Jean-Michel Duroy

1753 - 1795

Informations générales
  • Né le 22 décembre 1753 à Bernay ( - Généralité d'Alençon - France)
  • Décédé le 17 juin 1795 à Paris (Département de Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Révolution
Législature
Convention nationale
Mandat
Du 5 septembre 1792 au 17 juin 1795
Département
Eure
Groupe
Montagne

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Membre de la Convention, né à Bernay (Généralité d'Alençon) le 16 décembre 1753, de Jean Duroy, maréchal et Jeanne Lesueur, mort à Paris (département de Paris) le 17 juin 1795, il était avocat à Bernay avant la Révolution.

Partisan des idées nouvelles, il devint, en 1790, juge au tribunal de sa ville natale, et fut nommé (septembre 1791) député suppléant de l'Eure à l'Assemblée législative, sans être appelé à y siéger.

Le 5 septembre 1792, il fut élu membre de la Convention par le département de l'Eure le 4e sur 12, avec 318 voix sur 558 votants; il siégea à la Montagne, et, dans le procès de Louis XVI, repoussa l'appel au peuple, et répondit, au 3e appel nominal : « Par justice, je vote pour la mort, et, par humanité, je demande que le jugement soit promptement exécuté. »

Le 8 février 1793, dans un discours sur la nécessité de faire la Constitution, il dit : « Tandis qu'il nous faut du calme, on a jeté entre nous un ferment de division, cette malheureuse affaire des 2 et 3 septembre. On a cherché à imputer ces crimes à quelques membres de la Convention, on les a présentés comme les auteurs et les instigateurs. Je crois donc que, pour faire cesser toute espèce de discussion, il faut jeter un voile épais sur ces événements. Je suis étranger à Paris, je ne me suis jamais permis aucun acte de violence; ainsi je puis parler à front découvert. »

Le 18 avril, il engagea de nouveau ses collégues à abjurer leurs dissensions. « J'arrive de deux départements, dit-il, et je m'acquitte de l'obligation que j'ai contractée envers les citoyens de ces départements: ils m'ont chargé de vous dire que jusqu'à présent l'assemblée s'est plutôt occupée des intérêts de ses membres que de l'intérêt général. Les citoyens se portent en foule aux frontières. Eh bien! pour récompense des sacrifices qu'ils font, ils veulent que vous cessiez enfin de vous déchirer. Abandonnons toutes nos haines particulières pour nous occuper de l'intérêt du peuple français. Je sais ce que Doulcet a écrit contre moi, mais je l'oublie bien sincèrement. » (On applaudit.) Doulcet répond aussitôt : « Je vous ai offensé, il est vrai, j'ai écrit contre vous; mais je vous en demande, en présence de mes collègues, l'excuse la plus formelle. (On applaudit.) Je désavoue les opinions que la prévention m'a pu dicter sur votre compte. » Doulcet et Duroy s'embrassent. « La salle retentit, dit le Moniteur, des applaudissements unanimes de l'Assemblée et des citoyens des tribunes. »

Ces beaux sentiments ne devaient pas durer ; le 13 juin, Duroy lui-même demanda le décret d'accusation contre Buzot; il fit voter (13 juillet) que Couppé (des Côtes-du-Nord), fugitif et arrêté, serait considéré comme simple particulier ; interpella (4 juillet) le comité de Salut public sur les mesures à prendre relativement au département de l'Eure, suspect de fédéralisme; fut envoyé en mission dans l'Eure et le Calvados quelques jours après, et rappelé le 3 septembre, sur la motion de Barère. Le 24 septembre, il parla en faveur du général Landremont, et se plaignit de la destitution d'une foule de bons officiers, qui, « pour avoir le malheur d'être nés nobles, n'en sont pas moins sans-culottes, » Le 3 octobre, il fit décréter Richou d'accusation.

Après la chute de Robespierre, il défendit encore les idées de la Montagne, demanda (2 vendémiaire an III) qu'on fût un peu moins clément pour les aristocrates qui minaient le gouvernement républicain; réclama (9 brumaire an IV) le rapport du décret déclarant Bordeaux en état de rébellion, et la restitution à ce département de son ancien nom de « la Gironde »; discuta (26 brumaire) le projet de décret sur l'instruction publique; demanda (24 ventôse) le rapport de la loi sur les suspects ; s'efforça (12 germinal) de calmer le peuple qui avait envahi la Convention; insista (1er prairial) pour que les patriotes fussent réarmés et pour la mise en liberté des députés arrêtés depuis le 12 germinal; le même jour, il fut nommé membre de la commission chargée de dissoudre le Comité de sûreté générale, et, désigné comme un des instigateurs de la journée, fut décrété d'arrestation.

Traduit devant un conseil militaire, avec les derniers Montagnards, le 26 prairial, il fut comme eux condamné à mort. L'arrêt prononcé, on les fit passer dans une autre salle, en attendant le départ pour l'échafaud. A ce moment Romme se frappa d'un coup de couteau, puis passa l'arme à Goujon, qui se donna un coup mortel. Duroy fut de ceux qui ne réussirent qu'à se blesser; il marcha sanglant à l'échafaud et mourut avec courage.

Date de mise à jour: octobre 2019