François, Régis de La Bourdonnaye

1767 - 1839

Informations générales
  • Né le 19 mars 1767 à La Varenne ( - Généralité de Tours France)
  • Décédé le 28 juillet 1839 à Drain (Maine-et-Loire - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Seconde Restauration - Chambre des députés des départements
Législature
Ire législature
Mandat
Du 22 août 1815 au 5 septembre 1816
Département
Maine-et-Loire
Groupe
Extrême-droite
Régime politique
Seconde Restauration - Chambre des députés des départements
Législature
IIe législature
Mandat
Du 4 octobre 1816 au 22 juillet 1820
Département
Maine-et-Loire
Groupe
Extrême-droite
Régime politique
Seconde Restauration - Chambre des députés des départements
Législature
IIe législature
Mandat
Du 13 novembre 1820 au 24 décembre 1823
Département
Maine-et-Loire
Groupe
Extrême-droite
Régime politique
Seconde Restauration - Chambre des députés des départements
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 6 mars 1824 au 5 novembre 1827
Département
Maine-et-Loire
Régime politique
Seconde Restauration - Chambre des députés des départements
Législature
IVe législature
Mandat
Du 24 novembre 1827 au 27 janvier 1830
Département
Maine-et-Loire
Groupe
Opposition modérée

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député de 1815 à 1830, et pair de France, né à la Varenne (Généralité de Tours), le 19 mars 1767, mort au château de Mésangeau, commune de Drain (Maine-et-Loire), le 28 juillet 1839, il était sorti d'une noble famille bretonne dont l'écusson figure dans la salle des Croisades à Versailles, et dont une branche s'était depuis un siècle implantée en Anjou.

Il entra, en 1786, comme officier au régiment d'Austrasie infanterie, et, dès les premiers jours de la Révolution, fit partie des Chevaliers du poignard qui mirent leur dévouement monarchique au service de Louis XVI. Arrêté aux Tuileries, le 28 février 1791, par la garde nationale, il fut renvoyé après quelques jours de détention à son régiment en garnison à Briançon, émigra à l'armée de Condé (octobre 1791), passa quelques mois en Suisse, après sa dissolution, puis rentra en France sous le Directoire, où, après un court séjour à Orléans sous le nom de Guibert, il alla se marier à Angers, le 23 fructidor an V, avec Mlle Volaige de Vaugirauld. Sous le coup de l'article 15 de la loi du 19 fructidor, forcé de quitter momentanément la France, il prit un passeport pour se retirer de nouveau en Suisse (vendémiaire an VI); il y resta jusqu'en octobre 1802, et revint alors habiter le château de Mésangeau, commune de Drain.

La même année il fut appelé au collège électoral de département pour le canton de Champtoceaux, et le 16 fructidor an XI, nommé par décret conseiller général. Le préfet le désigna pour la surveillance du tirage dans son canton aux conscriptions de l'an XI et de l'an XII. En l'an XII, il entra au conseil municipal d'Angers dont il fit partie jusqu'en 1815. Ce fut lui qui proposa et soutint dans le conseil général l'adresse à Bonaparte pour l'hérédité de la couronne (1806), et deux fois il fut chargé par le conseil municipal et par le conseil général d'aller porter au pied du trône « le tribut de la reconnaissance et de l'admiration du département. » L'année suivante, il brigua et obtint la candidature au Corps législatif, mais sans y pouvoir entrer. Secrétaire du conseil général en 1807, il le présida en 1813 et en 1814, et à ce titre prêta le premier et reçut de ses collègues le serment de fidélité au roi.
Nommé, le 22 août 1815, député de Maine-et-Loire, au collège de département, par 107 voix sur 213 votants et 276 inscrits, il prit bientôt, dans le parti royaliste, à l'extrême droite de la Chambre introuvable, la situation dirigeante qui a rendu son nom célèbre. La partie la plus intransigeante de cette majorité le considéra comme son chef. Sa motion sur l'amnistie qui légalisait la vengeance, motion soutenue, dit un de ses panégyristes, « avec des paroles terribles », le plaça au premier rang des « réacteurs » les plus emportés. Il avait, dès le 11 novembre 1815, présenté en comité secret, une proposition tendant à étendre les listes de proscription du 24 juillet. Cette proposition débutait par une formule d'amnistie, mais elle en exceptait plusieurs catégories de personnes : 1° les titulaires des grandes charges administratives et militaires ayant constitué le gouvernement des Cent-jours; 2° les généraux, les commandants de place ou de corps, les préfets ayant passé à l'usurpateur, fait arborer son drapeau ou exécuter ses ordres; 3° les régicides ayant accepté des places de l'usurpateur, siégé dans les Chambres ou signé l'Acte additionnel. Les individus compris dans les deux premières catégories devaient être immédiatement jugés et condamnés suivant l'article 87 du Code pénal, c'est-à-dire à la peine de mort; ceux de la troisième devaient être condamnés à la mort civile. Les revenus des uns et des autres devaient être séquestrés. Une commission fut chargée d'examiner ce projet qui reçut alors et a conservé le nom de catégories La Bourdonnaye. Le fameux projet de loi dite « loi d'amnistie », déposé par le duc de Richelieu, le 8 décembre, s'inspirait de la motion de La Bourdonnaye, mais en atténuait la rigueur. Le projet ministériel fut adopté malgré les efforts du rapporteur, M. de Corbière, qui tenta de rétablir sous une autre forme les fameuses « catégories ».

