Louis, Bernard Guyton de Morveau
1737 - 1816
Député en 1791, membre de la Convention et député au Conseil des Cinq-Cents, né à Dijon (Généralité de Bourgogne, France) le 4 janvier 1737, d'Antoine Guyton, avocat à la cour, et Marguerite Desaule, mort à Paris (Seine) le 2 janvier 1816, il avait été destiné à la magistrature par sa famille ; il obtint une dispense pour siéger comme avocat général au parlement de Dijon, où il se fit remarquer par d'éloquentes plaidoiries. Mais ses goûts le portaient vers l'étude de la chimie à laquelle il s'adonna avec ardeur.
Membre de l'Académie de Dijon, il obtint des états de Bourgogne l'autorisation d'ouvrir un cours de chimie (1774); des travaux antérieurs sur le pouvoir désinfectant du chlore, expérimenté dans les caveaux de la cathédrale et les prisons de la ville sous le nom de « fumigations guytoniennes », et les traductions de quelques ouvrages de Bergmann et de Scheele lui avaient mérité cette faveur. A la suite de difficultés réitérées avec ses collègues du parlement, il donna sa démission en 1782, et prit le titre d'avocat général honoraire. Cette même année, il proposa un plan de nomenclature chimique destiné à la théorie de Stalh, mais que Lavoisier accepta immédiatement, en comprenant toute la valeur. Ils travaillèrent à la perfectionner en compagnie de Berthollet et de Fourcroy. Ce fut Guyton-Morveau qui rédigea le Dictionnaire de chimie pour l'Encyclopédie méthodique, à l'aide de documents nouveaux qui valurent à l'auteur un prix de l'Académie.
A la Révolution, il en embrassa les principes avec enthousiasme, devint procureur général syndic de Dijon (1790), et fut élu, le 3 septembre 1791, député de la Côte-d'Or à l'Assemblée législative, le 9e sur 10, par 238 voix sur 365 votants ; il présida l'Assemblée l'année suivante.
Réélu, le 4 septembre 1792, par le même département, membre de la Convention, le 2e sur 10, avec 493 voix (525 votants) , il prit place à la Montagne.
Lors du procès de Louis XVI, il vota non sur la question de l'appel au peuple, et, au 3e appel nominal, répondit:
« J'ai déclaré avec vous Louis coupable de conspiration. Aujourd'hui vous me demandez quelle peine il mérite. Quand la loi n'en indiquerait point, la nature y suppléerait, parce qu'il est absurde qu'un attentat tel que des conspirations contre la patrie reste impuni. J'ai aussi considéré cette question sous le rapport politique, j'ai vu que ce serait donner un funeste exemple aux rois. Je vote pour la mort. »
Membre, la même année, du comité de défense générale, il continua néanmoins de s'occuper de questions scientifiques et particulièrement de la question des ballons, obtint la création d'un corps d'aérostiers militaires et l'organisation de l'école de Meudon. En mission à l'armée du Nord (juin 1794), il expérimenta, à la bataille de Fleurus, les services que pouvaient rendre au général en chef les ballons captifs. Il perfectionna aussi la fabrication de la poudre et la purification des salpêtres.
Il était entré au comité de salut public après le 9 thermidor, et il fut élu député de la Sarthe au Conseil des Cinq-Cents, le 24 vendémiaire an IV. Il s'y occupa de finances et d'administration, contribua à la fondation de l'Ecole polytechnique, dont il devint professeur, puis directeur (23 floréal an XI), et fut nommé administrateur des monnaies le 11 nivôse an VIII, fonctions qu'il occupa jusqu'en 1814. Membre de l'Institut depuis 1796, il présenta à la section des sciences un grand nombre de mémoires, sur la combustion du diamant, la cristallisation des métaux, les affinités chimiques, la composition des sels, le bleu de Prusse, l'acide oxalique, etc., et fut successivement membre de la Société royale de Londres, chevalier de la Légion d'honneur (26 vendémiaire an XII), officier de l'ordre (8 ventôse an XIII), chevalier de l'Empire (20 août 1809), puis baron (23 octobre 1811).
La Restauration le destitua de ses fonctions publiques, tout en lui laissant la plus grande partie de ses traitements. Il avait épousé, en 1798, Mme Claudine Poullet, veuve de Picardet, membre de l'Académie de Dijon et ancien conseiller à la Table de marbre de cette ville. Sa femme l'aida dans la traduction des Mémoires de chimie de Scheele (1785) et du Traité des caractères extérieurs des fossiles de Werner (1790).
On a de Guyton-Morveau un grand nombre d'ouvrages et de mémoires dont les plus importants ou les plus curieux sont :
- Le rat iconoclaste ou le jésuite croqué, poème héroï-comique, en vers (Paris, 1763) ;
- Discours sur les mœurs, prononcé à l'ouverture des audiences du parlement de Bourgogne (Paris, 1770) ;
- Nouveau moyen de purifier absolument et en très peu de temps une masse d'air infectée (Dijon, 1773) ;
- Mémoire sur l'utilité d'un cours de chimie dans la ville de Dijon (Dijon, 1775) ;
- Eléments de chimie théorique et pratique (avec Morel et Durande), 3 volumes (Dijon, 1776-1777) ;
- Mémoire sur les dénominations chimiques, la nécessité d'en perfectionner le système, les règles pour y parvenir, suivi d'un tableau d'une nomenclature chimique (Dijon, 1782) ;
- Description de l'aérostat de l'Académie de Dijon (Paris, 1784) ;
- Dictionnaire de chimie de l'Encyclopédie par ordre des matières (Paris, 1786) ;
- Méthode d'une nomenclature chimique (avec Lavoisier, Laplace, Monge, Berthollet et Fourcroy) (1787) ;
- Opinion dans l'affaire de Louis XVI (Paris, 1793) ;
- Traité des moyens de désinfecter l'air, d'éviter la contagion et d'en arrêter les effets (1801), etc.
Date de mise à jour: juillet 2020