Marie Jean Hérault de Séchelles

1759 - 1794

Informations générales
  • Né le 15 novembre 1759 à Paris ( - Généralité de Paris - France)
  • Décédé le 5 avril 1794 à Paris (Seine - Département de Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Présidence(s)

Présidence de l'Assemblée nationale
du 2 septembre 1792 au 16 septembre 1792
Présidence de l'Assemblée nationale
du 1er novembre 1792 au 15 novembre 1792
Présidence de l'Assemblée nationale
du 8 août 1793 au 22 août 1793

Mandat(s)

Régime politique
Révolution
Législature
Assemblée nationale législative
Mandat
Du 16 septembre 1791 au 20 septembre 1792
Département
Seine
Groupe
Extrème gauche
Régime politique
Révolution
Législature
Convention nationale
Mandat
Du 13 septembre 1792 au 5 avril 1794
Département
Seine-et-Oise
Groupe
Gauche

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député à l'Assemblée législative de 1791, membre de la Convention, né à Paris (Généralité de Paris, France) le 20 septembre 1759, mort à Paris (Département de Paris) le 5 avril 1794, petit-fils de René Hérault, qui fut lieutenant-général de police à Paris, et fils d'un colonel du régiment de Rouergue, tué à la bataille de Minden, il débuta à vingt ans au Châtelet comme avocat du roi.

Il dut à son esprit et à son éloquence autant qu'à sa naissance et à sa fortune de brillants succès, et fut présenté par la duchesse de Polignac, sa parente, à la reine Marie-Antoinette, qui avait souhaité de le connaître et qui devint sa protectrice ; elle le fit nommer avocat général au parlement de Paris. Hérault de Séchelles y défendit chaleureusement, contre Dambray, l'idée d'une réforme gouvernementale, se rangea un des premiers du parti des patriotes, montra un rare courage à la prise de la Bastille, et fut désigné par ses opinions et par son talent pour exercer, après la réorganisation du pouvoir judiciaire par la Constituante, les fonctions de commissaire du roi près le tribunal de cassation.

Mais il les négligea bientôt pour la politique active, et se fit élire, le 16 septembre 1791, député de Paris à l'Assemblée législative, le 14e sur 24, avec 389 voix (756 votants). Hérault de Séchelles siégea à l'extrême gauche.

Ses débuts à la tribune eurent lieu le 14 janvier 1792, lorsqu'il présenta, en réponse à la déclaration de Pilnitz, un véhément projet d'adresse au peuple français, où toute idée de capitulation devant les menaces de l'étranger était repoussée avec indignation, « La capitulation avec des rebelles, s'écriait-il, c'est le châtiment ; avec des ennemis, c'est la guerre ! »

Le 25 janvier suivant, il prit l'initiative d'une vigoureuse réplique aux notes comminatoires de l'Autriche ; puis il fut nommé rapporteur de la commission extraordinaire chargée d'aviser aux mesures qu'exigeaient les circonstances, et ce fut lui qui proposa la proclamation de « la patrie en danger ».

Il ne semble pas qu'il ait pris une part directe à la journée du 10 août ; mais, quelques jours après, le 17, il réclama des poursuites judiciaires contre les royalistes inconstitutionnels, coupables d'avoir provoqué le peuple, et détermina l'établissement d'un tribunal extraordinaire pour les juger.

Le département de Seine-et-Oise fit choix d'Hérault de Séchelles, le 13 septembre 1792, le 10e sur 14, par 331 voix sur 653 votants, pour le représenter à la Convention. Le lendemain 14, il était élu également, le 16e sur 17, par le département de la Somme, avec 181 voix (384 votants). Il opta pour Seine-et-Oise, et fut, dès les premiers temps de la législature, élevé à la présidence de l'Assemblée (2 novembre 1792).

Au terme de ces fonctions, il fut envoyé en mission en Alsace et de là en Savoie (novembre 1792), afin de procéder à l'organisation du département du Mont-Blanc. Ce fut durant cette absence qu'eut lieu le procès de Louis XVI ; Hérault de Séchelles ne put prendre part au vote mais il ne laissa pas d'opiner par lettre pour la condamnation du roi, avec ses collègues Grégoire, Jagot et Simond, en consentant seulement à la radiation des mots à mort, que Grégoire avait exigée.

De retour à Paris (mai 1793), il présida encore la Convention dans la deuxième quinzaine de mai. Il était à sa tête, le 2 juin, lorsque près de 80 000 hommes des sections, commandés par Henriot, entourèrent, avec 163 bouches à feu, le palais de la représentation nationale. Barrère ayant proposé à ses collègues d'aller délibérer au milieu du peuple, la majorité de l'Assemblée accueillit cette motion avec enthousiasme, et les députés se rendirent aussitôt dans la cour des Tuileries. Les sentinelles leur ouvrirent d'abord le passage ; mais lorsqu'ils arrivèrent en face des canonniers et d'Henriot, et qu'Hérault de Séchelles ordonna à celui-ci de faire place aux représentants du peuple :

« Le peuple ne s'est pas levé, répondit Henriot, pour entendre des phrases, vous ne sortirez pas que vous n'ayez livré les vingt-deux.
- Saisissez ce rebelle, fit Hérault en s'adressant aux soldats.
Canonniers, à vos pièces, reprit Henriot ; soldats, aux armes ! »

La Convention rentra alors dans la salle des séances, et la défaite des Girondins fut consommée par l'adoption du décret d'arrestation des vingt-deux. Hérault se rallia, du reste, aux vainqueurs ; il se prononça finalement pour la Montagne et contribua à faire casser la commission des Douze.