L'homme aux catégories, comme on l'appelait alors, fut réélu le 4 octobre 1816, par 114 voix (220 votants, 269 inscrits.) Le ministère Decazes avait vivement combattu sa candidature; à son tour, il déclara une guerre implacable au cabinet. La discussion de la loi sur les élections (1816) lui offrait une première occasion qu'il ne laissa pas échapper. Il souleva des orages en contestant d'abord que cent mille électeurs pussent être considérés comme la représentation du peuple. Puis, au lieu de conclure logiquement à l'extension du droit électoral, il montra « des rassemblements immenses d'électeurs, accourant de tous les points des départements, à la manière des peuplades sauvages, et formant, dans leur nombreuse agglomération, l'image de ces caravansérails des gouvernements de l'Orient auxquels on essaie si souvent de nous façonner ». Puis encore : « Voyez, dit-il, quels sont les hommes dont vous allez réveiller l'ambition et l'audace. Ce sont des hommes que leur éducation et l'habitude des affaires portent à se croire propres à tout; ils verront la bannière levée, la carrière ouverte, et ils s'y précipiteront avec cet amour de richesses et de pouvoir qui les caractérise. » Toujours prêt à contrecarrer les vues du ministère, il combattit la loi sur la liberté individuelle (1817), la loi sur la presse, la loi sur le recrutement, qui par le droit d'avancement à l'ancienneté, limitait, suivant lui, les droits du roi, réclama une loi sur la responsabilité des ministres, et proposa, pour faire pièce au cabinet, l'abolition du timbre sur les brochures et journaux quotidiens. « C'est à cette occasion, dit M. Célestin Port dans le Dictionnaire historique de Maine-et-Loire, que la Minerve, organe libéral, ajouta aux nombreux surnoms de M. de La Bourdonnaye celui d'Ajax du côté droit. »
A l'ouverture de la session de 1820, La Bourdonnaye fut des plus hostiles à l'admission de l'abbé Grégoire comme député. Il proposa, le 2 février, après l'assassinat du duc de Berry, une adresse au roi pour lui témoigner la douleur de l'assemblée et le supplier de prendre les mesures propres à comprimer « les doctrines pernicieuses qui menaçaient le monde de bouleversements nouveaux ». Il contribua puissamment au renversement du ministère Decazes, puis, réélu, le 13 novembre 1820, avec 225 voix (401 votants et 424 inscrits), il reprit son poste de combat à la Chambre, intervint dans plusieurs discussions importantes et s'unit à la gauche pour combattre encore le second ministère Richelieu, qui dut se retirer sous plusieurs votes hostiles (décembre 1821.) Le ministère Villèle aurait dû, semblait-il, lui donner satisfaction; il ne tarda pas cependant à lui montrer une hostilité marquée. A la session ouverte le 4 juin 1822, la Chambre avait porté La Bourdonnaye candidat en premier à la présidence, mais le roi lui préféra Ravez, qui avait obtenu 16 voix de moins, et La Bourdonnaye dut se contenter de la vice-présidence.
Irréconciliable dans son opposition, le matin même du jour où son ami Chateaubriand, succédant au vicomte de Montmorency, s'installa (1823) au ministère des Affaires étrangères, le fougueux député vint lui annoncer qu'il rompait avec lui. Il n'en défendit pas moins à outrance la guerre d'Espagne, tout en reprochant amèrement à M. de Villèle de vouloir « imposer à un roi captif et à une nation asservie une charte, garantie odieuse des intérêts nés de la révolte. » C'est dans la discussion du vote des fonds, à l'occasion d'une phrase interrompue, qui semblait faire l'éloge de la Révolution et de la Convention nationale, que La Bourdonnaye se précipita à la tribune, le 27 février 1823, pour demander l'expulsion du député Manuel. Cette expulsion avait déjà été proposée la veille. « Un tel attentat, s'écriait l'orateur, ne peut rester impuni, et c'est à la Chambre qu'il appartient d'en faire justice. Sa haute juridiction n'a pas besoin d'être écrite, elle est nécessaire, inaliénable, elle n'a de limites que celles mêmes du crime qu'elle est appelée à punir! » Sur son rapport même l'expulsion fut votée, le 1er mars.

