Hélène Missoffe (19,8% et 2 élus) et l’UDF Jean-Philippe Lachenaud (16,9%, 2 élus) mais devant le PCF de Robert Montdargent (11,8% et 1 élu).
A son arrivée au Palais-Bourbon en avril 1986, Yvon Briant s’inscrit au groupe du Front national. Cette alliance parlementaire dure deux mois seulement : le jeune député qui garde toujours une certaine sympathie pour Jacques Chirac déplaît à ses collègues. Dès le mois de juin, il démissionne de son poste de vice-président du groupe parlementaire frontiste pour marquer son désaccord avec le vote de sa formation contre la déclaration générale de Jacques Chirac. Le mois suivant, il est écarté du groupe et doit rejoindre les non-inscrits aux côtés d’autres transfuges du mouvement d’extrême droite.
Le député frontiste déploie une intense activité parlementaire. En avril 1986, il est élu secrétaire de l’Assemblée. Par ailleurs, il siège à la commission de la Défense nationale et des forces armées de 1986 à 1987 et à celle de la Production et des échanges en 1987. Il est l’auteur de plusieurs propositions de loi qui entendent réformer le statut de l’Agence France Presse (12 août 1986), créer un salaire parental (18 décembre 1986), instaurer une compensation fiscale en faveur des contribuables ayant supporté des charges de famille nombreuse (18 décembre 1986), accorder une part entière par enfant pour le calcul du quotient familial (18 décembre 1986) dont il cherche à supprimer le plafonnement (18 décembre 1986).
Ses domaines de prédilections sont divers. Sur le plan économique, le député du Val d’Oise préconise un libéralisme très poussé. Il se montre un franc partisan des privatisations et s’élève contre le taux d’imposition en France, demandant l’allègement des charges pesant sur les entreprises. Dans le même esprit, Yvon Briant estime que les droits de succession et de donation sont trop élevés. A l’occasion du projet de loi sur le doivent et la transmission des entreprises, il demande même leur suppression sinon leur diminution (17 novembre 1987). Lors des débats sur le projet de loi relatif à la suppression de l’autorisation administrative de licenciement, il juge le projet du gouvernement « timoré et incohérent » (4 juin 1986) même s’il juge « positive dans son principe une mesure qui tend à libérer l'entreprise de carcans administratifs stériles et sclérosants » (11 juin 1986). Selon Yvon Briant, il faudrait tenir compte de l’origine nationale du travailleur pour fixer l’ordre des licenciements et, plus généralement, restreindre l’accès de l’emploi aux immigrés « pour des raisons d’ordre public » (13 mai 1986). Nationaliste, il prône en effet à plusieurs reprises la préférence nationale en matière d'emploi et d'embauche car il estime qu’il faut trouver des « solutions libérales et nationales » au problème de l’emploi (28 avril 1986). Les questions d’immigration retiennent l’attention du député du Val d’Oise. Lors de la discussion sur le projet de loi relatif à la lutte contre le terrorisme et aux atteintes à la sûreté de l’Etat, il refuse contre les socialistes de reconnaître la qualité de résident à l'étranger qui passe douze mois consécutifs dans son pays d'origine pour des raisons familiales (11 juillet 1986). Il estime que le projet de loi devrait aller plus loin dans la lutte contre l’immigration clandestine et contre les immigrés délinquants car, dans ce cas, « l’expulsion ne constitue pas une sanction mais une mesure de sûreté » (15 juillet 1986). Il réitère ces remarques à l’occasion du projet de loi relatif aux conditions d’entrée et de séjour es étrangers en France (10 juillet 1986, 7 et 8 octobre 1986). Dans une question au gouvernement, le 15 avril 1987, le député demande un référendum sur la réforme du droit asile. Il réclame également l’extension de l’allocation des harkis (projet de loi relatif à l’indemnisation des rapatriés, 25 juin 1987). Il est aussi opposé à la reconnaissance du droit des Canaques à l’indépendance (Projet de loi relatif à la Nouvelle-Calédonie, 8 juillet 1986). Conservateur, il s’attache à défendre les valeurs de tradition en préconisant en particulier une politique familiale et nataliste comme le montrent ses propositions de loi. Lors du projet de loi relatif à la famille, il dénonce l’absence d’un statut de mère de famille, le coût des crèches, le versement d’allocations aux familles étrangères en France et le remboursement de l’IVG (18 et 19 novembre 1986). Il est d’ailleurs l’auteur d’un amendement (rejeté) au projet de loi visant à supprimer le remboursement de l’avortement (6 décembre 1986) estimant que les femmes qui avortent ne doivent pas imposer aux autres citoyens de participer financièrement à un acte qu’ils réprouvent. Enfin, Yvon Briant demeure européen dans ses choix comme il le confirme à l’occasion des débats sur la ratification de l’Acte unique européen (20 novembre 1986).
S’il vote contre la déclaration de politique générale du gouvernement Chirac par discipline de parti (6 avril 1986), il approuve la seconde déclaration de politique générale de Jacques Chirac (7 avril 1987). Il vote en faveur du projet de loi autorisant la ratification de l’Acte unique européen (20 novembre 1986) et également de celui sur l’autorité parentale (7 mai 1987).
La dissolution de l’Assemblée en 1988 interrompt le mandat d’Yvon Briant. Ce dernier choisit de ne pas se représenter et concentre son activité sur le CNIP. En effet, devenu secrétaire général du parti en janvier 1987, le député du Val d’Oise est parvenu à évincer progressivement le président Philippe Malaud. L’élection présidentielle de 1988 contribue à éloigner les deux hommes puisque Philippe Malaud souhaite appeler à voter pour Jean-Marie Le Pen et Yvon Briant pour Jacques Chirac. En juin 1989, l’ancien député est élu au Parlement européen sur la liste RPR-UDF conduite par Valéry Giscard d'Estaing. La même année, il prend la présidence du CNIP contre Philipe Malaud. Son ambition est de rallier l’extrême droite pour permettre à la droite classique de s’allier avec le CNI considéré comme plus fréquentable que le FN. Cependant, il connaît quelques difficultés car son parti manque d’assise nationale et affronte le mépris des grands partis de droite pour ce vestige de l’époque Pinay. En mars 1992, Yvon Briant devient conseiller régional d'Île-de-France, seul élu d'une liste CNIP autonome dans le Val-d'Oise. L’ancien député n’a en effet pas réussi à conclure un accord avec le RPR. Par la suite, il fait campagne en faveur du « oui » au le traité de Maastricht et préconise une intervention militaire pour mettre fin au conflit militaire yougoslave. Le 13 août 1992, Yvon Briant trouve la mort avec son épouse et son jeune fils, dans un accident d’avion de tourisme en Corse. Il avait 38 ans.