Il eut une part importante à la rédaction de la Constitution de 93 ; mais il apporta dans ce travail plus d'habileté que de conviction, car il écrivait plaisamment à un conservateur de la Bibliothèque nationale : « Citoyen, j'ai une constitution à rédiger d'ici trois jours. Veuillez bien m'envoyer un exemplaire des Lois de Minos. »

Rappelé au fauteuil à la fin de juillet, il présida la fête nationale, célébrée le 10 août 1793, et consacrée à l'acceptation solennelle de la Constitution. Il y joua le principal rôle et prit plusieurs fois la parole au nom de la Convention. Le Moniteur, dans son numéro du 12 août, contient le texte du discours, ou plutôt des discours qu'il prononça, devant la « fontaine de la régénération », devant « l'arc de triomphe », sur la place de la Révolution, aux Invalides, à l'autel de la patrie, enfin au Champ-de-Mars, devant le monument des guerriers morts pour la République.

« Au moment, s'écria-t-il, où nous venons de proclamer solennellement, en présence du peuple français, l'acceptation de l'acte constitutionnel, pourrions-nous ne pas couronner cette auguste journée par le touchant adieu que nous devons à ceux de nos frères qui ont succombé dans les combats. Ils ont été privés de concourir à la Constitution de leur pays, ils n'ont pas dicté les articles de la liberté française, mais ils les avaient préparés, inspirés par leur dévouement héroïque. Hommes intrépides ! cendres chères et précieuses ! urne sacrée ! je vous salue avec respect, je vous embrasse au nom du peuple français ; je dépose sur vos restes protecteurs la couronne de lauriers que la Convention nationale et la patrie vous présentent. »

Sur la place de la Révolution, Hérault, une torche enflammée à la main, avait mis le feu à un immense bûcher formé de tous les attributs de la royauté ; trône, couronne, sceptre, fleurs de lis, manteau royal, écussons, armoiries furent anéantis aux acclamations de plus de cinq cent mille spectateurs.

Devenu membre du comité de salut public, Hérault de Séchelles y fut chargé de tout ce qui avait rapport aux relations diplomatiques. Ce fut lui également qui proposa le désarmement des suspects, etc.

En septembre 1793, il quitta le comité pour rempli une seconde mission en Alsace, où il organisa des tribunaux criminels et un « comité d'activité révolutionnaire ». Il se concertait avec Pichegru pour l'établissement d'un camp à Belfort, lorsqu'il apprit, par son collègue Lémane en mission à Strasbourg, que, dans une lettre adressée au maire de cette ville, les royalistes se flattaient de pouvoir compter sur lui.

Il demanda son rappel, et arriva à Paris le 15 décembre, à temps pour relever, le 29, les accusations de Bourdon (de l'Oise) qui lui reprochait d'entretenir avec les émigrés Dubuisson et Prost une correspondance criminelle. Défendu alors par Couthon, il acheva lui-même à son tour de se justifier, offrant sa démission de membre du comité, qui fut refusée à l'unanimité. Mais ses liaisons avec le parti dantoniste, dont la morale facile convenait mieux à son caractère et à ses goûts que « l'austérité » de Robespierre, le compromirent bientôt plus gravement. L'arrestation d'une émigrée chez Simond, député du Mont-Blanc, fit accuser Hérault, par la section Lepelletier, d'avoir connu la présence de cette femme et d'avoir ainsi violé la loi du 4 mars 1794, qui interdisait toutes communications avec les prévenus de conspiration, sous peine d'être traité comme leur complice.

Le comité de sûreté générale l'envoya au Luxembourg. Hérault de Séchelles ne tarda pas à être compris dans le rapport que Saint-Just présenta, le 31 mars, contre les dantonistes, au nom du comité de salut public. Accusé d'avoir communiqué aux gouvernements étrangers les délibérations du comité diplomatique, et d'avoir détourné des papiers appartenant à ce comité, pour les livrer aux journaux, il ne se défendit que faiblement, et ne réfuta point d'une manière péremptoire les charges tirées contre lui de correspondances saisies par les agents du comité, et où il était compromis. Saint-Just avait ajouté: « Nous nous rappelons qu'Hérault fut, avec dégoût, le témoin muet des travaux de ceux qui tracèrent le plan de la Constitution, dont il se fit adroitement le rapporteur éhonté. »

Condamné à mort par le tribunal révolutionnaire, Hérault de Séchelles, à la différence de ses co-accusés, entendit son arrêt avec sérénité. Au pied de l'échafaud et jusqu'au dernier instant, il conserva le même calme. Il mourut âgé de trente-quatre ans.

Ami de Buffon, de Chamfort, de Mirabeau, de Rulhières, Hérault de Séchelles s'était essayé dès sa jeunesse à la littérature, et il avait déployé dans les genres alors en vogue toutes les heureuses qualités comme tous les défauts de son esprit.

On connaît de lui :
- un Eloge de Suger, abbé de Saint-Denis (1779) ;
- Visite à Buffon (1785), réimprimé en 1802, sous le titre de Voyage à Montbard ;
- des Notes sur la conversation ;
- et un curieux ouvrage intitulé : Théorie de l'ambition.

De son mariage avec Mlle Desmaries il laissa deux fils ; les descendants de l'aîné vivent encore dans la Loire-Inférieure ; le second fut longtemps acteur à l'Odéon, et son fils, imprimeur en province, fut ruiné par la guerre de 1870, et laissa une fille et un fils ; ce dernier, arrière-petit-fils du conventionnel, devint typographe au Figaro ; ayant perdu la vue par suite du travail de nuit, il est aujourd'hui employé comme commissionnaire au même journal.