La Bourdonnaye, réélu le 6 mars 1824, n'hésita pas, l'année suivante, dans le débat sur l'indemnité des émigrés, à faire cette déclaration: « Oui c'est bien ce que nous voulons ; les contribuables y perdront; mais en retour de ce sacrifice, ils verront la tranquillité assurée à jamais, et toutes les classes de la société remises dans l'état où elles étaient avant la Révolution. » En 1826, lors du procès fait par les ministres au Journal du commerce, il fut amené, par la nécessité de son opposition irréconciliable, à défendre la liberté de la presse et le gouvernement représentatif: « Tout se réduit à ceci, s'écria-t-il, plus d'opposition! En voulant détruire toute opposition, c'est le gouvernement représentatif lui-même que vous attaquez dans sa base; car, sans l'opposition, le gouvernement représentatif ne serait plus qu'une tyrannie organisée; ce serait de tous les gouvernements le plus épouvantable ; ce serait la Convention avec une seule tête. »

Après la dissolution de 1827, il obtint encore un nouveau mandat législatif le 24 novembre, avec 161 voix sur 301 votants et 333 inscrits ; il faillit alors entrer dans le cabinet Martignac comme ministre des finances, et il échoua de même pour la présidence de la Chambre où un premier tour de scrutin lui avait donné la majorité relative de 178 voix. Il paraissait d'ailleurs, vers cette époque, avoir légèrement tempéré la véhémence de son opposition systématique d'autrefois, et il s'était sensiblement rapproché du ministère Villèle.
Après la chute du ministère, en août 1829, le prince Jules de Polignac, appelé à recueillir sa succession, confia au comte de La Bourdonnaye le portefeuille de l'Intérieur. « Il faut bien essayer, aurait dit à ce propos Charles X, de ces gens qui se plaignent toujours ! » Sa présence dans le cabinet causa une émotion profonde. La presse libérale l'accueillit par des manifestations peu équivoques, et le Journal des Débats, rappelant que La Bourdonnaye représentait « la faction de 1815, avec ses amnisties meurtrières, ses lois de proscription, sa clientèle de massacreurs méridionaux », ajouta : « Pressez , tordez ce ministère, il n'en dégoutte qu'humiliations, malheurs et dangers. » (L'article était d'un jeune rédacteur appelé Saint-Marc Girardin.) Au surplus, La Bourdonnaye ne resta pas longtemps aux affaires. Après avoir réglementé la boucherie de Paris, et pris différentes dispositions relatives à l'Ecole de médecine, à l'Ecole des Chartes, etc., il donna sa démission le 8 novembre, au moment où M. de Polignac venait d'être nommé président du conseil des ministres, afin de reprendre sa liberté, et désirant, comme il le dit, « ne jouer sa tête, que s'il tenait au moins les cartes. »

Une ordonnance royale le nomma ministre d'Etat et membre du conseil privé. Le 27 janvier 1830, il fut élevé à la pairie, six mois avant la révolution qui devait mettre fin à sa carrière politique. Il se retira, après les journées de Juillet, dans son château de Mésangeau.