Pierre, Louis Prieur de la Marne

1756 - 1827

Informations générales
  • Né le 1er août 1756 à Sommesous ( - Généralité de Châlons-en-Champagne - France)
  • Décédé le 31 mai 1827 à Bruxelles (Pays-Bas)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Présidence(s)

Présidence de l'Assemblée nationale
du 22 octobre 1794 au 6 novembre 1794

Mandat(s)

Régime politique
Révolution
Législature
Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 24 mars 1789 au 30 septembre 1791
Baillage
Châlons-sur-Marne (Type : Bailliage)
Groupe
Tiers-Etat
Régime politique
Révolution
Législature
Convention nationale
Mandat
Du 3 septembre 1792 au 26 octobre 1795
Département
Marne
Groupe
Gauche

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député en 1789, membre de la Convention, né à Sommesous (Généralité de Châlons-en-Champagne) le 1er août 1756, mort à Bruxelles (Pays-Bas) le 31 mai 1827, il étudia le droit et fut reçu avocat. Il exerçait cette profession à Châlons-sur-Marne, lorsqu'il fut élu, le 24 mars 1789, député du tiers aux états généraux par ce bailliage, avec 257 voix sur 328 votants.

Il siégea parmi les réformateurs, et présenta de nombreuses motions empreintes de l'esprit le plus démocratique. Il demanda la prompte formation des assemblées provinciales et municipales, insista pour qu'aucune condition pécuniaire ne fût exigée pour l'éligibilité des représentants, combattit la motion d'indulgence en faveur du parlement de Rouen, défendit la cause des sociétés populaires, émit le vœu que les pauvres pussent ramasser le bois mort dans les forêts, et réclama un traitement plus élevé pour les religieux septuagénaires ou infirmes. Il fut secrétaire de l'Assemblée, prit une part active au débat sur l'organisation judiciaire, et proposa des mesures de rigueur contre les émigrés. Il réclama la destruction des monuments qui rappelaient l'ancien régime, et se montra très opposé à l'inviolabilité du roi, dans la discussion sur les mesures à prendre lors de la fuite de Varennes.

Il fut un des commissaires envoyés alors aux frontières, et se rendit en Bretagne par ordre de l'Assemblée.

À son retour, il fit discuter que si le roi, sorti du royaume, n'y rentrait pas dans un délai donné, après l'invitation des représentants de la nation, il serait considéré comme renonçant à la couronne. Lorsque se produisirent les protestations du côté droit contre l'œuvre constitutionnelle de l'Assemblée, Prieur soutint qu'il fallait exclure de tout traitement ou pension sur le trésor public ceux des signataires qui étaient salariés par l'Etat. « C'était, dit de lui Thibaudeau, un avocat de belle prestance, chaud révolutionnaire ; il parlait souvent: c'était un de ces agitateurs par boutades et sorties. On l'appelait Crieur de la Marne. » Le 8 septembre 1791, Prieur fut élu administrateur de la Marne, et, le 11 novembre suivant, substitut du procureur près le tribunal de Paris.

Le 3 septembre 1792, le département de la Marne l'envoya, le 1er sur dix, par 386 voix (442 votants), siéger à la Convention. Presque aussitôt l'Assemblée lui confia une mission importante à l'armée de Dumouriez : il manda que la situation des ennemis donnait les plus grandes espérances, envoya des renseignements sur le bon esprit des troupes, puis sur la retraite des Prussiens, dénonça les mauvaises fournitures, et revint à la Convention pour prendre part au jugement de Louis XVI.

Il se prononça pour la mort sans appel ni sursis, en disant :

« Le peuple entier a accusé Louis de conspiration contre la liberté du peuple, la loi a fait le reste ; elle a prononcé la mort contre les conspirateurs. Je prononce cette peine à regret ; mais comme organe impassible de la loi, je prononce la mort.»

Prieur de la Marne regretta les massacres de septembre ; mais il crut impolitique d'en rechercher les auteurs, et demanda, le 8 février 1793, « qu'un voile fût jeté sur des excès irréparables. » Il parla sur l'organisation du tribunal révolutionnaire, et défendit la disposition par laquelle les jurés étaient tenus de voter à haute voix.

Membre du comité de défense générale et du comité de salut public, il partit peu après pour une nouvelle mission aux armées, et parcourut les départements du Nord, des Ardennes, de la Moselle et du Rhin; il y réveilla l'enthousiasme patriotique des troupes, se rendit ensuite en Bretagne, et, fidèle aux principes révolutionnaires, mit la terreur à l'ordre du jour. À Vannes, il remplaça les juges du tribunal correctionnel par des juges révolutionnaires choisis par lui ; à Dinan, on fêta son arrivée, le 4 novembre 1793, en fusillant en sa présence neuf hommes, deux femmes et trois enfants. Le 16 janvier suivant, il écrivit au comité de salut public : « Nous faisons donner une chasse très active aux prêtres réfractaires. Déjà quelques-uns ont été pris ; nous espérons ne pas manquer ceux qui restent. »

Il passa près d'une année hors de Paris, et fut absent à l'époque du 9 thermidor. Cette journée le fit sortir du comité de salut public ; mais il y rentra le 15 vendémiaire an III, et devint président de l'assemblée le 1er brumaire suivant.

Prieur ne favorisa point la politique thermidorienne. Il encouragea, au contraire, les espérances des insurgés du 12 germinal et demanda la mise en liberté des patriotes arrêtés depuis le 9 thermidor. André Dumont saisit cette occasion pour proposer la mise en accusation de Prieur, qui se défendit avec succès. Mais dans la journée du 1er prairial, les sectionnaires du parti démocratique le portèrent à la commission extraordinaire du gouvernement : Prieur accepta et lutta énergiquement contre la force armée qui venait au secours de la majorité. Après avoir fait des efforts désespérés pour rallier le peuple que chargeaient les bataillons des sections antirévolutionnaires du Mont-Blanc et de la Butte-des-Moulins, il dut songer à se dérober aux poursuites, échappa au décret d'accusation qui le soir même fut lancé contre lui, resta caché jusqu'à l'amnistie du 4 brumaire, et s'établit ensuite jurisconsulte et avocat à Paris.

Etranger à la politique sous le Directoire, le Consulat et l'Empire, il fut atteint par la loi du 12 janvier 1816, contre les régicides, et partit de Paris le 6 février 1816, pour Bruxelles, où il mourut dans la gêne, onze ans après.

On a de lui : Rapport sur l'établissement des sourds-muets (1791).